Dernièrement j'étais en compagnie de Cathy Mutis (@cathymutis – Brand ambassador de la marque Sexton) dans un bar sombre d'une rue parisienne à l’occasion d’une soirée 'Own The Night'.
Elle était en train de me préparer un cocktail Résurrection dont elle a le secret. Elle venait de glisser des rondelles de concombre, des feuilles de menthe et du jus d'aloe Vera dans le shaker. Elle y a ensuite mis une bonne dose de single malt irlandais Sexton.
Alors qu'elle s'apprêtait à se lancer dans un shake énergique, elle m'a demandé si je connaissais l’histoire extraordinaire de ce whiskey venu d’Irlande du Nord ?
Toujours avide d’aventures, je ne demandais qu’à la connaitre.
Elle m’a fait son grand sourire et m’a expliqué que si je voulais la découvrir, il fallait que j’aille dans le comté d’Antrim en Irlande du Nord sur les traces du géant Fionn Mac Cumhaill et sa chaussée des Géants qui reliait jadis l'Irlande du Nord à l île de Mull en Ecosse.
Vous savez bien qu’il en faut moins que ça pour me lancer dans une aventure.
J'ai quand même pris le temps de savourer son délicieux cocktail vert bien frais.
Au moment de partir, elle me dit de passer faire un tour du côté de Old Bushmills, car il existe un lien étroit entre la distillerie nord irlandaise et ce single malt (il sort de ses alambics!).
Me voici donc parti en direction de l’Ulster à bord de mon brave Bradpeat.
Alors que l’autoradio braillait "The songs remains the same" de l’album House of the holy de « Ledzep » histoire de me mettre en condition (non que le groupe soit irlandais mais simplement car c’est la chaussée de Géants qui est choisi comme cadre pour la pochette), je suis arrivé dans la ville de Bushmills face à la distillerie du même nom.
Difficile de la louper car c'etait écrit en grosses lettres sur le toit : "OLD BUSHMILL'S" DISTILLERY !
J'ai eu a de nombreuses reprises l'occasion de passer des soirées formidables avec mes frères partis (Titi et Steph) à disserter sur un black bush, mais je n' ai jamais eu celle de vous proposer une dégustation de ce vieil irlandais (mais je pense que je pourrais y remédier bientôt).
Aujourd'hui je suis venu pour le Sexton.
Dans la cours de la distillerie, je rencontre une jeune femme et je lui explique les raisons de ma venue (Cathy, Sexton, la chaussée ...).
Elle sourit et me dit que je tombe bien car elle s'appelle Alex Thomas (@bushmillssextonalex), la grande maîtresse des goûts de la distillerie (et la créatrice de Sexton) depuis de nombreuses années déjà.
Je me suis excusé de ne pas l’avoir reconnue. Elle fait quand même partie de ces femmes qui sont en train de donner des coups de pieds dans le monde du whiskey (et whisky) avec de créations originales. Pour sa part, je ne parlerai ici que de ses dernières créations proposant un jus irlandais triplement distillés (comme toujours) mais glissés pour la gamme Causeway dans des fûts de Vermouth ou de Pomerol par exemple.
Elle m’explique que pour sa création, le Sexton, elle a décidé de glisser un distillat BUSHMILL issu d’une orge 100 % Irlandaise (venant de du sud-est du pays à Wexford et Tipperary), pendant 4 ans, dans des fûts de chêne européens venants de France.
Mais bien entendu pas n’importe quels fûts. Ils ont été assaisonnés pendant 2 ans en Espagne au Sherry Oloroso par la famille Antonio Paez Lobato, puis ramené sur les terres irlandaises pour accueillir de premiers distillats BUSHMILL. Ensuite, ayant bien travaillé (en second et troisième remplissage pour plus de douceur d’oloroso), ils ont accueilli celui qui allait remplir les bouteilles noires.
Elle me dit que le meilleur endroit pour le déguster était situé à quelques miles au nord de la distillerie, sur la côte. Ce lieu se trouvait au pied de ce qui était jadis (selon la légende) une des bases du pont qui reliait l’île irlandaise à sa sœur écossaise : la chaussée des Géants. Nous y voilà !
En me conduisant sur place à bord du van, alors que la nuit commençait à tomber sur la côte nord irlandaise, elle me dit que c’était le meilleur moment pour le déguster ici, sur les cheminées basaltiques de la chaussée des Géants.
Elle a sorti la bouteille noire hexagonale et l’a posé sur une d’elle. En toute logique elle se fondait aisément au décor fantasmagorique des lieux, comme si elle était, elle-même, venue d’une fusion basaltique.
Elle s'est également décidée à me raconter la genèse de son whiskey.
