KINGSBARNS : DISTILLERY RESERVE, BELL ROCK, COALTOWN

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KINGSBARNS DOOCOT

Imaginez un lieu où les champs verdoyants rencontrent la brise salée de la mer écossaise. Là, à Kingsbarns, un charmant petit village situé dans l’East Neuk de Fife, se cache une distillerie pas comme les autres. Mais attention, il ne s’agit pas seulement d’un endroit où l’on distille du whisky – non, non ! C’est aussi un voyage dans le temps et une aventure digne des contes écossais (avec un petit coup de dram en prime).

La légende raconte qu’en 2009, Douglas Clement, alors caddie de golf, se tenait sur le green du fameux « Road Hole » (17ème trou du mythique Saint Andrews), à contempler l’horizon  quand il a eu une illumination !

Pourquoi ne pas transformer cette région – déjà fameuse pour le golf – en un paradis pour les amateurs de whisky ? Le temps de querir des financements auprès de différents associés (golfeurs ou non) et des subventions gouvernementales, il lance son projet. C'est ainsi qu'est née l’idée de la distillerie Kingsbarns. 

Néanmoins c’est vraiment après son rachat par la famille Wemyss que les travaux ont réellement démarrés au printemps 2013. Un an et demi plus tard, en novembre 2014, l’ancienne ferme transformée en distillerie était prête à briller, et dès décembre, le centre d’accueil ouvrait ses portes. Le moment tant attendu est arrivé en mars 2015 : le premier fût de whisky a été rempli, marquant le début de leur légende.

Et quoi de mieux qu’une vieille ferme géorgienne datant du XVIIIe siècle reconnaissable à son pigeonnier et disposant d’une source d’eau pure à 100 m sous ses fondations, pour abriter cette entreprise audacieuse ? Après une restauration aussi minutieuse que le choix d'un bon single malt, la distillerie s’est mise à distiller la joie fleurie en bouteille.

Quand vous arrivez à Kingsbarns, impossible de ne pas tomber sous le charme. Les bâtiments en pierre ancienne, avec leurs toits en ardoise, semblent tout droit sortis d’un tableau romantique… mais ne vous y trompez pas, l’intérieur cache des équipements modernes capables de faire rougir n’importe quelle machine de haute technologie.

Ah, les alambics en cuivre ! Fabriqués sur mesure, ils ressemblent à de grandes divas métalliques prêtes à chanter des arias de whisky. Ajoutez à cela une eau pure filtrée par des roches vieilles de 300 millions d'années, et vous obtenez un mélange aussi parfait qu’un « hole-in-one » au golf.

Le résultat ? 10 ans après sa création, une production de 280 000 litres d’alcool pur par an, soit assez pour remplir environ 45 fûts chaque semaine. Et pas n’importe quelles barriques ! 85 % d’entre elles sont des fûts de bourbon, les autres étant des fûts de sherry, des barriques de vin recarbonisées et même quelques expérimentations audacieuses.

La distillerie appartient à la famille Wemyss donc – un nom qui rime avec passion pour les spiritueux. Depuis des décennies, les Wemyss jouent dans la cour des grands avec leur entreprise Wemyss Malts, connue pour ses embouteillages indépendants et ses créations audacieuses. Et comme ils aiment varier les plaisirs, ils produisent aussi du gin sous la marque Darnley’s Gin. On peut dire que cette famille sait jongler avec les saveurs et les secteurs.

Mais ce n’est pas tout ! Les Wemyss, depuis des générations dans la région, touchent également à l’agriculture et à l’hôtellerie. Avec leur flair inégalé pour le détail, ils créent des expériences qui réchauffent le cœur autant qu’un bon whisky.

Alors, qu’est-ce qui sort des prolixes alambics de Kingsbarns ?

Tout d’abord, leur premier aboutissement du rêve de Douglas Clement, « DREAM TO DRAM », lancé en 2019, qui porte un nom aussi poétique que son goût. Ce single malt pause les bases de ce qui sera la signature de la distillerie : léger et fruité. Il a conquis les palais du monde entier et décroché une médaille d’or aux World Whisky Awards en 2020. Dans la foulée c'est cette même année que va sortir « BALCOMIE » (une expression que je vous ai présenté ici vieillie exclusivement en fûts de sherry oloroso, offrant des notes riches et épicées).

