En partant de chez GLENDRONACH, où j’ai quand même risqué ma vie pour une dégustation (voir dégustation GLENDRONACH CASK STRENGTH BATCH 9), je ne pouvais pas continuer ma route sans passer plus à l’ouest dans le Speyside dans la seconde des trois distilleries de la maison BROWN FORMAN (la colorée BENRIACH) pour aller goûter 2 de leur nombreux nouveaux distillats d’exception : les nouvelles versions du 21 ans d’âge, THE TWENTY ONE et du 25 ans d’âge, THE TWENTY FIVE et leurs 4 mélanges de fûts réalisés par RACHEL BARRIE.
Il fallait que je vous partage la dégustation d’autant plus que ces deux distillats (et leur vieux compère de 30 ans, devinez il s’appelle THE THIRTY) viennent d’être médaillé d’or (double gold en plus) au SanFrancisco World Spirit Competition dans la catégorie des single malts de plus de 20 ans ! De quoi nous allécher.
Alors quand est-il de ces deux whiskies issus de la distillerie la plus ensoleillée d’Ecosse ?
Commençons par le valeureux THE TWENTY ONE, 21 YEARS OLD (auparavant avec ou sans tourbe sous "l’ère Walker" et simplement appelé 21 YEARS OLD).
Comme je viens de le dire, les deux anciennes versions se voyaient privées de la « BARRIE’S PEATED TOUCH », et étaient soit composées de distillats uniquement non tourbés (21 years Old), soit de distillats tourbés (21 years AUTHENTICUS). La nouvelle version va changer pas mal de chose (d’autant plus quand aime la tourbe et qu'on s’appelle PEATDREAM) !
Alors voilà, le « jeune vieux » (+20 ans) est composé à la fois de distillats non tourbés et maintenant de distillats légèrement tourbés (10/15 ppm maximum). En revanche son vieillissement reste le même que celui de l’ancien 21 years old non tourbé, à savoir 21 ans soit dans des fûts de Bourbon (pour le moelleux), des fûts de sherry (pour le sucré), des fûts de chênes vierges (pour le « peps ») ou des fûts de Vin rouge du Médoc (pour l’apothéose).
Qu’en est-il de sa dégustation ?
Le whisky qui coule dans le verre est d’une belle couleur or foncée.
Quand on plonge le nez dans le verre pour la première fois, il n’est que douceur et finesse. On peut détecter une très légère tourbe qui est très bien intégrée et apporte de la fraicheur (tourbe aux airs de chlorophylle des Highlands). Le tout lui donne un air boisé.
Au second passage, il s’arrondi sur des notes plus sucrées de pomme bien mure et de raisin sec.
Le troisième passage s’arrondi encore avec une odeur de chocolat blanc mais va garder une pointe d’acidité avec une légère odeur citronnée et surtout le retour discret de la tourbe.
En bouche, il est très moelleux avec un goût de raisin sec. Comme le chemin de la dégustation va être long (21 secondes minimum pour bien profiter de ses 21 ans de vieillissement) on va découvrir pas mal de belles choses. La route commence par l’arrivée des épices, ensuite elle va passer par une âpreté très furtive (certainement liée au fut de Médoc). Mais rapidement, le moelleux revient avec des notes de noix et une surprenante texture de velours. Cette sensation de marshmallow en bouche, qui rend le distillat dense, reste sur toute la fin de dégustation. Elle fait néanmoins face à des allers retours de pointes d’épices et de fumée légère sur la fin.
Une fois les 21 secondes écoulées, il faut bien l’avaler quand même (mais il en reste dans votre verre je vous rassure). On découvre alors une finale plutôt courte (il a beaucoup donné en bouche) avec des airs légèrement fumés et réglissés. En revanche, il laisse dans la bouche un souvenir moelleux.
Pour ce qui est de son ainé de 25 ans, THE TWENTY FIVE, l’histoire est légèrement différente. Ok, il existait dans le passé lui aussi sous deux versions (non tourbée 25 years old et tourbée 25 years old AUTHENTICUS) mais le docteur Rachel BARRIE est partie d’un assemblage de distillats non tourbés (comme avant) mais également cette fois-ci tourbés. De plus le vieillissement est différent. Auparavant, sous « l’ère WALKER », il avait passé 25 ans dans une combinaison de futs de bourbon et de fûts de vin rouge mais il s’est complexifié en devenant un assemblage de 4 vieillissements.
Le nouveau distillat de 25 ans est désormais composé de whiskies ayant vieillis soit en fûts de de Bourbon (moelleux), en fûts de chêne neuf (peps), en fûts de Pédro Ximenes (douceur sucrée), et enfin en fûts de vin portugais de Madère (dynamisme épicé) avant d'être assemblé.
Dans le verre, lui va se parer d’une couleur plus foncée (4 ans de plus et deux fûts tintant) virant à l’ambre.
Son nez est plus discret que celui du THE TWENTY ONE mais, en insistant, il sait néanmoins se faire surprenant ! Les premières odeurs qui ressortent sont celles du chocolat mais également celles de fruits rouges gorgés de soleil (celui de la distillerie). On peut anticiper un distillat au traits plus chauds que le 21.
Au second passage, il révèle des épices et laisse ressortir une légère odeur de fumée (plus proche d’une fumée froide de lendemain de barbecue).
Le troisième passage va être plus boisé et fumé que les deux précédents et surtout m'a montrer des arômes de fruits rouges persistants (deux fûts de vins du soleil valent mieux qu’un !).
Comme pour le 21 ans, le voyage en bouche se doit d’être long pour bien profiter de tous les arômes. Il va commencer par une décharge de sucre qui ne dure pas (et est là uniquement pour préparer les papilles) car vite, le distillat va lâcher ses épices. Si le nez était plus discret, il va s’avérer plus franc et sucrée que son cadet. La présence des épices, plus marquée donc, va ensuite malgré tout, s’arrondir et se transformer en douceur et moelleux de miel. On notera un petit passage âpre qui va annoncer l’arrivée des agrumes et de la cannelle. Gardons-le encore en bouche et il va s’arrondir à nouveau pour finir sur des notes et une texture de fudge.
Une fois avalé, il a un final plus long que le 21 ans et va laisser le goût de la tourbe (beaucoup plus discrète et même presque absente en bouche) et de la chaleur aux airs de cannelles.
Une fois le verre vidé (et oui il faut bien que ça arrive) je vous conseille de le sentir (en plus parfois il reste même des goutes !!). Il va laisser plus de place à l’orge (cultivée il y a quand même 25 ans) et la fumée de la tourbe. Gardez le encore et au bout d’un moment surgi un abricot sec (comme si on l’avait oublié au fond du verre). Gardez toujours et il se parera de pruneaux.
Conclusion ces deux distillats, distingués il y a peu à San-Francisco, méritent clairement le déplacement et malgré tout une certaine dépense (car si le premier ne dépasse pas 200 €, il faudra quand même dépenser plus de 350 € pour le second). Mais bon à ce prix là, on a de beaux écrins (ce qui n’était pas le cas pour les anciennes versions des 21 ans d'ailleurs).
Difficile de trancher entre les deux. THE TWENTY ONE apporte une texture très surprenante et prouve qu’un whisky tourbé peut vieillir. THE TWENTY FIVE s’impose par une grande complexité et un voyage olfa-gustatif varié.
Je vous laisse juge.