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Je ne vous avais pas dit, mais après mon passage dans le nord de l’Ecosse à Brora, je me suis arrêté à Alness souhaiter un joyeux anniversaire à Richard PATERSON.
En effet, cela fait désormais 50 ans que « the nose » officie chez WHYTE AND MACKAY (avec entre autres Whyte & Mackay Blended Scotch Whisky, Isle of Jura et Fettercain) mais surtout chez THE DALMORE ici dans les Highlands à Alness sur les rives du Cromarty Firth (juste en face de l’Ile Noire du Capitain Haddock –NDLR-).
J’arrive ainsi dans la distillerie créer par la Alexander Matheson en 1839 dans l’après-midi.
Comme toujours, malgré ses 50 ans de travail, je trouve Richard le nez dans un verre dans le warehouse au milieu de fûts américains, espagnols, portugais et même français ; qui sait peut–être était-il en train de travailler sur la mystérieuse Decade of The Dalmore prévue pour 2021 ?
Autour de lui des noms qui font rêver : González Byass, Graham’s Vintage Port, Domaine Henri Giraud, ou encore des termes comme Apostoles, Amoroso, Matusalem, Pedro Ximenez (PX pour le intimes), Tawny Port … Je lis même Cabernet Sauvignon …
Voyant l’arrivée de ce « french guy », il me propose d’aller faire un tour dans le nouveau centre de visiteurs (complètement remis à neuf à l’occasion des 180 ans de la marque) pour comparer deux versions de 10 ans des séries de small batchs Vintage prévues pour le marché Français : Aujourd’hui ce sera le n°8 The DALMORE 2008 Madeira Finish et le n° 9 The DALMORE 2009 Vintage Sherry Finish. La bataille entre le Portugal insulaire et les fûts de la Mancha espagnole.
Installé confortablement dans une fauteuil club du plus bel effet, il sert deux verres à pieds gravés du cerf à 12 bois (je vous rappelle abattu d’un coup de lance par le chef du clan Mackenzie pour sauver Alexandre III en 1263 –NDLR-).
Deux breuvages d’une belle couleur cuivrée-dorée (peut-être très légèrement plus foncée pour la version 2009).
Alors que déjà, j’ai les yeux qui brille à l’idée de goûter ces deux breuvages, mon hôte prend les verres et en jettes le contenu sur le tapis devant la cheminée (seule manière selon lui de débarrasser le verre de ses impuretés).
Me disant que la dégustation venait de couper court, il reprend les bouteilles pour remplir à nouveau les verres ! Ouf !!!
Il me présente alors les forces en présences :
Côté droit du ring (heu de la table basse) le cerf distillé en 2008 vieilli en fût de bourbon de premier remplissage puis en fût de vin doux naturel de madère.
Côté gauche, le cerf distillé en 2009, vieilli lui aussi en fût de chêne américain ayant contenu du bourbon, puis passé entre les griffes d’un fût de Xéres Oloroso.
Alors comment sont-il ?
A son habitude Richard prend son verre et se lance dans une discussion de politesse avec lui : « hello ! how are you ? Fine thank you ! » pour bien laisser aux effluves le temps de laisser leur empruntes dans le nez.
Concernant le 2008 VINTAGE Madeira Finish : en approchant le nez du verre (et avant de le plonger dedans franchement comme le demande mon hôte), on détecte quelques effluves de fraise des bois. Une fois plongé dedans, on va remarquer une certaine chaleur dans le verre. Au premier passage il apparait d’un côté des notes poivrées et de l’autre des effluves de réglisse. Le temps de reprendre un peu d’air et au second passage c’est l’arrivée d’une belle odeur de poire mure. La troisième fois est plus marquée et avec son petit fumé me fait penser à la pipe que fumait mon grand-père mais en se mélangeant avec une pointe de gingembre et de foin.
La donne va être différente pour le 2009 Vintage Sherry Finish. En effet, toujours avant de plonger franchement le nez dans le verre on peut détecter une très légère odeur de fumée. Une fois qu’il est bien à l’intérieur en revanche, entrainé par un degrés peut être moindre (42,5 % contre 46 %) et une attaque plus franche, on découvre une odeur d’amande légèrement caramélisée. Le second passage confirme la nature plus sucrée que le précèdent avec l’arrivée d’agrumes douces (mandarine). Enfin comme pour le précèdent on va finir cette envolée olfactive sur l’odeur de l’orge mais cette fois-ci accompagnée d’une pointe un peu plus tendue de chocolat noir.
C’est le « slainte mhath » de Richard qui lance la dégustation du premier verre. Comme à son habitude commence une grande discussion avec le distillat : « Mùummum Ummummmme mmhhe umumme mmemm, puis mmuumme mmee mmuuee et enfin au niveau du palais, Ummmmuuumm uumuum umm » !
En bouche, alors que le 2008 Vintage et légèrement plus fort, il est malgré tout léger en bouche. Il dégage en bouche un beau goût de poire bien mure mais enrobé d’une certaine amertume (peut-être lié au fût de vin de Madère). Mais globalement la bouche est moelleuse au début de la dégustation. Au bout de quelques secondes, arrivent quelques notes poivrées sur le devant de la langue (comme si elles avaient laissé aux poires le temps de fanfaronner avant de se montrer). Ces notes poivrées se promènent ensuite en remontant sur le palais. Elles s’estompent ensuite pour laisser la place à une large part de miel.
Une fois avalé le distillat reste longtemps dans les souvenirs avec un peu de sècheresse (fût de vin) mais surtout des arômes de vanille et, dans mon esprit, une très légère fumée de pipe (vous savez celle de mon grand-père).
Le verre vide laisse lui stagner des effluves de foin séché.
Le 2009 Vintage est lui plus doux et moelleux en bouche (ahhh le sherry !! ). Il commence son voyage en bouche par des arômes de noix du limousin. Et comme toute bonne noix, il s’accompagne d’une belle pomme du limousin également. Globalement, il est assez doux. Comme son prédécesseur, il laisse ensuite entrer un peu le piquant du poivre mais de manière moins marquée. Il semblera un peu plus linéaire que ce dernier.
Une fois avalé, la pommes restent en tête mais vont, elles, s’accompagner d’un bâton de réglisse. Il s’avère beaucoup moins sec que le 2008.
Le verre vide sera lui aussi sur le foin mais avec une pointe de vanille.
Au final, me concernant je donnerai peut-être une petite préférence pour le 2009 plus « simple » et peut-être un peu moins tanique. Néanmoins, la version 2008 (lui aussi très bon) a le mérite de faire découvrir un finish peu courant (les finishs portugais étant beaucoup plus souvent sur le Porto que sur le vin doux de Madère tant chéri par Shakespeare).
Le temps de mon hôte étant très précieux, je vais le laisser travailler et en le remerciant vais continuer ma route.
Au revoir sir et encore joyeux anniversaire !
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