J’étais tranquillement installé dans mon fauteuil club, en train de déguster un verre de Sant Erwan 2018 (que j’avais eu l’occasion de vous faire découvrir ici) et de lire des commentaires dithyrambiques du grand Serge Valentin sur le whisky Kornog quand mon téléphone a vibré.
Je venais de recevoir un message mystérieux en breton dans le texte qui disait : "Deus em strilherezh, un drouiz hud on-me hag emaon o vont da zisplegañ dit penaos e ran ma eliksir taouarc'h!". N’étant pas complètement adepte de cette belle langue celte, je me suis rué sur un traducteur et j’ai pu comprendre le message.
Il disait "viens dans ma distillerie, je suis druide Aël et je vais t expliquer comment je fabrique mon élixir tourbé !".
De là à dire qu’il se passe des choses quand on boit un verre de SANT ERWAN !!
En tout cas, si vous avez l’habitude de me lire, vous savez qu’il n’en fait pas plus pour réveiller BRAD PEAT et le lancer à la découverte de la France.
Sur le message l’adresse indiquait un endroit connu dans les Côte d'Armor et déjà vu lors de précédentes balades mais le nom ne correspondait pas. CELTIC WHISKY DISTILLERIE ! J’avais déjà fait vrombir le moteur de mon van dans cette région, mais le nom qui me revenait était GLANN AR MOR ?!
Pour autant les whiskies à déguster avaient le même nom KORNOG ! Il fallait que je creuse.
En revanche le détecteur de tourbe de BRAD PEAT lui s’était activé et je savais qu’en Bretagne j’en trouverai.
En avant pour la découverte de la CELTIC WHISKY DISTILLERIE et son KORNOG !
En arrivant à la pointe de Pen Lan au bout de la presqu’île face à l’île de Bréhat, je la reconnu directement !
C’était bien le bâtiment à la façade rouge que je vous avais fait découvrir pendant la terreur « convidée » (voir ici la dégustation du KORNOG SHERRY CASK). Mais effectivement elle avait changé de nom. On pouvait lire CELTIC WHISKY DISTILLERIE en lettres argentées.
Malheureusement, une nouvelle fois, j’ai trouvé portes closes ! C’est plus la Covid pourtant ??
Je me suis rendu alors compte que sur le parking était garé un camion chargé de sacs d’orge ! Je me suis approché du chauffeur qui était au téléphone. Je lui ai fait part de mon désarroi d’avoir une nouvelle fois trouvé la distillerie fermée. Mais ce dernier me dit qu’il se trouvé dans la même situation que moi, mais qu’il venait d’avoir Aël, le responsable, et qu’en fait, il fallait se rendre un peu plus au nord sur la presqu’ile pour trouver le cœur de la distillerie.
Le bâtiment au bardage rouge n’était en fait que le chai de vieillissement de la distillerie et son centre visiteur – boutique.
Je suis ainsi reparti en suivant le camion vers un lieux plus secret (dont le nom se doit de rester aussi secret que la recette qui fait du whisky de la maison une des références tourbées françaises.
C’est au bout d’à peine 10 minutes que nous sommes arrivés au bout d’un chemin sur la côte nord de Pleubian et nous avons enfin fait la connaissance d’Aël GUEGAN le maître des lieux.
Mais comme tout à un prix, avant que je puisse en savoir plus sur la distillerie, il a fallu passer aux grandes manœuvres pour pouvoir faire rentrer le camion d’orge dans l’accès à la cour biscornue de la distillerie !
Une fois fait, j’ai pu enfin découvrir le lieu où est produit un des meilleurs whiskys tourbé français (parole de peatdream).
Comme il n’était pas question de commencer par le commencement, Aël m’a conduit tout d’abord à l’extérieur du corps de ferme. Nous n’étions pas là que pour voir la mer (qui n’était qu’à quelques centaines de mètres de là, mais pour découvrir les deux condenseurs en chêne. Il me dit que l'eau dont ils sont remplis et surtout qui sert au brassage du mash de distillation, vient directement de dessous la distillerie (et c’est notamment pour cela qu’elle reste à cet endroit).
Découvrir les deux alambics était désormais un jeu d’enfant. Il suffisait de suivre les tuyaux qui partaient vers le mur.
Nous sommes ainsi rentrés dans ce qu’on vraiment appeler une distillerie au sens noble du terme. Un bâtiment de pierre bretonne aux volets bleus, une seule pièce abritant tous le processus.
J’ai pu ainsi découvrir une cuve de brassage inox et quatre fermenteurs en pin d'Oregon, et avec une superbe vue mer, les deux alambics pot still noircis par les flammes qui leur chauffent le séant (car ici on chauffe à la flamme naturelle).
