Quoi ? Des singles malts aux Etats-Unis ? Et tourbé en plus ? Il n’en faut pas beaucoup plus pour qu’en bon PEATDREAM, je n’ailles pas y faire un tour !
Oui je sais, certains diront, le single malt c’est écossais ! Mais on en produit bien en France alors pourquoi n’en aurait-on pas au pays de l’Oncle Sam de l’autre coté de l’Atlantique !
Me voici donc parti dans mon fidèle BRAD PEAT pour un nouveau saut à travers les fuseaux horaires, direction plein Ouest.
Avant de partir pour l’aventure américaine, je passe chercher dans ses hautes glaces celui qui sera mon guide et que nous appellerons ici Florian Pflieger. Il est responsable commercial pour les spiritueux de la maison Remy Cointreau (propriétaire de WESTLAND depuis 2017) et fin connaisseur de whiskies.
Un claquement de doigts et nous voilà sur la côte Nord-Ouest des Etats-Unis à Seattle pour aller visiter celle par qui le single malt arrive aux Etats-Unis : la distillerie WESTLAND. Aujourd’hui, nous allons goûter son AMERICAN SINGLE MALT PEATED.
En arrivant dans l’Etat de Washington à proximité de la cité d’émeraude, je lui propose de pousser le cliché au maximum (on ne passe pas à Seattle si souvent que ça), et lance un album d’Eddie Vedder afin de nous accompagner dans toute cette découverte. Aussi, je vous propose d’en faire de même en vous connectant sur le merveilleux album (un de mes favoris) Into The Wild.
C’est ainsi au son de « Setting Forth » que nous arrivons au centre de la ville sur les bord de la Baie Elliot au fond de la mer Salish (frontière avec le Canada). Nous ne sommes pas au milieu des champs, mais dans une zone industrielle. Non loin se situe le grand magasin de disque Silver Platters qui arbore une grande image de Chris Cornel ! On est bien à SEATTLE au lieu du rock mondial. Juste à côté de la boutique, un autre grand bâtiment arbore lui, en grosses lettres WESTLAND DISTILLERY ! Nous y sommes.
C’est ici qu’en 2010, Matt Hofmann et Emerson Lamb ont créé la distillerie qui allait mettre un coup de pied dans la fourmilière bourbon whiskey en proposant du single malt (donc 100 % orge maltée comme cela se fait déjà en Europe).
Au moment où « No Ceiling » se lance nous sommes accueilli par le sympathique barbu au look de bucheron : Matt Hofmann. C’est lui que nous allons rencontrer aujourd’hui et qui va nous servir de guide.
Il nous regarde et nous dit « Eddie Vedder, he’s a good guy ! Welcome Seattle ! »
Sans tarder une question nous taraude : Pourquoi faire un single malt alors que dans le nouveau monde, on ne jure que par le Bourbon, le Rye ou toute autre sorte de Whiskey à base de maïs?
En fait, Matt nous explique que cela tient non seulement à la formation qu’il a reçu en faisant son master à l’Université d’Heriot Watt à Edimbourg, mais également au grande similitudes climatiques entre le bord de mer écossais et le bord de mer pacifique nord-américain (dans l'humidité froide et constante). Il nous explique également que la région possède de grandes forêts pour faire de fûts, de grandes étendues de culture de l’orge et bénéfice d’une eau pure et cristalline (Cedar River Watershed) provenant du East Peak à à peine 1 h 30 de route.
Il nous dit enfin, qu’il y a dans le coin de belles tourbières millénaires.
Tous les ingrédients nécessaires pour produire un beau single-malt.
Néanmoins, Matt nous explique qu’avec son confrère, ils n’ont pas seulement voulu produire un single malt écossais aux Etats-Unis, mais, à l’instar de confrères comme la distillerie Saint George (à San-Francisco) ou la distillerie Balcones (à Waco dans le Texas), ils ont voulu créer une nouvelle catégorie de whisky : un SINGLE MALT AMERICAIN.
En nous faisant visité la distillerie, il nous explique qu’il s’attache à utiliser du local au maximum et également à faire preuve de la plus grande traçabilité possible (seule les levures proviennent du plat pays).
A « l’américaine » la distillerie est faite de grands espaces modernes. Équipement dernier cri, matériel rutilant… Matt nous conduit devant ses deux gros bébés, ceux sans sui le distillat WESTLAND n’existerait pas : les alambics.
Chez WESTLAND ce sont deux alambics à colonne qui trônent fièrement au centre du bâtiment et qui produisent de beaux distillats tourbés ou non depuis 10 ans maintenant. Un savoir-faire primé début 2018 aux ICONS OF WHISKY Américain (comme meilleur single malt américain de l’année et meilleur master distiller de l’année pour notre hôte.
Et quand on sait que la distillerie fait 2017 partie d'un grand groupe francais (REMY COINTREAU) et qu'elle vient d’acheter des terres sans pesticide pour produire sa propre orge et même dans le futur proposer des whiskeys bios…. On a pas fini d’entendre parler de WESTLAND.
