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YOICHI SINGLE MALT

L’avantage des voyages virtuels, c’est qu’ils simplifient les déplacements. Aussi, à peine sorti de la tonnellerie de la Distillerie THE BALVENIE, je remonte à bord de mon fidèle BRAD PEAT et en un claquement de doigt (à la Thanos) me voici propulsé sur l'île d'Hokkaido au nord du Japon ! Quel saut de puce !

 

Et pourquoi me direz-vous ? Et bien juste parceque je m’appelle PEATDREAM et que je veux goûter le seul whisky japonais tourbé qui soit : YOICHI (ici ce sera le YOICHI SINGLE MALT).

 

Me voici rendu dans un coin du Japon qui paradoxalement ressemble beaucoup à mon point de départ. On se croirait en Ecosse mais pourtant nous sommes à 50 km de Sapporo sur les bords de la mer du Japon : de la verdure, des forêts, des tourbières, de l’air marin… Quand je sors de BRAD PEAT, je me rends également compte qu’en plus le fonds de l’air est plutôt frais !

  

 

Sur les bords de la rivière Yoichi dans la ville du même nom (tiens tiens !), je me trouve sur la route 229 en face d’un porche d’entrée en angle qui me donne l’impression d’être devant une forteresse qui semble imprenable. A gauche et à droite, un long bâtiment en pierre. Au-dessus du porche des petites fenêtres qui font penser à de meurtrières. Il y a même des créneaux (un vrai château écossais…encore !). Tout semble ici paisible pendant ce confinement. Comme si le zen japonais était poussé à son extrême ! 

 

 

Nous avons rendez-vous avec le vieux Naoki qui sera notre guide pour la journée. Lui a les clés de cette forteresse imprenable et va nous y guider (et j’espère nous faire déguster de belles choses). On ne peut pas lui donner d’âge, mais aux dires de certains, il aurait travaillé avec le défunt maître des lieux, j’ai nommé le vénérable Masataka Taketsuru.

 

 

Notre hôte nous accueille donc et nous conduit à travers les bâtiments. Une fois passé le porche, pas si infranchissable que ça, nous nous retrouvons devant d’autres bâtiments en pierre aux grands toits rouges. En parcourant les bâtiments restés dans leur jus (à la japonaise bien entendu) de 1934, le vieux Naoki, nous raconte des histoires de grandes heures. Il nous parle de son rôle important et de la confiance que lui portait Taketsuru. En effet, Naoki était responsable de la chauffe dans la distillerie. Il nous parle de l’époque (avant 1970) où la distillerie utilisait de la tourbe des plaines de l’Ishikari pour stopper la germination de son orge (pratique arrêtée depuis avec l’importation de l’orge déjà maltée depuis l’Ecosse). 

 

Naoki nous conduit à travers la distillerie en direction de la wharehouse où il nous a promis la dégustation du single malt, en passant devant la maison de Rita (muse et femme de Taketsuru sans laquelle la fabrication de whisky n’aurait peut-être jamais vu le jour au Japon). 

 

Il nous ramène à l’époque où il avait été décidé de chauffer les alambics en forme d’oignon à la flamme nue (pratique artisanale encore maintenue de nos jours dans la distillerie alors que trop complexe à gérer, elle a été abandonnée depuis longtemps dans les distillerie écossaises) nécessitant un chef de chauffe aux aguets des moindres variations de températures.

 

Il nous raconte enfin que les alambics en questions produisent de whiskies très différents car issus d’orge très variés (très tourbée, peu tourbée, voir pas tourbée du tout) afin de produire une large gamme d’arômes à destination des blends de la marque (au Japon on ne partage pas ses fûts, on créait avec ce que l'on a).

 

 

 

Nous arrivons enfin devant la porte du long wharehouse au son des anecdotes historiques de notre hôte. Parmis celles-ci, il nous dit qu’il a même connu le « king of blenders » reconnaissable sur la bouteille de Nikka Black 8 ans (mais j’y crois qu’à moitié -). Le bâtiment est bas et en terre battue (vu que rien n’est laissé au hasard ici, on ne fait pas que vieillir les fûts à l’air marin on les laisse toucher la terre). 

 

Naoki nous fait part de son inquiétude au regard de la tendance des distilleries japonaises qui face à une demande mondiale croissante auraient tendance à faire soit des whiskies sans référence d’âge, soit à l’inverse des whiskies élitistes et très onéreux (je me rappelle du magnifique NIKKA TAKESTURU 21 ans acheté 100 € par ma femme il y a une dizaine d’année et qui flirte avec les 450 € maintenant !).

 

Exit donc les 10,12,15 et 20 ans (dont la rareté et la courbe des prix aurait une tendance exponentielle) aujourd’hui Naoki nous fera goûter le récent mais déjà assez largement récompensé YOICHI SINGLE MALT (médaille d’argent en 2019 et médaille d’or en 2020 du meilleur single malt japonais sans âge aux World Whiskies Awards).

 

 

C'est donc sur la terre battue que Naoki nous verse un liquide or (que la bouteille légèrement fumée nous avait masqué), et nous présente son invité.

 

Pour les 50 ans de la distillerie sœur Miyagikyo, Nikka a sorti le grand jeu. Sous ce nom des plus basics, il nous propose un whisky réalisé à partir d’un mélange de distillats sortis des alambics depuis 50 ans (on peut cependant supposer les plus récents en plus grande quantité mais c’est juste une pensée personnelle). Quoi qu’il en soit les singles malts qui le composent sont soit passés par des fûts de chêne neuf, soit par des fûts de sherry. Un mélange qui devrait venir donner de la rondeur à ce whisky souvent marin.

 

Voyons.

 

Avant même de rentrer complément dans le verre, le nez est envahi d’une belle odeur de vanille, le préparant à une certaine douceur.

 

Quand il y entre plus franchement, les arômes se font plus frais. Au premier passage ma narine droite détecte les odeurs iodées et fraîches venues de la mer proche. La gauche sera plus de la chaleur et le moelleux du sherry. Un arôme légèrement sherry frais original qui rend la première approche de ce whisky douce et moelleuse.

 

Le second passage relève des notes plus citronnées confites (mélangeant tour à tour l’acidité et le sucre).

 

C’est au troisième passage que la pointe de fumée de tourbe fait furtivement son entrée mais pour se faire vite dépasser le retour d’une pointe de vanille puis par les arômes plus épicés d’un bâton de cannelle.

 

 

Naoki nous lance : « kenkō » signe qu’il est temps de se lancer dans cette dégustation.

 

L’attaque en bouche de ce whisky à 45 % est plus marquée que ce à quoi on pourrait s’attendre. Beaucoup moins sucrée que ce qu’annonçait le nez, elle est marquée par la force et la fraîcheur de l’iode. Elle se pare même d’une pointe d’amertume qui s’arrondie ensuite sur des arômes de fruits murs mais pas trop sucrés. Gardé en bouche, il s’adoucie en gardant un pointe d’amertume sur la langue jusqu’à ce que surgissent des arômes de réglisse et d’anis sur les cotés de la bouche.

 

Une fois avalé, il laisse en bouche des notes citronnées et marines avec une très légère pointe de tourbe. 

 

Malheureusement il est déjà l'heure de partir car il est bientôt temps d'aller faire un tour dans un des sentôs de la ville, avant de repartir pour de nouvelles aventures immobiles.

 

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Commentaires: 1
  • #1

    A secret admirer (lundi, 17 août 2020 11:21)

    Amazing work! Slainte mhath