De retour en France, après notre balade virtuelle en Ecosse, nous prenons directement la direction du sud-est vers le Vercors. Je n’avais pas eu le temps d’en reparler depuis notre dernier passage, mais enfin, après 8 ans de labeur, Anne-Hélène et Eric CORDELLE savourent la venue au monde de leur SINGLE MALT ! 3 ans ça parait rien (et c’est surtout nécessaire pour appeler son distillat whisky) mais quand on sait qu’on a produit quelque chose qui est à la hauteur, on peut clairement imaginer que ça doit être une éternité.
Donc nous voilà de retour dans l’ancienne magnanerie de la vallée de Royans à l’ombre du grand séquoia.
Avant de déguster ce nouveau single malt BIO (en plus !!) nous n’allons pas faire l’article de la distillerie (je l’avais déjà fait lors de ma dernière visite lors de ma dégustation du pur mal tourbé) mais nous allons quand même nous intéresser au deux alambics « endémiques » de la maison. En effet, une des grandes particularités de maison et qu’ici le boulot est fait par Anne-Hélène, Eric (et aussi Paul et Jeanne qui travaillent avec eux) mais également par Nautilus et Belle !
Je m’explique, les deux alambics sont tellement partie prenante de la qualité de la production qu’il ont été baptisés.
Commençons par le plus endémique des deux : NAUTILUS. Il a une grande part dans la spécificité gustative du single malt produit ici. Il est unique au monde et est l’œuvre d’Eric. Tout d’inox paré, il a été fabriqué pour distiller à très basse température (sur la base des alambics produisant des huiles essentielles –une huile essentielle de malt ! Tiens voilà un débouché). En effet, cette dernière ne dépasse pas 50 °C et donc va limiter les évaporations de vapeur d’alcool au plus fines particules mais va demander une distillation plus longue. Ceci-di on sait qu’une distillation lente va forger la complexité d’un single malt…donc on peut que le cœur de chauffe du wash-still de la distillerie du Vercors ne peut contenir que de « belles choses » !
C’est d’ailleurs peut-être pour cela qu’ici le Spirit-Still s’appelle BELLE ! Un peu plus « conventionnel » de style charentais en cuivre, il va bien entendu amener le distillat à sa version finale mais va surtout enlever les potentielles impuretés que n’aurait pas enlevé l’inox.
Tout ça parait simple, mais la formation d’Eric étant dans l’ingénierie, on peut se douter que tout ce long processus (1/2 journée du wash au spirit) a nécessité quelques heures de réflexion. Il n’en empêche que le processus de fabrication du single malt bio SEQUOIA est unique et promet un beau single malt.
Alors qu’en est-il ?
Déjà, avec sa couleur naturelle dorée, le liquide annonce un vieillissement en fût de bourbon (3 ans réglementaires). Néanmoins, il ne laisse rien transparaître du finish en fût (plusieurs fois utilisés) de cognac.
Avant d’enfoncer franchement le nez dans le verre on ressent les effluves de l’orges (bio) avec lequel il est fait.
Ensuite deux options se présentent. Soit on n’arrive à pas attendre et là quand on plonge le nez dans le verre c’est la fougue de la jeunesse qui ressort avec « pleine poire » la fraicheur et le sucré des fruits du verger et une grande empreinte du fût. Poire au sirop, pèche… Il serait presque médical !
Personnellement je vous conseillerai de laisser cette fougue se poser se calmer pour le découvrir. Il n’en restera pas moins fruité mais peut-être un peu moins « poire » ! On peut alors détecter un peut de chaleur de céréales. Ensuite, au second passage, il va se révéler sur des notes de biscuits secs mais avec également une pointe de poivre qui surgie si le nez reste trop curieux. Le troisième passage va être lui chaud et calme sur de belles notes boisées et très légèrement fumées (attention ce n’est pas la version tourbée dont nous avons pu gouter le pur malt).
D’ailleurs, si vous glissez quelques gouttes dans votre main, découvrirez légèrement amplifiés, les mêmes notes fumées et biscuitées.
Bien que jeune, il ressort assez franc et précis. Voyons si c’est la même chose ?
En bouche c’est l’épiphanie (version un peu épicée –NDLR-) ! Ce single malt est pâtissier et fait penser à une belle galette. Il va faire une entrée chaude et sucrée avec malgré tout une pointe d’épice qui vient chatouiller la pointe de la langue, remonte dessus, s’y étale puis repart sur les cotés pour laisser à sa place la frangipane et son gout d’amande. Par la suite, c’est le sucre qui l’emporte avec le sucre du miel. La fin de la dégustation va rester sur une douceur beurrée et pâtissière le tout sur la chaleur.
Comme pour donner le signal de la fin de la dégustation, juste avant d’avaler les fruits du nez font leur retour (comme pour boucler la boucle et vous dire « et oui c’est fini ! »).
Néanmoins une fois avalé les notes qui restent dans la gorge sont épicées et herbacées et d’une durée moyennement longue.
Globalement, bien qu’il soit jeune, je pense que la distillerie du Vercors a bien passé le premier palier. Elle a réussi à produire un single malt déjà très bon et bio en plus. Un peu de vieillissement devrait le rendre un peu moins fougueux. En plus connaissant le goût pour le couple CORDELLE pour les bonnes choses et les expériences, on peut s’attendre, dans l’avenir à avoir de belles dégustations à l’ombre du grand épicéa !
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