Dans la seconde partie du 18ème siècle, dans une de ses poésies, le barde écossais amateur de whisky ROBERT BURNS écrivait : "Osez être honnête et ne craignez aucun travail. Nous croyons en l'honnêteté, la passion et la progression ».
Vous allez dire « il est reparti dans un de ses cours d’histoire plutôt que de nous parler de whisky » ! Et bien non, si je fais référence à ce grand poète écossais, c’est simplement parce qu’il est intimement lié à la jeune distillerie LOCHLEA dont je vais vous parler aujourd’hui et dont nous allons goûter le déjà célèbre et très recherché : Lochlea Sowing Edition 2021.
Aujourd’hui, je vous amène dans l’autre région du whisky, les LOWLANDS au sud de l’Ecosse plus précisément dans l’Ayshire sur les rives du Firth of Clyde.
Quand vous partez de Glasgow, il vous faudra que 30 minutes pour rejoindre une ferme entourée de champs d’orges au sud de la ville de Kilmarnock. Point blanc entouré de fûts en attente au milieu du vert des champs… une des nouvelles venues d’Ecosse, la distillerie de la Famille McGeoch.
Mais avant de découvrir cette distillerie, revenons à notre cher Robert Burns souvent cité comme référence outre-manche dans le monde du whisky (par son "goût" immodéré pour cette boisson, mais également pour ses activités d'exciseman à la fin du 18ème -Ndlr-) ! Les équipes d'ici ne sont pas peu fiers de clamer que la distillerie LOCHLEA est La seule qui peut s’enorgueillir de le citer comme ancien pensionnaire. En effet, c’est ici (et pas ailleurs), dans celle qu’on appelait alors LOCHLEA FARM, que ce dernier a gagné sa croute pendant 7 ans (entre 1777 et 1784) en travaillant dans les champs. C’est également en ces lieux qu’il a été inspiré pour écrire certains de ses poésies qui ont fait sa renommée. Si ce n’est pas une référence ça. A tel point que la phrase que je vous ai partagé un peu plus haut figure sur le logo de la distillerie.
La distillerie LOCHLEA est très impliquée dans la protection de l’environnement. Il ne suffit de quelques pas pour se retrouver dans les champs qui produisent l’orge Lauréate que les équipes vont distiller dans les deux alambics.
C’est d’ailleurs en l’honneur des cultures agricoles qu'a été lancé la série limitée dont nous allons goûter la première expression aujourd’hui (sa traduction signifie semis quand même !).
L'ancienne porcherie abrite désormais la cuve d’empattage, les 6 washbacks (où le liquide peut rester de 68 à 112 heures) et les deux alambics dodus. Comme dans de nombreuses distilleries, les deux alambics ne se cachent pas et regardent pousser l’orge dont ils feront bientôt bouillir les jus (ici, pas de mystère, l’orge voie clairement où et comment elle va finir ! Ndlr).
Les anciennes étables renferment désormais le trésor de la distillerie les fûts : les 3 entrepôts de stockage.
Les installations ont été pensées, au lancement de l’activité en 2017, par Malcolm Rennie (qui avait auparavant travaillé chez Ardbeg, Kilchoman et Bruichladdich).
Mais sont rôle était plus lié au démarrage de la distillerie car, désormais, elle est dirigée par une autre pointure du whisky : John Campbell (emblématique manager de Laphroaig). Et quand on pense que le whisky d’ici n’est pas tourbé (ndlr) !!
Les warehouses recèlent toutes sortes de fûts : d’anciens fûts de bourbon (flanquées d’un Maker’s Mark sur leurs fonds), des fûts de sherry venus de Jerez, des fûts sur lesquels on devine le nom Laphroaig et même des fûts Français de Cabernet Sauvignon.
Dégustation du LOCHLEA SOWING EDITION
Passons à la découverte de notre SOWING Edition et surtout à sa dégustation.
Rappelons avant tout que la distillerie est récente et que c’est en partie pour cela que les premières productions ont été très vites classées dans les « raretés whisky ». Peu nombreux sont en effet, ceux qui peuvent dire « j’ai gouté au LOCHLEA FIRST RELEASE » sorti fin 2021 (rappelons quand même, ici, que la distillerie ne produit que depuis 2018).
