25 ans quel bel âge ! Et ce n’est pas mon fils qui me dira le contraire, j’en suis certain (joyeux anniversaire mon fils).
Sur une vie d’homme, ¼ de siècle, c’est le printemps, mais sur une bouteille de whisky ça commence à compter un peu et devenir un âge respectable !
Imaginez, il y a 25 ans de cela, alors que je souffrais sur un tabouret roulant de la salle d’accouchement (si si j’ai souffert moi aussi), des maitres distillateurs écossais donnaient le jour à un liquide transparent dans leur spirit safe !
Par la suite, ils allaient glisser le distillat dans des fûts de chêne pour le grand sommeil afin que les molécules du bois se fondent et se mélangent avec celles de l’alcool et que la magie s’opère.
Bien entendu, j’ai eu l’occasion de goûter et de partager avec vous de nombreux distillats de moins de 25 ans, mais pour moi, cet âge est souvent une charnière dans le whisky. Le passage à la grande maturité, le moment où les échanges se transforment, mutent… (et souvent les prix ont aussi tendance à s’envoler à cause de la gourmandise des anges).
Alors bien entendu un whisky de 25 ans d’âge n’est pas obligatoirement un whisky qui a passé 25 ans dans le même fût comme le GLENFARCLAS 25 ans que nous allons découvrir. Il peut être le fruit d’un assemblage de différents fûts de 25 ans, comme le THE BALVENIE 25 ans RARE MARRIAGES, ou encore l’assemblage de différents fûts sur une durée de 25 ans comme le BOWMORE 25 ans.
Mais le résultat est là, et le distillat a quoi qu’il en soit passé 25 ans au contact du bois et en a été marqué à tout jamais.
J’ai déjà eu, à de nombreuses reprises, l’occasion de partager le fruit de 25 ans de travail sur mon site et c’est pour cela que j’ai décidé de compléter cette « collection » avec ces 3 « nouveaux » distillats.
Avant de les découvrir, repensons à un voyage dans le Speyside avec GLENALLACHIE 25 ANS assemblé par BILLY WALKER né de l’assemblage de fûts de bourbon et de PX (à découvrir ici) ou le BENRIACH 25 ANS fomenté par le Dr RACHEL BARRIE avec des distillats vieillis dans 4 fûts : de Bourbon pour le moelleux, en fûts de chêne neuf pour le peps, en fûts de Pédro Ximenes pour la douceur sucrée, et enfin en fûts de vin portugais de Madère pour le dynamisme épicé (à découvrir ici).
Retournons également dans le nord Highand ou nous avons découvert THE DALMORE 25 ans fruit de l’assemblage par RICHARD PATERSON de fût de chêne neuf américain, séparés pour vieillir d'un coté en fût de xérès Palomino Fino 25 ans et en fût de bourbon, et pour finalement être réunis pour achever leur périple boisé en fût de porto Tawny du Portugal (à découvrir ici). Partons dans le sud de cette même région chez DEWARS avec l’ABERFELDY 25 ANS composé par STEPHANIE J. MACLEOD avec deux distillats de 24 ans vieillis en fûts de bourbon ou en fûts de sherry et assemblés pour finir 15 mois en futs de sherry Oloroso (à découvrir ici).
Toujours en quête de découverte de distillats honorables, je vous ai amené il y a peu en Irlande du Nord avec le BUSHMILL 25 ANS proposé par Alex Thomas avec un distillat triplement distillé et qui a passé tout d’abord de 4 à 6 ans en fûts de xérès Oloroso et en fûts de bourbon avant d’être assemblé pour passer pas moins de 21 ans en fûts de Porto Rubis (à découvrir ici).
Enfin mes aventures nous ont fait découvrir les différentes composantes du BIG PEAT 25 ANS blend tourbé à souhait composé par FRED LAING de chez DOUGLAS LAING (à découvrir ici) composé de vieilles merveilles de l’ile d’Islay (à découvrir ici).
Que de belles découvertes !
