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OCTOMORE 10.1 VS OCTOMORE 10.3

 

Quand on s’appelle peatdream.com, on se doute bien qu’on apprécie bien les whiskies tourbés ! Alors quand vient la possibilité de réaliser un comparatif entre deux versions du plus tourbé qui soit !!! C’est sans hésitation.

 

On va se remettre dans le contexte : Avec mon fidèle BRADPEAT vous parcourons la A847 qui contourne la baie du centre de l’ile d’Islay en profitant du beau ciel bleu (si si je vous jure !). Direction le petit village de Port Charlotte (quel beau nom !). Nous passons devant la distillerie BRUICHLADDICH dans le village du même nom sans nous arrêter ! Et oui même si une bonne partie de la fabrication a lieu ici (BRUICHLADDICH, PORT CHARLOTTE et OCTOMORE) notre voyage va se poursuivre jusqu’au village suivant.

 

 

Arrivé dans le « bourg » de Port Charlotte, nous prenons à droite au cimetière, direction l’OCTOMORE FARM (but de notre voyage et lieu de notre dégustation du jour). 

 

Une fois sur place nous pouvons profiter d’une magnifique vue sur la baie (de quoi narguer BOWMORE juste en face !). Mais nous ne sommes quand même pas venus là que pour la vue ? Pourquoi est-on là ? Simplement parce que cette ferme était à l’origine à l'emplacement de la vieille distillerie (jusqu’en 1852 quand même) et surtout parce qu’elle est au milieu des champs d'orge à la base de distillation de certains des OCTOMOREs (notamment le 10.3 que nous allons goûter) et autres ISLAY BARLEY de la marque.

 

 

Notons ici que sur la côte ouest de l’ile d’Islay, les deux distilleries présentent (BRUICHLADDICH et KILKOMAN) sont des distilleries « agricoles » (au large et noble sens du terme) et sont très attachées au terroir, à l’origine et au lieu de culture de leur orge. Concernant celle qui sert à faire l’OCTOMORE, il s’agit de l’orge concerto et elle est séchée à la tourbe selon la méthode secrète de « repasse » de la distillerie qui permet de la charger au plus en composés phénoliques (PPM).

 

Arrivé devant la ferme, notre ami Florian P. (pour l’anonymat –NDLR-) nous attend avec ses deux bouteilles posées sur un tonneau : la première est noire et ne laisse rien transparaitre de son contenu (qui se révèlera être un liquide couleur paille) et la seconde en verre dépoli mais montre un liquide doré.

 

Avant de goûter, voyons un peu à quoi nous avons affaire.

 

Les deux versions ont été mises en bouteille en 2019 après avoir séjourné dans des fûts de whiskey américain (de chez Jim Beam, Buffalo Trace, Heaven Hill et Jack Daniels).

 

Concernant le 10.1, il a été distillé à partir de l’orge dont nous avons déjà parlé mais cultivée dans le nord de l’Ecosse (scottish barley séchée et chargée à la fumée de tourbe à 107 ppm) et a été stocké 5 ans dans les fûts sur l’ile.

 

Pour ce qui est du 10.3, si l’orge est la même, son terroir ne l’est pas, car elle provient exclusivement d’Islay (islay barley cher à la distillerie). Elle sera ensuite séchée et chargée quant à elle à la fumée de tourbe à 114 ppm. Une fois distillé, le liquide lui est resté 6 ans dans les mêmes fûts et sur l’ile également.

 

107 ou 114 ppm, même si c’est avant la distillation, il y a de quoi faire frémir un amateur.

 

Une fois vieilli dans l’entrepôt 16 de la distillerie, le premier distilla a été mis dans 42 000 bouteilles (quand même) à 59,8 %, alors que le second, en moitié de quantité a été embouteillé à 61,3 %. 

 

 

Voilà nous avons connaissance des forces en présence ! Et pour ce qui est des bruts de fût on a ici des bruts de fûts. Justement plongeons allégrement nos nez dans les verres.

Je vais ici diviser la dégustation sur son déroulement sur les deux distillas même si la réalité a plus été réalisée l’un après l’autre (NDLR).