En 2021, la distillerie publie « BELL ROCK » dans sa version « plus » sage que celle que nous allons gouter plus bas.

Mais attendez, ce n’est pas fini ! En 2023, Kingsbarns a dévoilé « DOOCOT » (que j’avais également eu le plaisir de vous présenter ici), un whisky qui promet de transformer vos papilles en piste de danse vieilli dans des fûts de bourbon et des fûts STR (shaved, toasted, re-charred – comprenez « ciselés, toastés, recarbonisés », en mode haute couture).

Cette même année, elle a également proposé le « FALKLAND », un single malt en édition limitée qui rendait hommage au Falkland Palace, un palais de la Renaissance situé dans les Lowlands écossais. Il était vieilli dans des fûts ex-bourbon et des fûts STR (shaved, toasted, re-charred) d'ancien vin rouge portugais. 

Enfin en 2024, va paraître le premier whisky aux allures tourbées de la distillerie : « COALTOWN » que nous allons gouter.

L’aventure nous amène naturellement vers les deux productions limitées de DISTILLERY RESERVE que j’ai choisi de vous présenter aujourd’hui et qui ajoutent une dose de mystère et de surprise au monde du whisky.

Le Kingsbarns Distillery Reserve Bourbon STR est un single malt issu d’orge locale. Il a été proposé dès 2021 par les équipes d’Isabella Wermyss. Il était le fruit d’un assemblage de distillats vieillis en fûts first fill ex-bourbon (60 %) et en fut first fill STR (Shaved, Toasted, Recharred) à 40 %.

Ces barriques STR, souvent utilisées pour le vin rouge, apportent des notes complexes et riches au whisky. Le Kingsbarns Distillery Reserve est embouteillé à un degré élevé d'alcool, souvent autour de 61,8 %, ce qui en fait un whisky puissant et intense à la robe or clair.

Dès le premier contact, le nez vous invite dans un univers gourmand, où le pain d'épices évoque des souvenirs d'enfance, tandis que le zeste d'orange frais réveille votre esprit, et la confiture de gingembre vous enchante par ses promesses épicées et chaleureuses.

En bouche, c'est comme une danse délicate et équilibrée entre une orange sucrée et un caramel fondant, liés par une caresse subtile de vanille. Les épices d'hiver s'invitent, conférant une profondeur et une chaleur qui s'enroulent autour de votre palais comme un plaid douillet.

Enfin, lorsque le liquide s'estompe doucement, il laisse derrière lui une trace persistante, longue et élégante de fruits secs qui viennent chuchoter des notes de nostalgie, tandis qu'une légère touche boisée ferme le bal avec finesse et raffinement.

Ce whisky est idéal pour les amateurs de single malts riches et complexes, parfait pour les soirées d'hiver ou pour accompagner un dessert aux agrumes. Si vous avez l'occasion de le déguster, prenez le temps d'apprécier ses nuances et son équilibre.

Le Kingsbarns Distillery Reserve Oloroso Sherry Cask est un single malt entièrement vieilli dans des fûts de sherry Oloroso ex-solera.

Ce whisky est une édition limitée, embouteillée à une force de 58,2 % d'alcool, ce qui en fait un choix robuste et complexe. Avec seulement 3 000 bouteilles disponibles, il s'agit d'une expression rare et recherchée. La maturation dans des fûts de sherry Oloroso confère à ce whisky une richesse et une profondeur remarquables, tout en respectant le caractère léger et élégant de la distillerie.

En portant le verre à votre nez, une symphonie olfactive s'élève : la cannelle évoque des soirées d'hiver au coin du feu, le pain aux raisins réveille des souvenirs réconfortants, le zeste d'orange éclaire l'ensemble avec une vivacité éclatante, tandis qu'une touche subtile de cèdre ajoute une profondeur boisée et envoûtante.

En bouche, c'est un véritable feu d'artifice. Les épices s'expriment avec éclat, transportant des notes de fruits confiturés riches et généreux, et des pêches grillées qui révèlent une gourmandise presque caramélisée. Les épices de vin chaud enveloppent le tout d'une chaleur réconfortante, comme une étreinte dans le froid.

