Je vais vous compter une histoire du bout du monde. Direction l’Ecosse de l’hémisphère sud : La Tasmanie
Revenant d’une randonnée sur le mont Ossa situé au centre de cette ile de l’antarctique, nous nous posons sur le bord de la bien nommée Travellers Rest River pour profiter d’un moment de repos. En allumant le feu de bois nous faisons le point sur la journée : la similitude avec l’Ecosse est flagrante : les moutons, la flore, les tourbières, les montagnes … on s’y croirait. On conduit même à gauche ici ! Où que l’on se trouve, l’Ecosse vous rattrape toujours !
Assis au bord de la rivière, en train de préparer le feu qui nous permettra de passer une bonne soirée, un bruissement à coté de nous. Surgi d’un fourré, un espèce de gros rat/chien ! Un diable de Tasmanie que nous venons de déranger ! Nous ne bougeons pas ne sachant pas comment réagi cet animal si énervé dans les Looney Tunes. A notre grande surprise il nous regarde puis s’en va paisiblement sans faire le moindre bruit ! On est loin du Taz qu’on aurait cru rencontrer !
Un peu plus tard, réchauffés par la douceur australe du mois de janvier et alors que notre feu crépite et que nous préparons une magnifique côte de bœuf, nous regrettons de ne pas être encore passés à Hobart pour nous approvisionner chez Lark ! La soirée aurait été parfaite.
Histoire de faire local et de nous dégouter encore plus de ne pas avoir de quoi trinquer, nous entonnons la chanson run by night de Midnight Oil : « I’m on the whiskey flying, and i’ll run by night… » à la guitare sèche.
C’est à ce moment-là qu’un pêcheur à la mouche surgit du lit de la rivière tenant dans sa main trois magnifiques truites arc en ciel. Il nous fait signe de la main et sort de l’eau pour nous rejoindre. Quand nous l’invitons à partager la magnifique viande grillée, il se présente nous nous disons que la soirée va peut-être changer : « My name is Bill LARK » !
Alors que nous discutons il se rend compte de nos désarrois : « you have nothing to drink » ? C’est alors qu’il prend son sac à dos et en sort une fine bouteille de whisky de 50 cl. Nos yeux pétillent on est sauvé…ou pas !
Sur l’étiquette on peut lire Lark Distillery, Est. 1992, Single Cask, cask Strength, bottled March 2010 ! Quel programme !! On lit aussi 58° ! S’en sortira-t-on vivant ?
Le liquide que nous sert Bill est légèrement doré ! Il nous explique que lorsqu’il l’a distillé, il a choisi de le faire vieillir dans les quater-cask (50 l) pour lui donner la puissance et le goût du bois.
Au moment où nous nous apprêtons à y plonger le nez, il nous met en garde à cause du degré du liquide. Et effectivement, c’est à pleine puissance que notre nez est attaqué par la force de ce whisky mais avec une précision digne d’un horloger : « I told you ». Nous reprenons notre respiration et replongeons dans le verre. Nous atterrissons dans une menuiserie avec une omniprésence du bois. Le troisième passage nous amène plus vers des notes épicées fruitées et mielleuses.
La puissance du liquide se retrouve bien évidement sur les papilles. Elle est franche et nous rappelle une fois de puis la présence d’un liquide sorti du fût et embouteillé sans eau. Les aromes en bouche sont ceux de fruits, mais également de bois. On peut même retrouver un arrière-goût de caramel. Ce dernier nous laisse perplexe car on se retrouve désormais avec des arômes de bacon fumé. Bill nous explique qu’il a produit son whisky avec de l’orge locale mais à 50 % séchée avec la tourbe de sa propre tourbière Brown Marsh Bog. Tout s’explique.
Une fois englouti, une longueur pas du tout monotone revient dans nos bouches. Elle nous rappelle la fois la force du liquide, mais également la présence dans la menuiserie.
La soirée bat son plein et ce merveilleux whisky tasmanien se marie à merveille avec notre côte de bœuf grillée. Bill nous narre comment il a eu l’idée de créer la première distillerie de Tasmanie en 1992 lors d’une partie de pêche avec son père. Il nous raconte également comment il a réussi à redonner du plaisir aux tasmaniens, en faisant abroger une loi de prohibition datant de 200 ans.
A peine avons-nous le temps de sentir les arômes de miel et de bruyère de notre verre vide que ce dernier est à nouveau remplis de ce beau breuvage.
La soirée se poursuit dans la joie et la bonne humeur sur les airs de Midnight Oil repris en cœur « I’m on the whiskey running, and i’ll run by night… ».
Ce whisky n’est malheureusement plus disponible à la vente….mais j’en ai une bouteille dans mon bar si vous voulez voyager !!
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