Comment imaginer un 17 mars (et la Saint Patrick) sans faire un passage du côté de l’Irlande.
Aujourd’hui nous allons partir plein ouest ! Si pour le whisky ecossais à sa presqu’ile de Campbeltown, l’Irlande, elle, pour son whiskey a la presqu’Ile de Dingle.
Nous allons découvrir la distillerie DINGLE et goûter le DINGLE SMALL BATCH N°6.
Quand à bord de Brad Peat je rentre dans la ville de Dingle (Daingean Uí Chúis en irlandais) je suis surtout étonné par les couleurs de maisons. Le jaune, le vert, le rose, le rouges… ressort sur le ciel bleu (si si). Aucun moyen de passer dans la ville sans aller faire un tour dans les boutiques diverses et variées. En amateur de musique, je fais un tour notamment dans la boutique Dingle record shop.
Mais ne nous égarons pas je ne suis pas venu ici pour cela.
Si je suis là c’est pour un bâtiment industriel situé dans le quartier de Milltown au fond du port.
Quand je coupe le moteur pétaradant du van, je me retrouve devant un empilement de fûts noircis par la pluie et les embruns et certainement quelques litres de whiskey, surmonté du logo de la distillerie et du nom de cette dernière !
Je repense à ce qu’a pu me raconter Christophe Coldorak (@coldorak) du « Rennes Whisky Club » et du site moredramslessdrama.com et grand connaisseur de la distillerie.
Il m’a raconté que l’histoire de la distillerie avait commencé comme pour le whisky, par une histoire de bière !
Il m’a raconté que c’est en 1983, Oliver Hughes, Liam LaHart et Peter Mosley ouvrent une micro brasserie, Harty’s Brewery à Wicklow au sud de Dublin avec comme objectif de proposer des bières dans un premier temps « normales » mais ensuite de plus en plus décalées sous le nom de Porterhouse brewing. En 1998, leur bière et même élue “meilleur stout du monde”.
En toute logique, en maitrisant la première pierre de la fabrication du whisky, en 2012, Oliver Hughes décide d’ouvrir une distillerie ici en plein Dingle à l'emplacement d’une ancienne scierie.
C’est le début du whiskey DINGLE, et, en 2015, les premiers distillats (produits avec l'eau du puits de la distillerie, l’orge empâtée manuellement et fermentée dans des cuves en bois et distillé trois fois dans des alambics fabriqués sur mesure) sort des premiers fûts de bourbon.
Cette première aventure se devant d’être partagée, les premiers fûts sont revenus à 500 « pères fondateurs (et financeurs) » avec choix laissé à chacun de le sortir du fût quand bon leur semble et pour qui bon leur semble. Chaque fût vieilli sur place porte d’ailleurs le nom de son propriétaire.
Christophe m’a raconté que l’objectif de la distillerie DINGLE était de faire du très bon whiskey afin de sortir du lot des grosses distilleries irlandaises. Il fallait trouver des fûts de toutes origines (nous allons voir que c’est le cas) et surtout embaucher une référence pour assembler le distillat qui allait en sortir (dû-t-elle venir de l’étranger).
ET c’est vers Graham Coull « master distiller » aux commandes du goût depuis 2019 que s’est tourné la distillerie et avec qui j’avais rendez-vous aujourd’hui. L’homme a des allures de rugbymen de l’équipe au trèfle (d’ailleurs plus de l’équipe du chardon car il est écossais) vient m’accueillir devant la distillerie.
Une référence ? bien quand on a travaillé pour William Grant & Sons, été directeur de la distillation chez Glenfiddich, Balvenie et Kininvie, et maître-distillateur à Glen Moray, c’est le moins que l’on puisse dire.
C’est donc en sa compagnie que je visite la distillerie en passant devant les trois alambics et surtout les très nombreux fûts stockés çà et là.
C’est d’ailleurs en cette direction que nous nous rendons afin de gouter le fameux DINGLE SMALL BATCH N°6.
En allant sur place, il me parle de la gamme principale de la distillerie avec des singles malt et des single pot still mais avec des vieillissements assez différents des us et coutumes irlandaises (et assez largement inspiré des single malt écossais).
