Fièrement posée au fonds du loch Harport au centre de l’ile de Skye se trouve la Distillerie TALISKER haut lieu de la tourbe maritime ! D’ailleurs j’en profite pour vous annoncer que le monopole de TALISKER dans les Hébrides n’est plus car depuis 2017, elle fait équipe avec la distillerie ressuscitée de ses cendres TORABHAIG (située plus au sud de l’ile et dont je vous ai déjà fait goûter les deux réalisations ici) et également celle de l'ile voisine de RAASAY (en dégustation ici) .
Mais avant d’y gouter revenons à nos shetland (tranquillement en train de paitre dans les verts pâturages de l’ile). C’est donc face à cette distillerie dont la salle des alambics a été détruite puis reconstruite dans les années soixante que j’ai décidé de vous conduire aujourd’hui.
Le cadre est là. Rajoutez à ça une belle journée ensoleillée comme l’Ecosse nous en propose (si si) et les conditions sont réunies pour une belle dégustation. Aujourd’hui ce sera le TALISKER DISTILLERS EDITION 2019. Ou quand les Hébrides rencontrent la péninsule ibérique.
En effet cette belle version 2019 est, comme tous ces prédécesseurs tout d’abord vieillie en fûts de chêne américain de premier remplissage avant de finir son vieillissement en fût de sherry amoroso de second remplissage.
Pour profiter au maximum de l’ambiance maritime, je vous propose de traverser la route qui longe la distillerie et de vous installer paisiblement sous le grand tertre sur le petit muret face au loch.
Prenons notre bouteille d’un des classiques des classiques (produite régulièrement depuis 1997) multi médaille. Le liquide dans la bouteille est clairement marron et annonce du fruit et de l’épice.
Comme si nous attendions un évènement qui nous ferai déclencher la dégustation nous regardons à travers notre verre en rêvant le marron se fondre entre celui des algues de la plage de galets de la distillerie (à marée basse), le loch et en face de nous les vallons qui drainent l’Allt Fasbadair.
Comme surgissant de nulle part un majestueux fou de bassan fendit le ciel et nous sortit de notre rêve. Le voilà notre signal.
Plongeons le nez dans le verre.
Sorti de notre torpeur nous le sommes assez aisément par une odeur bien prononcée et vive qui vient nous chatouiller les narines. Les premiers arômes à arriver sont très fruités et imprégnés du finish sherry. Vient ensuite des odeurs de vanille comme légèrement poivrée. Le troisième passage met en avant des arômes plus doux et plus agrume. On ne ressent pas réellement les aromes habituels de TALISKER (fumée, légère tourbe et iode). Déconcertant.
Ce n’est que dans la pomme de la main qu’une fois le fruit évaporé on ressent une odeur de cendre froide.
C’est en bouche que le TALISKER se révèle bien être un whisky des Hébrides fabriqué à partir de l’orge tourbée. En effet, il apporte tout d’abord en puissance (malgré ses « 45,8 % ») une tourbe légère qui s’efface rapidement pour laisser place à des fruits rouges. Quand on le garde en bouche il passe par une phase d’arômes maltés sur la langue et sec sur les papilles foliées (les coté de la bouche s’assèchent). Avant de s’engouffre dans la gorge, balade du liquide va devenir plus maritime et poivrée pour nous rappeler encore une fois que nous avons un TALISKER en bouche.
Une fois avalé, il va laisser dans vos souvenirs de longs aromes là amers de chocolat noir, là sec d’eau de mer ou encore là un brin sucré de raisin sec et de réglisse.
Magnifique référence.
C’est à ce moment là que notre ami le fou de bassan repasse devant nous dans l’autre sens poursuivi par de gros nuages noirs ! Il fait beau dans les Hébrides mais il pleut aussi parfois ! Il va être l’heure de rentrer !!
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