Néanmoins, les choses sont en passe de changer, car le mois de juillet 2022, verra la venue d’un nouveau LOCHEA OUR BARLEY qui lui sera régulier.
Mais revenons à notre dégustation du jour. Elle fait partie d’une série limitée (qui pourrait certainement avoir une belle vie annuelle a en ravir les collectionneurs) de whiskies saisonniers édités au fil des travaux des champs de la ferme LOCHLEA.
En toute logique il est le premier de la gamme et est sorti au moment des semis (SOWING en anglais dans le texte). Sa couleur or profond avec des reflets cuivre ne fait aucun doute sur le vieillissement qui a été le sien : un peu plus de 3 ans passés en ex-fût de bourbon (commençons par la base !).
La distillerie ne devrait pas en rester là car au fil des actions dans les champs, 3 petits frères feront leurs venues :
- HARVEST Edition au moment de la récolte de l’orge, qui vieilli actuellement pour partie dans des fûts de Porto ;
- FALLOW Edition au moment de la mise en jachère des champs en fin d’année avec là un tour en Espagne avec un vieillissement en fût de Sherry Oloroso
- PLOUGHING Edition qui lui sortira en hiver en toute logique au moment des labours et qui nous promet une pointe de tourbe avec un vieillissement en ex-fûts de Laphroaig.
Tout un programme que j’espère vous partager prochainement.
Plongeons le nez dans le verre !
Le premier nez montre une grande fraicheur mais également des notes fruitées de pèche et de poire bien mure. On peut également relever une pointe poivrée ainsi que l’orge du champ d’à côté.
Le second passage va basculer sur un biscuit vanillé et plus de chaleur. Personnellement je lui détecte même peut-être une pointe de framboise (assez surprenante d’ailleurs)
Le 3ème passage va se charger en agrumes et en épices (qui vient chatouiller la narine) et révèle une légère pointe anisée.
Dans la paume de la main c’est clairement le champ situé à côté de la distillerie qui se révèle mais on peut néanmoins lui trouver une pointe de fruit.
On est ici clairement dans le monde la douceur. Une distillerie située à à peine 1h de route au sud également dans les Lowlands mais un peu plus tournée vers la tourbe (pour laquelle je vous ai déjà fait une dégustation ici) parlerait de SPPM (Sweet Part Par Million). Je pense qu’on pourrait ici les mesurer !
Pour autant pour un whisky aussi jeune il fait déjà état d’une certaine complexité et est même assez doux en alcool malgré ses 48 % de vol.
Goûtons !
Il entre en bouche tout en douceur et avec chaleur. Une pointe d’épice (poivre et gingembre) se révèle ensuite assez vite et monte de plus en plus dans la bouche, allant jusqu’à la submerger. Néanmoins, il reste crémeux et épais et assez contenu en terme de puissance. On peut lui trouver un côté un peu boisé âpre (qui vient juste démasquer son jeune âge) mais le tout sur des notes très douces. Les épices sont accrochées à la langue toute la dégustation.
Quand il descend dans la gorge, il a une finale assez longue d’abord sur une note d’agrume mais vite sur des notes clairement fût de bourbon. Ses 48 % semblent se révéler dans le ventre en relâchant une certaine chaleur.
Je trouve que pour un « presque premier » jet, ce whisky fait preuve d’une belle maturité. On sent bien que la patte d’un expert est passée par là (à notre grande joie !).
On entend ça et là que la distillerie envisage en vieillissant là de proposer des whiskies avec indication d’âge (mais ce sera pour plus tard…rendez-vous est pris).
En France si vous souhaitez faire l’expérience de la douceur des Lowlands il vous faudra garder un œil sur le site DUGAS CLUB EXPERT (directement ici) pour arriver à mettre la main sur une des prochaines bouteilles de LOCHLEA ou alors vous rendre au salon DUGAS du Carreau du temple à Paris en Septembre (quelque chose me dit qu’il y aura un stand LOCHLEA !)
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