Mrs Thomas a voulu proposer un whisky différent de ce que fait la distillerie vieille de plus de 400 ans (qui en fait d’ailleurs la plus vieille du monde) et rendre hommage au passage entre la vie et la mort et au dernier personnage en charge de la préparation de cet instant : le sacristain ou SEXTON (vous savez le fossoyeur d'antan avec son haut de forme et son sourire...absent) en charge du cimetière situé le long de la rivière Bush.
Elle l’a voulu comme la bouteille que les vieux irlandais gardaient au fond du placard et qu'ils ne sortaient que lorsque l’un d’eux passait dans l’autre monde !
Au moment où nous allions enfin le goûter (je sais que vous n’en pouvez plus), elle m’a conté l’histoire pour laquelle j'étais aussi venu ici.
La bataille (avortée) entre Fionn Mac Cumhaill (l irlandais) et Benandonner (l’écossais). J’avais d’ailleurs déjà eu l’occasion de vous parler de ce dernier lors de la dégustation du Arran Machrie Moor (ici).
Attention digression volontaire à la dégustation :
Je vais vous la faire courte mais comme pour la bataille de la création du whisky ou whiskey, les 2 géants entretenaient une rivalité sans limite, et se lançaient de nombreuses insultes (que je tairai ici mais certainement liées à la paternité du whisky) et se cherchaient des poux.
Un jour, le géant écossais va trop loin : il insulte la femme de Finn MacCool. Ce dernier décide de construire un pont entre les deux îles pour aller en découdre (la fameuse chaussée).
Mais c'était sans compter que de loin, il voulait lui expliquer comment il fallait parler à son épouse, mais qu’une fois traversé, il s’est rendu compte que l’écossais était quand même vraiment deux fois plus barraque que lui.
Courageux, mais pas téméraire, il est donc revenu chez lui et en a parlé à sa femme.
Le problème c’est qu’il avait un peu chauffé l’écossais et que maintenant c’était lui qui aller venir lui expliquait sa vision (par la fameuse chaussée!).
La femme de Fin était rusée et a déguisé son mari en nourrisson. Quand Benandonner est arrivé à leur maison et a vu le « bébé », il a pris peur. Il se dit que si l’enfant est de cette taille, il préfère ne pas rencontrer le père, et il est reparti la…..comme on dit !
Il est retourné en Ecosse mais a pris soin de détruire la chaussée pour éviter que le père du bébé () ne vienne le voir (pour l’obliger à boire du whiskey ou le taper on ne sait pas trop car la légende est floue à ce niveau !).
Note de dégustation du SEXTON
Bon ce n' est pas tout mais il faut bien le goûter ce whiskey SEXTON.
Bien que le soir se couche, il reste encore assez de clarté pour voir que le liquide qui coule dans mon verre est d’une couleur marron ambrée presque acajou, montrant que même après plusieurs passage un fût de xeres oloroso continue à foncer le distillat.
Le premier nez est celui d’un whiskey sans trop se tromper avec des effluves d’orange. Néanmoins, en insistant et en plongeant le nez plus en profondeur, il s’avère plus sucré sur le raisin sec et surtout plus épicé.
Les épices sont encore plus renforcés au second passage avec des arômes qui se réchauffent et font oublier les « seulement » 40 % d’alcool. Alors que l’air ambiant de la côte nord irlandaise tend à se rafraichir, l’ambiance chaude du verre va apporter des odeurs de chocolat et de vanille.
Paradoxalement, comme si il lâchait prise face à l'air marin de la chaussée des Géants, le troisième passage va devenir plus mentholé et frais. Il conserve néanmoins les épices qui ont rythmés la dégustation.
Cette fraicheur serait-elle annonciatrice de l’arrivée du Sexton dans les parages ? Je n’en sait rien mais une chose est certaine c’est qu’elle donne le go de la dégustation et du passage en bouche.
Très sucré en entrée en bouche (un sirop), il va ensuite se charger en notes boisées (légèrement astringentes) et de plus en plus en notes épicées.
Pour autant les piques poivrées restent assez limitées et tendent à se faire ensuite oublier. On pourra noter une pointe fruits rouges liée au xérès.
En revanche, sur la fin il va devenir biscuité et mielleux et surtout va retrouver sa nature irlandaise.
La finale est très fruitée avec des notes exotiques. On va commencer par la mangue au début et d’ananas et même la coco.
Le verre vide dégage des arômes de chocolat et en arrière-plan, une pointe d’orge.
La dégustation terminée, il est remps de continuer ma route vers de nouvelles aventures. Heureusement aucune trace de squelette en haut de forme ni de géant déguisé en bébé (je m'en tire pas trop mal).
Si vous souhaitez goûter au SEXTON nature ou dans ses versions cocktail à la rentrée, je vous conseille de faire un tour du côté de la Cocktail Street du Whisky Live de Paris, je suis certain que vous reconnaitrez Cathy et que vous vous délecterez de ses cocktail !
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