Dans la lignée de la dernière dégustation en date qui mettait en comparaison un whisky breton et un whisky alsacien, je vous propose aujourd’hui de rester en France pour aller goûter une des productions (ou éditions dans notre cas) d’un parisien passionné de terroir, j’ai nommé Benjamin KUENTZ.
Nous avons déjà eu l’occasion de goûter une des réalisations de ce sorcier (ou sourcier tant il creuse à la recherche des goût) des temps modernes : « AUX PARTICULES VINES #2 » (ou il avait affiné le gout d’un whisky à coup de Bourgogne).
Je vais laisser souffler mon van BRAD PEAT, fatigué par tous ces voyages virtuels et temporels à travers les pays et je ne vais lui demander que de me faire remonter la plus belle Avenue du monde ! Déjà qu’il y a une pointe de chauvinisme dans mes dégustations de whiskies français, je vais profiter d’être juste à côté de la maison PEATDREAM et de remonter les Champs Élysées sans circulation (du fait du confinement).
J’arrive sur le rond-point Charles De Gaulle sous l’arc de triomphe comme un chef d’Etat, je me permets d’en faire le tour comme un prince et je prends à droite sur l’avenue de Friedland. Ma destination n’est pas loin rue de Chateaubriand : les bureaux de la MAISON BENJAMIN KUENTZ.
Arrivé devant l’immeuble, pas de cheminée avec un toit pagode (remarquez que dans Paris ça aurait été original) mais je suis bien au bon endroit. Et oui La maison n’est pas une distillerie mais c’est un éditeur de whisky.
Comme nous avions pu le voir lors de notre passage à Londres au CHISWICK STUDIOS chez COMPASS BOX, le bureau-laboratoire d’un éditeur de whisky a tout d’un laboratoire de chimiste. Les fûts et les sacs d’orges sont remplacés par des dizaine d’échantillons et des éprouvettes. On dit bien que Benjamin Kuentz est un peu le John Glaser Français.
Donc me voilà dans l’antre de l’alchimiste. L’occasion pour moi de retracer un peu son parcours depuis 2016 année où il a décidé de se lancer dans l’aventure whisky.
A la base une idée pas si saugrenue pour un amateur de whisky…fabriquer le sien. Du coup pour apprendre le métier, il se lance dans un tour de France des distillateurs. Néanmoins, il se rend compte de la diversité des arômes français et se dit qu’il sera difficile de produire encore autre chose de différent (surtout sur Paris). Aussi, il se dit qu’il sera peut-être plus aisé (et surtout plus rapide -NDLR-) de s’allier avec des barons du métier à la production déjà bien éprouver.
De plus ces partenariats devraient lui permettre d’assouvir rapidement son appétit de créations gustatives et de proposer une large gamme.
4 ans après, je ne suis pas certain qu’il pourrait proposer autant de références s’il avait produit lui-même son whisky.
Ecoutez du peu : Le poivré et boisé « FIN DE PARTIE », le frais « (D’UN) VERRE PRINTANIER », les 4 versions viticoles d’ « AUX PARTICULES VINES » (dont nous avions ici goûté la seconde version), le maritime « LE GUIP » et le futur encore plus marin «UISCE DE PROFUNDIS » (vieilli dans la mer), et donc le « AVEUX GOURMANDS » que nous allons goûter aujourd’hui.
Pour être certain d’obtenir des distillats de qualité, Benjamin va s’allier avec deux des plus vieux briscards français, j’ai nommé le lorrain ROZELIEURES et le Breton WARENGHEM. Il va partager avec eux les expériences, les recettes et le vieillissement.
Aujourd’hui, celui qui nous intéresse viendra plutôt de la côte ouest. Le distillat WARENGHEM, donc, a tout d’abord passé un peu de temps en fûts de bourbon puis Benjamin lui a fait faire une séjour d’un an dans un fût de 1er grand cru classé Sauternes du Château Rayne Vigneau pour lui apporter de la densité et de la chaleur.
Qui dit aveux gourmand dit gourmandise ! Aussi, je vais vous proposer un accord met whisky pour la dégustation. Je sors de mon sac un bel éclair caramel au beurre salé-spéculos (il faut toujours avoir un éclair au spéculos sur soi !).
D'ailleurs un conseil allez faire un tour sur le site de BENJAMEMIN KUENTZ il y a beaucoup d'accords sympathiques à y découvrir.
Alors qu’en est-il de cet AVEUX GOURMANDS ?
Je tiens de suite à vous prévenir qu’il ne faut pas se fier à sa belle couleur or clair qui pourrait laisser penser à une fraicheur et non à une grosse chaleur !
Car en effet, ce whisky va aller crescendo dans votre nez. Quand on le plonge dans le verre, il est d’abord assez doux et sucré avec une belle odeur de fruits confits. Insistez sur votre premier passage et le réchauffement s’opère. Votre nez va découvrir des notes puissantes de poivre. Ok je vais vous laisser respirer un peu.
Quand vous y retournez la chaleur est toujours là et une belle odeur de poire bien mure fait son apparition. Elle s’accompagne d’une odeur d’ananas. Au troisième passage l’odeur va être plus sur une noisette torréfiée et sur un caramel au beurre salé (qui nous conduira directement vers mon éclair !!).
Dans la main le distillat est entièrement dédié à l’orge à partir duquel il a été conçu.
Avant de croquer dans votre éclair je vous propose de goûter au distillat brut !
Son goût est, comme attendu, très fruité. Restant sur le fruit mure, il va néanmoins révéler quelques notes salées (surement liées à son origine bretonne) mais également la noisette annoncée au nez. En le gardant en bouche il va venir poivrer la langue et le palais pour ensuite s’adoucir et revenir sur la poire. Il se fait encore plus chaud quand on le garde en bouche (46 % quand même). C’est à ce moment-là qu’on va découvrir l’impact du fût de Sauternes. Il va compléter sa chaleur d’une pointe d’âpreté reconnaissable mais également de belles notes de miel qui annonce la fin de la dégustation. Cependant, surgi de nul-part comme pour se sauver juste avant de descendre dans la gorge apparaît une remontée de pamplemousse.
La final est correct et laisse dans la bouche une gousse de vanille mais également la légère âpreté du fût de vin.
C’est là que va se glisser mon éclair (pas de génie mais de spéculos). Prenez-en une bouchée. Elle va venir vous tapisser votre bouche de caramel, puis une fois avalé, un gorgé de votre « AVEUX GOURMANDS ». Ce sera une explosion de chaleur, sans âpreté, comme si il était resté du Sauternes dans le fût et que ce dernier était venu arrondir l’ensemble. Recommencez jusqu’à plus soif !! Au pire si soif il n’y a plus finissez votre éclair. En tout cas les deux viennent se marier idéalement.
Voilà, je sais suis chauvin, mais quand même comme je le dis toujours, on a peut-être pas inventé le whisky en France (et je ne m’étendrai pas sur cet épineux sujet) mais on a de belles réalisations, et l’Éditeur de whisky BENJAMIN KUENTZ y participe de belle manière.
Bon maintenant que la circulation va revenir sur les Champs-Élysées, je vais peut-être repartir à bord de mon BRADPEAT vers d’autre Champs peut-être un peu plus tourbeux.
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