 

Le point commun de ces deux versions est comme souvent avec OCTOMORE, une paradoxale « douceur » (mais attention c’est quand même des OCTOMORE) alors que les degrés annoncés pourraient laisser supposer de la puissance.

 

Coté 10.1, quand le nez plonge dans le verre, il n’est pas directement agressé par l’alcool mais plutôt amené à se « lover » dans un liquide moelleux. De doux arômes de vanille et de caramel avec une pointe de fumée chatouillent les cils. Je ne qualifierai pas la tourbe ressentie de chaude, elle est même plutôt fraiche, marine. C’est au second passage qu’elle se réchauffe apportant avec elle des arômes de fruits murs presque confits. Pour finir, comme pour faire un grand saut olfactif, des arômes céréaliers font une timide apparition.

 

Pour ce qui est du 10.3, le nez fait face à un coté plus « agricole –marin ». Les premiers arômes qui arrivent vont être plus proches de la céréale et du coté terre de la culture. Certes la signature tourbée est bien, là mais on ressentirait presque le côté originel et non séché de la tourbe.  Pour autant, là non plus, point de grosse agression par l’alcool ! Au second passage cette version ressort moins « chaude » que la première. En effet, le nez va trouver des arômes plus marins et plus citronnés avec une présence là aussi plus marquée de la céréale. Ce n’est qu’en insistant et en replongeant le nez une troisième fois dans le verre que des arômes vanillés font leurs apparitions et viennent réchauffer un peu l’ambiance.

 

Masquant un peu son jeu au nez, c’est en bouche que la « bête de tourbe » se révèle comme toujours. Notons ici que de simples gouttes d’eau dans les deux distillas laisseront exploser une fumée de tourbe (que l’on pourrait presque voir à l’œil nu sortir du verre !).

 

Avec le 10.1, l’attaque en bouche est douce comme pour vous laisser croire à un certain confort. Néanmoins cela ne dure pas car la puissance et la gloire arrivent vite : de plein fouet, les 59,8 % se développent accompagnés de leur fumée ! Et quand je parle de fumée, je parle de celle qui reste bien dans tous les interstices de la bouche. Elle va charrier avec elle des notes poivrées, des notes sèches et boisées et termine par des notes de gousse de vanille un peu trop resté dans le fond de la casserole.

 

Concernant le 10.3, l’impression est toute autre. La force de l’alcool est là dès l’entrée en bouche apportant avec elle la fraicheur annoncée par le nez. La tourbe qui arrive un peu plus tard quand dans le version 10.1 est plus maritime (mais bien là je vous rassure). Elle va elle charrier des goûts plus citronnés et boisées (comme quoi un terroir agricole de bord de mer et 1 an de plus en fût change pas mal de choses). Les céréales sont plus présentes que dans le premier distillat mais elles sont accompagnées d’un finish en bouche plus proche d’un léger fruit sucré.  

    

Comme on peut s’en douter (effet tourbe) le finish de ces deux whiskies va être plutôt long et d’ailleurs il sera assez proche.

Dans les deux cas la fumée et la fraicheur marine de la baie de Port Charlotte reste dans le nez, la bouche et la gorge (vous venez quand même de gouter deux OCTOMORE).

 

Néanmoins, dans le cas du 10.1 je dirai que le finish est accompagné d’une douceur de caramel alors que dans le 10.3 nous sommes plus sur du chocolat noir un peu moins sucré et un peu plus épicée.

 

Dans les deux cas également, le verre vide (au grand désespoir) laisse trainer une douceur de céréale (comme si on l’avait rempli de grain de d’orge concerto !).

 

Donc s’il fallait choisir je dirai que les deux valent bien entendu le détour. Soit vous rechercher un peu de chaleur et que vous souhaitez déguster votre OCTOMORE au coin du feu du Port Charlotte hôtel, vous choisirai le premier, mais si vous voulez le déguster face à la mer du haut de l’Octomore Farm (et avez un peu plus d’argent), vous opterez pour le second. 

 

C’est sur cette belle dégustation que je quitte mon hôte et repars avec mon BRADPEAT plus au sud, il paraît qu'il y a des phoques qui se dorent la pilule au soleil sur la plage de Portnahaven! Encore un spot de dégustation à coup sûr ! mais qu'elle ile, quelle ile !!

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