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Je ne vous ai pas raconté qu’en sortant de la dégustation de BENRIACH et avant de retourner en France, nous avons profité de notre présence (pour laquelle il faudra désormais un visa !!) dans le Speyside pour continuer notre route sur l’A941 et surtout le long de la rivière Spey.
Nous avons fait un petit quart d’heure de route à bord de BRAD PEAT et nous sommes arrivés à une intersection dont le panneau directionnel magique (un de ceux comme sur Islay) fait frémir tout amateur de whisky. Sur la droite des noms comme Aberlour et Craigellachie, sur la droite Knockando et dans notre dos Glen Grant !
Nous avons ainsi pris à droite sur une route de montagne entourée de forêt. Au bout de quelques minutes, sur notre gauche apparaissent deux pierres plantées dans le sol et le panneau de notre destination du jour : The MACALLAN !!
Encore quelques centaines de mètres où notre route est passée à travers un champ d’orge. Nous sommes arrivés enfin sur le site de l’ancienne distillerie (qui a été remplacée depuis deux ans par la distillerie « hobbits » moderne à moitié cachée sous la terre). Aujourd’hui nous n’allons pas revenir faire un tour sur le nouveau site (que nous avions déjà visité en 2018 lors d’une dégustation d’un 12 ans d’age) mais nous allons poursuivre notre route pour gagner le EASTER ELCHIES HOUSE où nous allons goûter le nouveau MACALLAN ESTATE.
Nous avons garé BRAD PEAT dans la cour du manoir et nous sommes dirigés vers l’entrée. Après avoir toqué à la porte c’est un majordome qui nous a ouvert : « bonjour Messieurs, je suis Lewis et je vais vous guider ».
Et nous voilà en train d’arpenter les couloirs de ce manoir en compagnie de Lewis qui nous contait son histoire. Il nous dit qu’il a été construit en 1700 par le capitaine John Grant of Elchie (qui y passait ses vacances et s’adonnait à la pêche au saumon dans la rivière Spey en contrebas).
Lewis nous dit également que 60 ans après sa construction, il fût vendu à la famille Seafield qui en resta propriétaire pendant près de 200 ans. Il nous raconta, enfin, que parmi les différents locataires des lieux il y eu un certain Reid en 1820, et surtout que ce fût lui qui créa la première distillerie officielle des lieux en 1824 (dixit le goulot des bouteilles de la marque même si selon la légende on distillait ici de manière beaucoup plus officieuse depuis de nombreuses années -NDLR).
Au moment où nous arrivions enfin dans la salle à manger où nous allions déguster le ESTATE dans un fauteuil club devant la cheminée et sous le portrait du capitaine John Grant of Elchie, il finit par nous dire que c’est en 1960 que THE MACALLAN devint propriétaire bien qu’en piteux état.
Le décor était planté et nous voilà assis dans des fauteuils qui certainement avaient reçu certainement plus d’un dégustateur de whisky.
Le feu crépitait dans la cheminée et nous avons regardé Lewis solennellement se diriger vers le bar non loin pour en prendre une grosse boite (qui semblait assez lourde d’ailleurs) sombre et la porter sur la table basse devant nous.
Il nous expliqua que le souhait de THE MACALLAN de proposer un whisky de luxe passait par son emballage. De fait, avant même de l’ouvrir et de découvrir son contenu, il nous expliqua que cette pièce de marqueterie était unique à chaque bouteille et faite à la main. Il nous en montra les différentes composantes sensées rappeler les lieux dans lesquels nous nous trouvions. On pouvait notamment y voir des incrustations d’ardoise (d’où le poids). Magnifique cette boite qui a remporté la première place dans la catégorie des boissons de luxe lors des Luxury Packaging Awards à Londres en novembre 2019, mais le contenant ?!!
Il ouvrit la fameuse boite et en sorti la bouteille à la forme reconnaissable avec la mention ESTATE en lettre d’or ! Nous y voilà !
Lewis nous sorti deux beaux glencairns en cristal dignes de recevoir le précieux breuvage à la couleur or sombre presque marron ! En versant le distillat dans nos verres, il nous dit que qu’il a été produit sur une seule semaine (un seul batch) à partir d’orge cultivée ici même (au domaine d'Easter Elchies) et a été assemblé par la Whisky Maker Sarah Burgess avec comme intention de le rendre représentatif des lieux et à l’image du Speyside et qui a choisi de le faire vieillir uniquement en fût de sherry !
Alors comme aurait dit Notre cher Jean de La FONTAINE : « si le ramage se rapporte au plumage ..! »
Voyons voir ce qu’il en est ?
Pour ce qui est de son odeur, il mérite d’être apprivoisé progressivement.
Avant d’enfoncer franchement le nez dans le verre, on va détecter une odeur de miel et de caramel assez sucrée. De loin il n’y a aucune agressivité malgré les 43 % d'alcool.
En revanche la donne est bousculée quand on le plonge franchement dans le verre, car il va s’averer très fruité sans non plus être couvert par trop de sucre. Le vieillissement sherry et là on ne peut pas s’y tromper de manière très fine et sans agressivité. Ce distillat est chaud et va bien avec le feu que nous avons devant nous.
Au second passage le nez détecte un peu de raisin secs puis plus d’agrumes et enfin plus d’épices qui progressivement viennent rafraichir les aromes.
Aller une troisième fois et le tout s’arrondi sur une odeur de miel et surtout de noisette avec en arrière-plan (de manière discrète), comme torréfiée, l’orge dont il est issu.
Aller le moment est solennel (comme a chaque fois que l’on goutte un whisky à plus de 200 €.
A l’instar de son nez, son entrée en bouche se fait sans fracas, nous avons affaire à un whisky très fin mais qui a du pep’s.
Il signe une arrivée sucrée mais qui passe assez rapidement sur une noix mais surtout les arômes de sherry. Il délivre l’âpreté et les épices du fut dans lequel il a vieilli. Les épices (gingembre et poivre) se positionnent et restent sur le bout de la langue (assez longtemps). Un peu plus tard l’âpreté et les raisins du sherry font leur retour avec une pointe de vanille qui vient, elle, rajouter de la chaleur qui semble s’intensifier sur la fin de la dégustation. Le signal d’avaler est donné par l’arrivée d’une pointe de cuire et surtout de cannelle quand il plonge dans la gorge.
La finale est assez longue et largement portée sur des arômes vineux et boisés.
Il n’y a pas nous avons affaire à un whisky classe et complexe qui mérite une grande réflexion au moment de la dégustation et idéalement un feu de cheminée comme nous en avons un aujourd’hui.
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