Nous voilà une nouvelle fois de retour sur la perle des Hébrides. Aujourd’hui nous allons nous rendre dans la partie Est en face de l’ile de Jura : Port Askaig.
Le rendez-vous est pris sur place, nous devons retrouver une vieille connaissance : Chris M. dit « My Lord » (le plus écossais de londoniens que nous avions déjà retrouvé dans une précédente aventure !).
Port Askaig est ce qu’on appelle au propre comme au figuré, un vrai port de pêche. C’est la porte d’entrée de l’ile par la mer, mais c’est surtout un village qui se mérite quand on y arrive en vélo par la terre. Quand on voit la descente pour y arriver, on se dit : « j’espère que je ne viens pas ici pour rien » ! Mais je vous rassure ce ne sera pas le cas aujourd’hui !
En attendant My Lord, nous allons nous restaurer au Port Askaig Hôtel. Profitant d’une belle journée écossaise, nous nous posons ensuite devant l’établissement avec un verre de Caol Ila dans ce qui doit être un des plus beaux spots de l’Ile. Je vous la fait court : du soleil, le calme du bord du Sound of Islay, un verre de whisky et en face les deux montagnes de Jura. Que demander de plus ?
Ce moment de calme n’est troublé que par l’arrivée du Misneach un petit bateau de pèche bleu. Notre surprise est grande quand nous voyons à l’avant du bateau notre lord en kilt (telle une figure de proue du plus bel effet !).
Quittant la quiétude de notre table, nous rejoignons le quai à sa rencontre. Chris nous invite à monter à bord en nous disant que la dégustation se fera au milieu du Sound of Islay pour apprécier au mieux le paysage de la côte est de l’ile d’Islay et les Paps of Jura.
Une fois au milieu de la passe, nous allons pouvoir nous lancer dans la dégustation de nos deux Port Askaig, du jour face au village.
Afin de ne pas trop nous embrumer la bouche nous allons commencer par le 8 ans d’Age et finir par le 100° Proof (plus fort en alcool).
Comme toute bonne bouteille de Port Askaig, les deux flacons sont sombres. Ils masquent un liquide couleur or pale lié à un jeune âge et à une finition en fût de chêne américain (Elixir distillers propose également des versions beaucoup plus anciennes de 16, 19, 30 et même 45 ans –NDLR).
Tout sourire dans un roulis léger, Chris s’empare du 8 ans.
Afin d‘optimiser les aromes il nous le verse dans les fameux verres d’Elixir Distillers 1920’s Professional.
Pas besoin de trop approcher le nez pour qu’il soit envahi par une grande fraicheur citronnée, mais également par la douceur de la fumée de tourbe. Dès le premier nez tout est fraicheur et douceur. On sent de suite qu’on est bien cote est d’Islay et qu’on va passer un bon moment !
Le temps de reprendre une bouffée d’air, il faut replonger le nez dans le verre pour y découvrir des arômes iodés (en complète adéquation avec les lieux et l’embarcation sur laquelle nous nous trouvons).
Ah ! Sentir un verre de Port Askaig au large de l’ile d’Islay et du Port en question…
Néanmoins, le mystère de la provenance de ce single malt sans distillerie reste entier. Nous profitons de ce moment pour poser la question à notre hôte. Ce dernier nous dit de profiter du moment et qu’il nous en parlera plus tard.
L’heure est venue de la dégustation ! Les verres s’entrechoquent ! Slainte !
Elle aussi est à la hauteur de nos attentes. La douceur et l’onctuosité d’un vrai whisky tourbé est au rendez-vous. Une note de fruits frais et d’herbes fraichement coupée envahi notre bouche mais vite elle est recouverte par les aromes fumés et la sensation sucrée de tourbe. On ressent une certaine amertume (peut-être citronnée) quand on le garde en bouche un peu plus longtemps.
Cette amertume se dissipe quand on avale le liquide et une douce sensation de douceur reste longtemps en bouche. L’arome sucré se transforme en miel et la fumée reste un bout de temps dans la gorge.
Alors que le roulis du courant du Sound of Islay nous fait nous tenir aux rambardes du bateau, Chris nous sert le second verre.
Le second whisky est lui aussi d’une couleur or très clair même très pale. Mais que l’on ne s’y trompe pas les style « natural color » masquent souvent leurs jeux et quand on plonge le nez dans le verre, c’est pour prendre de plein fouet des arômes puissants.
Bien entendu la première force de l’arome provient du degré du liquide, 57,1 ° (ce qui en ramenant en unité de mesure américaine se mesure à 100 ° proof -NDLR-).
Néanmoins, quand le nez s’habitue à cette puissance, il découvre un bel arome tourbé mélangé à des notes marines d’algues. Un arome frais que l’on retrouve en sortant du verre et en prenant une bouffée d’air sur le pont. En revenant au verre l’arome qui ressort est plus sucré et plus fruitées.
En bouche, ce second Port Askaig est plus végétal que le 8 ans d’âge. Bien entendu, sa forme sortie du fût le rend plus puissant que le précédent mais on s’y habitue assez rapidement et le goût crémeux et épais de la tourbe fait son effet. En le gardant en bouche on découvre des notes sucrées de miel et de prunes. En gardant courageusement le liquide en bouche (57,1 ° quand même !), on y découvre des notes d’agrumes et même de poivre (mais peut-être plus agréables que dans le 8 ans).
Après cet afflue d’expérience en bouche, ce sont les notes tourbées qui restent, comme si on avait avalé une grosse bouffée de fumée.
Nous nous sommes alors retournés vers Chris pour débattre d’un choix à réaliser et le remercier de cette expérience. Personnellement je dirais qu’avec le 8 ans on découvre une belle approche de l’ile d’Islay mais avec le 100 ° proof on s’y installe durablement. Je pencherai plus pour le 100 ° proof du fait de la note plus jeune et un peu plus amère du 8 ans.
Cependant une question continuait à nous tarauder : « mais qui le distille ? » Les aromes ressemblent à un Caol Ila proche mais ce n’est pas cela. Du coup une nouvelle fois nous avons posé la question à notre hôte pour connaitre la réponse.
Il nous regarde et nous dit « en fait c’est la distillerie… » mais à ce moment-là profitant d’un remous il saute magistralement par-dessus bord et nage en direction du port en nous criant « je suis en retard je vous le dirai la prochaine fois ! ».
Décidément la production du Port Askaig restera un mystère ! Si quelqu’un le sait….
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