Parce que non seulement WESTLAND produit du single malt, mais la distillerie produit aussi du single malt TOURBE ce qui fait d’elle une double innovatrice de l’autre côté de l’Atlantique. C’est d’ailleurs le distillat tourbé que nous allons goûter aujourd’hui.
Pour la dégustation, Matt nous accompagne vers la salle de dégustation en passant par les longs alignements de fûts que constituent une partie de son warehouse.
Arrivé sur place, afin de continuer la visite dans de bonnes condition, il nous calle la suite de l’album d’Eddy Vedder. Et c’est sur les son de « Long Night » que nous allons faire la dégustation.
Il nous présente son principal bébé, le WESTLAND AMERICAN SINGLE MALT WHISKEY vieilli dans des fûts de chênes américains (neufs ou déjà éprouvés), des ex-fûts de bourbon, et des ex-fûts de sherry oloroso (de premier et second remplissage).
Mais il nous présente surtout ceux de la gamme HERITAGE (dons nous allons goûter le tourbé) : AMERICAN OAK, SHERRY WOOD et donc PEATED. Ces trois distillats sont produits à partir d’orge torréfiée et sont selon le cas vieilli dans des fûts de Bourbon de premier remplissage ou d’ex fûts de sherry (Oloroso ou PX) mais surtout des fûts de chênes vierges des forêts du nord ouest des Etats-Unis.
Paradoxalement cette gamme qui a fait ses preuves et a positionné WESTLAND comme le précurseur du Américan Single Malt vit sur ses derniers stocks (mais il en reste encore je vous rassure). Désormais Matt nous explique qu’il faudra désormais compter sur la gamme OUTPOST sur laquelle il a parfait ses recettes initiales et avec laquelle il veut assoir définitivement la position de la distillerie.
Cette nouvelle gamme d’aventurier est composée elle aussi de 3 produits qui mettent en avant le savoir-faire de distillation mais également celui de vieillissement. Voyez du peu :
- GARRYANA (le précurseur dans sa 6ème version qui tire son nom d'un chêne de l'Etat de Washington), va mélanger des fûts de PX, des fûts de Calvados (cocorico), des fûts de Brandy américain (raisin) et des fûts de Brandy de Whashington (pomme)
- COLERE (sur lequel il compte beaucoup et qu’il de nous montre fièrement mais qui n’est pas encore disponible ailleurs qu’à Seattle) axe tout sur l’orge et mets plus en arrière-plan le vieillissement en utilisant de fûts plus éprouvés d’ex Bourbon
- SOLUM qui nous intéressera évidement (car tourbé) mais qui patiente tranquillement dans ses fûts.
Bien entendu sur place Matt réserve de belles petites pépites fûts par fûts, mais il faut aller le voir ! On voit également la single malt sorti il y a une semaine pour fêter fièrement les 10 ans de la société.
WESTLAND AMERICAN SINGLE MALT PEATED
Mais, en bon PEAT DREAM qui se doit, c’est celui tourbé que je vais goûter pour vous aujourd’hui.
Alors Matt nous explique que pour l’instant, bien qu’ayant des tourbières dans le coin, le malt tourbé (à 55ppm) qui a été sa base vient d’Ecosse. Néanmoins, cette orge n’est qu’un des composant car il est additionné à un malt local (cultivé dans l’Etat que l'on retrouve dans l'American OAK). Au final, ce distillat ressort avec une tourbe avoisinant 25/30 PPM.
Les deux distillats réunis ont ensuite passé quelques années dans des fûts de chêne vierge mais également d’ex-fûts de bourbon et d’ex-fûts de sherry. Un savant mélange de vieux et de nouveau continent. Vaste programme.
Cet American Single Malt se pare d’une couleur cuivrée or profond.
Qu’en est-il à la dégustation ?
Quand le nez entre dans le verre il va découvrir de belles notes biscuitées et cireuses. Il dégage un grand chaleur de soleil du bord de l’océan pacifique un jour de beau temps.Il dégage également la sucrosité du miel.
Au second passage, une tourbe légère et discrète fait son apparition. Elle s’accompagne d’odeurs d’agrumes sucrées et de fruits tropicaux. En insistant on découvre également quelques épices.
Troisième passage reste très sucré avec une pointe de fruits rouges (oloroso) qui restent tapis derrière le miel et le biscuit qui eux refont leur retour.
Dans le creux de la main on a une très légère odeur de caoutchouc mais on sent surtout l’orge des grandes prairies américaine.
En bouche, la fumée de la tourbe est plus marquée mais les arômes restent sucrés et beurrées. Il est plus frais que le nez. On détecte la tension citronnée des agrumes et légère pointe de poivre. En le conservant en bouche il va déclencher des notes sucrées et miellées.
Ce distillat est très doux et n’agresse pas même si les agrumes et le poivre restent un peu sur les bord de la bouche.
La finale reste sur des notes de fumée, une pointe de texture d’amande et de notes citronnées.
C'est sur ces belles notes fumées venues du "Far West" que nous prennons congés de Matt. Je penses que je vais quand même continuer un petit bout de chemin aux Etats-Unis même si je rencontre d'autre producteurs qui ne font pas du AMERICAN SINGLE MALT.
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