Nous voici rendu dans l’Aberdeenshire au nord-est de l’Ecosse.
Après avoir suivi pendant plusieurs heures la Royal Deeside depuis Aberdeen, nous arrivons enfin à proximité du château de Balmoral. Notre objectif se trouve juste à côté, la distillerie qui a reçu le sceau Royal de la reine Victoria en 1848 : ROYAL LOCHNAGAR.
Il nous faut nous écarter légèrement de la rivière et pénétrer dans la forêt pour enfin arriver au détour d’un virage sur un bâtiment en pierres grises avec en son centre un toit pagode. La distillerie était là. Elle était située au bord d’un petit lac et approvisionné par la petite Distillery Burn (qui se jette 500 m plus loin dans le Dee). Face à nous une allée gravillonnée et une porte vitrée floquée de la marque Royale. Un vieil homme était en train de s’occuper des plantes juste au-dessus d’un tonneau peint noté « Royal Lochnagar Distillery est. 1845 » Un petit coin bucolique ou nous allions déguster un whisky mythique.
Notre déception fut d’autant plus grande quand nous nous sommes rendu compte que la porte était fermée. Le jardinier vit notre désarroi et nous dit « vous n’avez pas tout perdu, il y a souvent des bouteilles qui restent dans le donjon du château de BALMORAL.
Nous sommes ainsi partis en direction de la forêt et plus loin du château. A travers bois, le chemin était le plus droit mais certainement pas le plus plat. Heureusement, la distance n’était pas trop longue. Au bout de cinq minutes, un bruit dans un fourré juste à côté de nous. Nous retrouvons nez à nez avec un majestueux cerf à 12 bois qui nous toise un instant avant de repartir plus loin dans la forêt.
Nous arrivons enfin à l’orée du bois face à une magnifique pelouse et un peu plus loin un château : BALMORAL (résidence d’été de la Reine d’Angleterre –NDLR-). Par chance, sur le donjon à droite (certainement celui dont nous a parlé le jardinier) point de drapeau royal donc pas de reine ! La route semblait libre.
Nous nous sommes approchés du château, l’avons contourné par la droite et sommes tombés sur une porte au-dessus de laquelle se trouvait l’écusson de la royauté anglaise avec ses lions et sa harpe. La porte était entrouverte ce qui nous permis de rentrer. A l’intérieur de nombreuses boiseries entouraient un grand escalier. Au mur des dizaines de bois de cerf souvenirs des grandes chasses royales. Dans un coin de la pièce à côté d’une cheminée, une table remplie de bouteilles. Il y en avait deux sortes différentes : des bouteilles de ROYAL LOCHNAGAR 12 ans et des bouteilles de BALMORAL WHISKY. Les deux venaient de distillerie locale. Il n’y avait pas la nouvelle version floquée du cerf de la maison Barathéon de la série Game Of Thrones, mais nous n’étions pas venus pour elle. Nous nous sommes ainsi emparé d’une bouteille de 12 ans d’âge et sommes sorti assez rapidement du vestibule pour ne pas se faire prendre.
A l’extérieur toujours personne (ouf). Nous avons longé le bâtiment, descendu l’escalier de pierre qui faisait face au château et pris la direction du parc en contre-bas.
Le chemin jalonnait d’arbres plus que centenaires, nous a mené sur la rive de la rivière Dee où se trouvaient deux bancs datant eux aussi de plusieurs siècles. C’est, dans ce lieu chargé d’histoire, où certainement la reine Victoria avait médité avant de prendre de grande décisions sur l’avenir du Royaume d’Angleterre, que nous nous sommes installés pour goûter ce whisky.
De manière très noble (royale même), sur la bouteille que nous tenions en main, peu de fioritures. Une simple étiquette en forme d’écusson sur lequel était juste indiqué la provenance des Highlands et l’âge du whisky. En dessous une petite étiquette, elle aussi très sobre, qui rappelait très humblement que la distillerie a été labellisée royale par la Reine Victoria, le Roi Edouard VII et le Roi George V (ni plus ni moins). Dans la bouteille, le liquide avait une belle couleur ambre clair liée à son élevage pendant 12 ans en fût de bourbon en chêne américain.
Au nez, ce whisky faisait bien comprendre que nous étions au beau milieu de Highlands. Pas de fioritures mais une odeur Highlands. Point d’agressivité non plus avec ses 40°. La douceur de l’orge, les odeurs de bois…tout était là. Au second passage du nez, ce whisky s’ouvrait sur un peu plus de suavité avec un fonds de caramel au beurre et un côté plus gras. On pouvait même y trouver quelques notes de fumée ou de torréfaction.
La quiétude de l’endroit, que seul le doux bruit de l’eau et la présence d’un cygne venait troubler, était complément appropriée à la quiétude de ce whisky artisanal (tout étant relatif compte tenu de son appartenance à Diageo), assez méconnu mais faisant pourtant parti des références.
La dégustation confirma le ressenti du nez. En bouche la première impression était douce et légèrement sucrée. Mais assez vite cette douceur laissait la place à un peu plus d’acidité et finissait même au bout de 12 secondes imparties (par l’âge) sur des notes d’agrumes typique d’un whisky des Highlands. Néanmoins, cette légère amertume semblait elle aussi atténuée par des notes de caramel, d’amandes ou de fruits secs.
On sentait, dans ce whisky, la stabilité et l’expérience des années et on comprenait pourquoi, bien que sans fioriture il avait tant plu à la Reine Victoria (en plus d’être juste à côté de son Château d’été) et continuait à plaire à la famille royale d’Angleterre. So British !
Son final était léger et autorisait à y retourner. Il laissait en bouche des notes légèrement sucrées-salées mais également boisées très agréables.
Cette dégustation méritait bien un peu de risques et nous donna envie de poursuivre notre route au milieu des Highlands.
C’est ainsi que nous avons rejoint le village de Bridge of Gairn pour prendre plus au nord la route du whisky.
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