Cela faisait longtemps que je ne vous avais pas proposé de vous poser dans mon fauteuil club. Non pas qu’il n’y ait pas de distillats à la hauteur mais juste parce que je préférais partir à la découverte de nouveautés.
Mais là, quand on m’a proposé le distillat d’aujourd’hui, je n’ai pas vu d’autre endroit pour le découvrir celui qui est le « plus vieux » whisky français commercialisé (21 ans quand même) : le EDDU GRAAL proposé par la Distillerie des Menhirs.
Donc je m’installe confortablement dans mon fauteuil, mais avant de glisser quelques gouttes de ce distillat parlons un peu de la distillerie des Menhirs et de son GRAAL.
J’ai déjà eu l’occasion de vous faire découvrir (ou pas d’ailleurs cause Covid à l’époque) la distillerie à l’occasion de la dégustation d’une cuvée déjà exceptionnelle de 15 ans d’âge (ici), et les années passent très vites. Cependant à l’inverse de la vie, le vieillissement et les années qui passent, quand on parle de whisky, c’est plutôt bénéfique.
Un petit rappel s’impose.
Ici on parle BLE NOIR (qui se dit EDDU en breton !) depuis toujours. Et on en parle pour faire du whisky depuis 1996, année lors de laquelle GUY LELAY (prof de math de son état et distillateur de pommeau et de lambic) a décidé de se lancer dans la fabrication de whisky à base de sarrasin. Ce qui fait de la DISTILLERIE DES MENHIR un cas unique.
Comme cela avait déjà été le cas pour le distillat de 2004, la distillerie a conservé d’anciens fûts dans son stock ! Grand bien lui en a pris ! Car c’est un de ces derniers qui a permis d’avoir le GRAAL du jour.
Et c’est le fût numéro 35, pour être précis, qui a été retenu par les trois fils de Guy LELAY (Erwan, Kévin et Loig, 5ème génération du nom) pour rendre hommage à leur père et nous proposer ce qui à ce jour est le plus vieux whisky français : 21 ans.
Le « soucis » c’est que 21 ans passé dans un fût de chêne c’est long et cela laisse du temps aux anges pour se servir. Et dieu sait que les anges bretons sont gourmands de distillat de blé noir.
De fait du distillat qui a coulé en 2001 de l’alambic, il n’est plus resté que l’équivalent de 304 bouteilles à un degré brut de 43,5 % d’alc). De quoi créer un mythe…un Graal !
Ce whisky qui se pare d’une magnifique couleur cuivrée et dorée profonde est tout en subtilité et titre 43 % d'alc.
Le premier nez est déjà un voyage en soi. Il commence sur des notes chaudes de cacao mais également plus fraiches de poire bien mure. Néanmoins compte tenu de la présence de blé noir, la poire en question est beaucoup plus dense que celle que l’on a l’habitude de rencontrer avec un whisky « conventionnel ». Viennent ensuite des notes épicées fines et sur la fin on va même détecter des notes anisées !
Et ce n’est que le premier passage !
Au second passage, il va devenir beaucoup plus fruité et confit. Des arômes chauds d’ananas et d’orangettes font leur apparition accompagnée de pointes d’épices sur une narine quand sur l’autre les arômes sont plus frais et herbacés !
Au troisième passage on retourne sur le chocolat et les arômes de vanilles et une pointe boisée.
Le moins que l’on puisse dire c’est que le nez de ce Graal nous amène dans un voyage qui dépasse les frontières de la Bretagne !
En bouche, il est épais et moelleux avec des marques sucrées au début. Il devient ensuite boisé avec les traces laissées par le fût sur la durée. Sur la longueur il est de plus en plus moelleux et chaud. Arrivent ensuite de épices et de miel qui le rendent encore plus pâtissier. Un instant on a un explosion d’agrume qui va s’assoupir doucement pour nous accompagner vers une fin plus boisée.
Quand on l’avale il va laisser de la douceur et du velours dans la bouche alors qu’il fait une descente plus fraiche sur des notes de réglisse et d’anis. La finale est longue et laisse des notes de réglisses en bouche et surtout un beau souvenir de voyage.
Comme pour boucler la boucle de 21 ans depuis sa distillation, le verre vide va laisser ressortir les notes du blé noir qui lui a donné vie mais également des notes d’orange.
Beau voyage au fond de mon fauteuil club.
Mais j'entends déjà poindre le nom de la collection JEAN LE CAM et que je sais qu'il existe encore des vieux fûts bouchés dans le magnifique chais de la DISTILLERIE DES MEHNIRS... Ce sera pour vous pour une prochaine fois !