Bien entendu , il y a la référence DINGLE SINGLE MALT né d’un assemblage de whiskey vieilli en fût de bourbon mais surtout en fût de sherry Pedro Ximenez.
Mais à côté de ce chef de file, on retrouve également une série de Single Pot Still (mélange d’orge maltée et d’orge non maltée).
Ce whiskey est proposé sous la forme de différents batch qui sont l’occasion de voir l’étendu des vieillissements de la distillerie. Le premier de la série a été vieilli uniquement en fût de Pedro Ximenez. Le second vieilli en fût de bourbon, Oloroso & Pedro Ximenez. Le troisième mélangeant des fûts de bourbon et de porto. Enfin le 4ème de la série vieilli en ex-fûts de bourbon et ex-fûts de sherry Oloroso. Chacun étant une palette aromatique bien définie.
C’est le même principe qui a été retenu depuis 2016 pour la série dont nous allons goûter le 6ème exemplaire aujourd’hui.
Avec une gamme dédoublée en une version single malt et une version cask strenght :
Dans l’ordre, il m’explique que l’on retrouve :
- Batch 1 premier de la série, sorti en 2016, vieilli en fûts de Bourbon sorti en single malt Whiskey (46,5 %, 7 500 bouteilles) et en Cask Strength Whiskey (60,7 %, 500 bouteilles) ;
- Batch 2 vieilli en fut de Sherry (Pedro Ximenez et Oloroso) et de Bourbon (single malt et cask strength) ;
- Batch 3 vieilli en fût de Bourbon et de Porto (single malt et cask strength) ;
- Batch 4 Vieilli en fût de bourbon, de xérès et de porto (single malt et cask strength) ;
- Batch 5 vieilli en fût de Bourbon, de Pedro Ximénez et de Madère (single malt et cask strength) ;
- Et enfin le Batch 6 que nous allons goûter qui lui n’a vu que des fûts de porto (single malt et cask strength).
Dégustation Dingle single malt small batch n°6
Et c’est bien un verre de ce batch 6 que me tend Graham. Il contient un distillat à la couleur ambre avec quelques reflets parfois orangés parfois presque roses significatif du vieillissement en fût de porto.
Le nez de ce distillat, titrant 46,5 % ABV, est très sucré et part en douceur sur une confiture d’orange bien sucrée. On devine quelques épices derrière mais très discrets.
Au second passage les épices sont un peu plus présents mais se noient dans la douceur du sucre d’un caramel chaud en relevant un peu le nez du verre. Il dévoile également une caractère boisé.
C’est assez difficile de sentir qu’il s’agit d’un whiskey si ce n’est sur l’arrière-plan qui va être plus céréalier que sur un singe malt écossais
Au troisième passage, il recèle des notes plus boisées et vineuses du fût de Porto Tawny dont il est issu.
Dans le creux de la main, la place est faite aux céréales qui trahissent son origine irlandaise.
L'entrée en bouche est tout d’abord douce et sucrée avec une grosse sensation de fruits rouges bien murs.
Mais cela ne dure pas. Il devient très vif avec des agrumes plus présentes qu’au nez. De même les épices sont beaucoup plus marquées qu’au nez elles aussi. On va être clairement aller vers une sensation de de poivre et de gingembre. Ensuite, le feu se calme se calme et le distillat devient plus épais et même assez pâtissiers. Mais il ne faut pas s’y fier de temps en temps des remontées citronnées viennent vous chatouiller les joues même si globalement la fin de la dégustation est douce.
La descente est vive et laisse des notes boisées dans la gorge. La finale est assez longue avec quelques épices qui rodent et la douceur du miel.
Le verre vide garde les séquelles des épices un premier temps accompagné par fraicheur d’un jus de citron et à la longue va finalement laisser fondre le caramel que le nez avait descellé mais également des arôme de café.
Belle expérience pour la Saint Patrick !
Graham prend une bouteille de ce Batch 6 en version Cask strength et me dit de le conduire à bord de BRAD PEAT pour aller le boire sur la cote escarpée du bout de la péninsule. Il me dit que par beau temps (comme aujourd’hui), avec un verre de ce distillat (titrant lui 60,4 %ABV), on peut presque voir les côtes américaines. Mais ca ce sera une autre histoire !
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