S’attaquer au BLACK ART en dégustation c’est un peu comme escalader la tour Eiffel par l’extérieur de la face nord (surtout quand ladite dégustation a lieu à Paris). C’est faisable mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus simple. D’autant que les deux monuments en question sont connus de tous et que chacun a son ressenti personnel.
Le fait est je m’y lance sur la toute dernière version le 7.1.
Avant tout comme il faut essayer d’avoir quelques références de dégustation, menons l’enquête. Reprenons tout d’abord l’histoire de ce distillat. Il est âgé de 25 ans (rien que ça) ce qui veut dire qu’il a été distillé en 1994. Or, l’année 1994 correspond également à la fermeture (que l’on sait désormais temporaire puisqu’elle a ré-ouvert en 2001) de la distillerie BRUICHLADDICH.
Nous sommes donc, et ce n’est pas rien, en présence de ce qui est certainement le dernier batch produit par les anciens propriétaires (et donc avec leur savoir-faire – sans remettre en cause le savoir-faire actuelle de BRUICHLADDICH que j’adore par ailleurs). Donc si on s’y réfère ce sera un whisky très peu tourbé (voir pas) mais avec des notes légères (alambic haut) et iodées (cuves de brassage à ciel ouvert en bord de mer).
Une information manque crucialement lors de cette dégustation, c’est le type de fûts utilisés pour le vieillissement. 25 ans c’est déjà beaucoup mais dans quoi ? Le mystère subsiste et n’est connu que du maître distillateur Adam Hannett (au manœuvre pour sa troisième édition du BLACK ART).
C’est ainsi avec un nez et un cerveau vierge de toute référence que je me lance.
Premier étage de cette tour Eiffel : la couleur du liquide qui coule de cette mystérieuse bouteille noire.
Il est couleur or légèrement foncée presque orangée. S’il y a du xérès se sera que peu (ou du moins pour une durée très courte), donc on peut imaginer une vieillissement bourbon mais que les années (25 quand même) ont assez largement coloré.
Deuxième étage de la Tour Eiffel : le nez
Quand le nez plonge dans le verre, il faut qu’il soit concentré car c’est une folie d’arômes ! On peut sentir un peu l’amertume de l’amende ou d’un fruit à coque (comme la noix fraiche juste décortiquée) mais qui s’arrondi vite pour passer au léger caramel. Au second passage la rondeur reste présente mais sous la forme du sucre de fruits du vergers blancs ou rouges. Enfin, comme on y tient plus mais qu’on n’a pas tout trouvé on replonge une troisième fois le nez dans le verre et on découvre des notes peut être boisées de muscade et de chêne ! Waouh complexe tout ça !!
Aller on se lance ?
Troisième étage de la Tour Eiffel : la bouchez
L’attaque est franche mais elle se meut vite en rondeur avec des notes franchement boisées mélangées à des notes caramélisées. La balade dans la forêt peuplée d’abeilles dure assez longtemps mais se transforme en orange assez nette au bout de quelques secondes. Il revient ensuite sur plus de rondeur et de sucre miellé. Courage, conservez le temps qu’on lui doit au regard de son âge (25 sec) et les agrumes reviendrons au galop sous une forme plus citronnée.
Et si on se faisait la pointe de la Tour Eiffel ?
Les notes finales sont assez particulières mais surtout très longues. On ressent le moelleux du miel en gorge, mais avec un aspect un peu plus âpre que pourrait nous apporter un ananas.
Une chose est certaine, il a mis du temps à sortir de son fût mais il reste longtemps dans les pensées et dans la gorge ! Magnifique je dirai !
Voilà, je pense que j’ai humblement réussi mon ascension de la tour Eiffel par la face nord, mais malheureusement il faut redescendre sur terre et se dire qu’on vient de vivre un moment d’exception qu’on ne pourra malheureusement pas vivre souvent à près de 350 € le plaisir !!
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