En attendant de vous en trouver d’autres, je vous propose donc aujourd’hui d’aller dans le SPEYSIDE et sur l’Ile d’ISLAY.
Aujourd’hui, je vous propose donc de découvrir le travail de trois distilleries (réunies dans le cercle fermé des pionnières et plus anciennes distilleries d’Ecosse) GLENFARCLAS, THE BALVENIE et BOWMORE.
DEGUSTATION GLENFARCLAS 25 ANS
Commençons dans le Speyside par un « pur » 25 ans, référence de la distillerie Glenfarclas depuis les année 1980.
Découvrons-le aujourd’hui dans sa version « New label » éprouvée et proposée depuis le milieu des années 2000.
Chez GLENFARCLAS, qu’on ne saurait présenter puisqu’elle est un de plus ancienne distillerie de la région (créée en 1780 et dans la famille John Grant depuis 22 générations), on ne fait jamais dans la demi-mesure ou dans les grands assemblages aventureux !
Depuis de très nombreuses années, pour les master blenders successifs et désormais les équipes de CALLUM A FRASER, une goutte de new-make qui sort d’un des 6 alambics de la maison doit aller dans un fût de sherry en chêne européen de Jerez!
Aussi, on va se retrouver ici dans un cas d’école : ¼ de siècle passé à échanger avec le bois d’un fût de Sherry OLOROSO uniquement dans les warehouse aux portes rouges écarlates et choisi parmi les 52.000 fûts qu’ils recèlent.
Je saurais ici me rappeler (et vous conseiller) la découverte de la distillerie qui a ouvert ses portes au public depuis 1973 sous le soleil (dont vous pouvez retrouver toutes les photos ici). En effet, situé sur la commune de Ballindalloch, la distillerie « Vallée de l’herbe verte » (Glenfarclas en gaélique) bénéficie d’un micro climat très bénéfique au vieillissement de cesdistillats avec une part des anges n'est que de 0,05% par an, (contre entre2 et 2,5% en moyenne ailleurs).
Chez Glenfarclas, 1/4 de siècle passé en fût de sherry oloroso pare le distillat d’une belle couleur ambrée avec de beaux reflets dorés et un distillat à 43 %ABV.
Au nez il dégage dans un premier lieu les notes d’agrumes assez reconnaissables de la distillerie. Une belle marmelade rehaussée des écorces des oranges qui ont servi à la fabriquer. Il dégage également des notes subtilement boisées « tanisées » en arrière-plan.
Au second passage on découvre l’impact du long passage en fût de sherry avec des notes un peu plus proches des fruits rouges mais sans pour autant qu’elles soient très marquées comme sur un whisky sherry plus jeune. Le temps semble les avoir atténués entrainant avec elle des notes épicées légères.
Au troisième passage, le sucre ressort sous forme de note mielleuses mais également légèrement vineuses.
En bouche, il est miel et sucre entrée de bouche avec une pointe citronnée. Puis, il se révèle avec des notes de fruits rouges accompagnées de notes boisées qui viennent réveiller l’ambiance. On lui découvrira ensuite de notes légèrement épicés sans être marquées. Sur la durée il devient pâtissier avec des notes beurrées et une sensation velours dans la bouche. Avant de l’avaler on découvrira même des notes de tanins.
La descente se fait sans fracas mais il se réveille ensuite sur une longue durée avec des notes maltées et chocolatées sur un fond de fraicheur.
DEGUSTATION THE BALVENIE 25 ANS MARRIAGES
Si un jour vous avez la chance de passer du côté de DUFFTOWN dans le Speyside chez THE BALVENIE, (comme j'ai eu la chance de le faire découvrir en image ici) vous apercevrez les centaines de fûts stockés à l’extérieur qui attendent de passer sous l’œil affuté de Ian McDonald (le chef tonnelier) et dans les mains expertes de ses équipes. Vous comprendrez également à quel point le fût a ici son importance dans la nature des distillats. Surtout quand les fûts en question, sont amenés à conserver des liquides plusieurs dizaines d’années.