La finale est une toile magistrale, longue et complexe. Les abricots secs apportent une douceur délicate, tandis que des notes de gâteau forêt-noire suscitent une gourmandise irrésistible. En dernière touche, un thé aux mûres parfumé vient clore cette expérience avec élégance et sérénité.

Le Kingsbarns Bell Rock Cask Strength est un single malt embouteillé à la force du fût, avec une teneur impressionnante de 61,1 % d'alcool. Issu d’un assemblage méticuleux de 70 % de fûts ayant contenu de l’Oloroso Sherry et de 30 % de fûts de bourbon de premier remplissage, ce whisky reflète tout le savoir-faire de la distillerie Kingsbarns. Non filtré à froid et sans colorants, il conserve toute son authenticité et son caractère brut mais est limité seulement 3600 bouteilles au total.

Son nom, "Bell Rock", évoque un célèbre phare écossais, symbole de force face à la tempête, et rend hommage à la côte de Fife, là où la distillerie s'enracine. Véritable chef-d’œuvre artisanal, chaque goutte de ce whisky raconte une histoire de tradition, de passion et de terroir.

Dès le premier contact, le nez s'ouvre comme un livre ancien aux pages dorées : des arômes riches de toffee velouté s'y mêlent à la douceur aérienne de la meringue dorée, tandis que les amandes grillées apportent une profondeur réconfortante. Au loin, un écho de fruits secs et d'épices douces ajoute une promesse d'aventures gustatives.

En bouche, c’est une traversée spectaculaire. Les saveurs se dévoilent avec intensité : la tarte aux noix de pécan, généreuse et gourmande, danse avec des fruits du verger caramélisés et des pâtisseries fraîches qui évoquent des matinées dans une boulangerie artisanale. Les épices, comme des étoiles filantes, illuminent l’ensemble et réchauffent le palais d’une douceur enveloppante.

La finale, longue et mémorable, est comme une promenade sur une plage au crépuscule. Elle laisse derrière elle une traînée onctueuse de sauce caramel, une touche subtile de crème brûlée vanillée, et une pointe boisée qui évoque un feu de camp au loin. C’est une symphonie qui ne s’éteint qu’avec douceur, laissant sur les lèvres le souvenir d’une expérience inoubliable.

Le Kingsbarns Coaltown est là référence de la marque qui se va se distinguer par son caractère unique.

En effet, c’est le seule de la maison qui va connaitre une maturation exclusive dans des fûts ayant contenu du whisky tourbé. Avec un taux d'alcool de 46 %, il offre une subtile touche fumée qui vient enrichir le style floral et fruité emblématique de la distillerie Kingsbarns.

Son nom, "Coaltown", rend hommage au village minier proche du château de Wemyss, un lieu chargé d'histoire et de traditions.

Imaginez une brise légère qui caresse les collines verdoyantes des Lowlands, portant avec elle des effluves de fleurs sauvages et de tourbe lointaine.

En portant le verre à votre nez, une symphonie délicate s'élève : des notes de bananes séchées et de fumée douce s'entrelacent avec la fraîcheur florale de la bruyère. C'est comme une promenade matinale dans un champ baigné de rosée.

En bouche, c'est une révélation. Une douceur gourmande de baklava et de crème vanillée s'épanouit, rehaussée par des éclats d'agrumes flambés. Sous cette richesse, des nuances de bois tanné et de fumée subtile apportent une profondeur intrigante, comme un feu de camp qui crépite doucement au loin.

La finale est une étreinte chaleureuse et persistante. Elle évoque un caramel salé fondant, des braises de feu de bois qui s'estompent lentement, et une pointe de chocolat au miel qui laisse un souvenir doux-amer. Chaque gorgée est une invitation à explorer davantage, à se perdre dans les nuances infinies de ce whisky.

Alors, prêt à faire un pèlerinage whisky-stique dans les Lowland's ? Vous ne le regretterez pas… sauf peut-être quand la bouteille sera vide ! 

Kingsbarns n’est pas seulement une distillerie : c’est une aventure humaine, un hommage à la région des Lowlands et une célébration du savoir-faire écossais. De ses débuts modestes en 2012 à sa capacité actuelle de remplir des barriques chaque semaine, la distillerie incarne un bel équilibre entre passion, précision et plaisir.

Une raison de plus pour lever son verre (ou deux) et savourer ce délicieux whisky (avec modération bien entendu).

Slàinte mhath !