Aël en profite pour me dire que le matériel est installé ici depuis 2005 et la création de la distillerie par le couple DONNAY (NDLR-) et n’a de cesse que produire des distillats tourbés ou non !
D’ailleurs, il en profite pour me parler de la gamme. Elle est simple mais efficace. Un whisky non tourbé le GLANN AR MOR (vieilli en fût de bourbon) et ses arômes mielleux, fruités et légèrement salés. Un second référencé comme un des meilleur tourbé de France le KORNOG et ses 50 PPM (proposé sous différents finishs tous meilleurs les uns que les autres (parole de PEATDREAM et pour lequel j’ai déjà pu vous faire gouter la version OLOROSO ici). On trouve également un Blend le GWALARN.
Je n’oserai oublier l’annuel SANT ERWAN whisky tourbé et brut destiné à laisser un marin debout même en pleine tempête (dont j’ai pu vous faire découvrir ici la version 2018).
Aël me demande si je souhaite goûter le KORNOG ? Ah moi PEATDREAM ! Mais bien entendu. Mais pour cela il me propose de revenir à mon point d’arriver, au bout de la presqu’ile de Pen Lan, car c’est là-bas que dorment les fûts avant d’être mis en bouteille (dans une ligne flambant neuve).
Arrivé sur place nous sommes donc passé dans l’arrière-boutique du centre visiteur pour découvrir les gisants en bois dans leur chai humide. Face à nous des fûts de bourbon bien entendu, mais également des fûts de sherry Oloroso et même des fûts de vin blancs (Sauternes, Layon) et d’autres de Cognac (de quoi proposer de beaux single cask).
Note de dégustation KORNOG
C'est ainsi une bouteille de KORNOG vieilli à la celte dans un fût de bourbon que me propose de goûter Aël. Elle contenait un liquide couleur or marqué virant sur le cuivré.
C'est avec fébrilité du sentiment d'être au bon endroit au bon moment (et repensant aux mots de Monsieur Serge) que je plonge alors le nez dans le verre.
Ainsi, j'ai découvert un nez chaud et moelleux. Pas de tourbe puissante mais plus de subtilité. Des notes très fruités de pommes bien mure, d’ananas rôtis caramélisé sur un fond de tension iodée. On pouvait lui trouver des arômes cireux.
C'est au second passage que la tourbe annoncée se révèle avec une belle odeur de fumée. Elle est accompagnée d’épices
Tel un marin , je replonge une troisième fois le nez dans le verre et restant sur des notes tourbées maritimes je les découvris alors contrebalancées par un mélange d’orange et de vanille.
Comme il se devrait avec tout bon whisky tourbé, j'en verse dans le creux de main. Départ pour Islay (vous savez l’ile au large de la bretagne ) avec de la grande tourbe comme on l’aime, contrebalancant chaleur et pneu chaud sur un fonds d’orge !
Aël prend son verre et lance un "Yermat" annonçant qu'il était temps !
Avant d’entrer en bouche, le distillat est précédé d’un impression de fumée (j’aime bcp cette impression avec un whisky tourbé digne de ce nom).
En bouche, il est chaud, sucré et équilibré. Il montre ensuite des notes citronnées et épicées qui viennent chambouler le tout et piquer la langue.
Ensuite, il se radouci pour revenir sur des notes sucrées.
Viennent ensuite des notes tourbées et salées. Ces dernières restent un certain temps dans la bouche avant de devenir mielleuses avec une pointe de boisé.
Si on garde en bouche c’est quand même le vent du large qui remporte la bataille et vous laisse béat face à l’ile de Bréhat.
A la descente, il relâche ses effluves de tourbe sur fonds d’agrumes dans un premier temps puis de réglisse, mais sur la durée c’est bien ces notes de fumées qui restent présentes.
Le verre vide garde des stigmates fumées salés
Malheursement le temps passe vite en Bretagne et il va falloir repartir sur les routes.
En passant par la boutique, je découvre la preuve de mes dires et de la qualité des distillats avec les derniers trophées glanés par la distillerie : Best French Whisky of the Year dans la Whisky Bible 2023 pour le KORNOG OLOROSO double maturation et Best European Whisky (mainland) dans la Whisky Bible de 2022 pour le KORNOG SANT ERWAN 2021.
Encore besoin de preuves ?
D'ailleurs, si vous voulez vérifier direction la nouvelle boutique en ligne de la distillerie ici (vous trouverez certainement le distillat qui vous convient !)
Kénavo !
La preuve en image
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