C’est d’ailleurs grâce à la qualité de ces fûts que les master blender de la maison (David C. Stewart et Kelsey McKechnie), ont proposés la gamme RARE MARRIAGE de haut vol comprenant le 25 ans (que je vous propose de découvrir) mais également un 30 ans et un 40 ans !
Rappelons ici que la distillerie a été créée en 1889 par William Grant et qu’elle appartient toujours à ce groupe. Autant dire qu’un certain nombre de pépites doivent dormir dans les chais comme on a pu les découvrir avec les différents chapitres de DAVID STEWART COMPENDIUM (qui recelait de distillats allant jusqu’à 56 ans d’âge).
Pour le 25 ans, ils ont décidé d’assembler des fûts de chêne américain hogshead d’ex-bourbon et des fûts de chêne européen butts d'ex sherry.
Résultat un whisky embouteillé à 48 % ABV qui se pare de teintes dorées marquées.
Au nez il est assez doux et subtil avec un mélange de fruits du verger bien murs prêt à être ramassé. On peut également découvrir des notes de miel néanmoins déjà on lui découvre un certaine présence d’épices.
C’est d’ailleurs ce sont des notes de gingembre qui dominent le second passage dans le verre et monte en puissance pour virer aux notes poivrées et viennent réveiller le moelleux du premier passage.
Le troisième passage sera lui empli de notes boisées sans être astringentes tout en subtilité comme l’intégralité du nez de ce whisky.
En bouche, c’est une véritable tarte tatin vanillée avec une pointe citronnée. Il empli la bouche et continue sa course sur le sucre de canne, le bonbon, le chichi en conservant la légère pique d’acidité.
Un sucre.
Par la suite les notes sucrées sont remplacées par des notes plus boisées de chêne et légèrement épicées sur la cannelle. Il reste sur ces notes douces jusqu’à la fin.
Quand on l’avale, il est toujours aussi doux et laisse un long moment des notes boisées légères dans la gorges, alors que la bouche conserve le ressenti doux de la guimauve.
DEGUSTATION BOWMORE 25 ANS
Basculons désormais sur l’ile d’Islay dans la plus vieille distillerie de l’ile (dans la place depuis 1779) : BOWMORE.
Pour l’avoir vécu, une semaine à Islay cela vous marque à tout jamais, alors imaginez 25 ans enfermé dans des fûts et stocké en dessous du niveau de la mer dans le N°1 Vault… (une balade à découvrir ici)
Né il y a 25 ans à l’eau de la rivière Laggan pour celui que nous allons goûter, cette référence a vu le jour au début des années 1990. Il a été muri un quart de siècle dans des fûts de bourbon nord-américain et de sherry espagnol ce qui lui a procuré une robe acajou.
Au nez ce sera la plus intense des 3 découvertes du jour. Il a des notes puissantes de fruits rouges et de fruits noirs compotés au sucre. Il est chaud. Déjà on lui découvre des notes épicées de poivre.
Au second passage les épices gagnent en intensité et la chaleur devient feu de tourbe avec des volutes de fumées qui désormais ne se cachent plus.
Le troisième passage reste chaud mais il va être réhaussé par quelques notes d’agrumes douces (orange, kumquat) et conserve son caractère tourbé.
En bouche il est indéniablement dominé par les notes sucrées du fût de sherry. Il est intense et chaud avec de magnifiques notes de fruits rouges, de fruits secs et d’épices.
Son caractère tourbé se révèlera par des notes un peu plus marines et salines qui viennent atténuer les épices et rehausser la dégustation. Néanmoins, il conserve son caractère sherry et est complété sur la fin par des notes de fruits à coque (noisette et amande) dans lesquels on prend plaisir à se lover.
A la descente, il est doux et laisse une longue mémoire de fruits rouges dans la bouche et de sel fumé dans la gorge.
Voilà après ce beau périple, il ne me reste plus qu’à partir en quête de nouveau distillats nés il y a ¼ de siècle comme en regorge les distilleries écossaises. Et je crois qu'il y a de quoi faire !!
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