CAPERDONICH 18 ans Sherry hogshead Chieftain's

Goûter un whisky d’une distillerie fermée c’est souvent un moment très intéressant et rare.

 

C’est le cas aujourd’hui avec ce whisky du Speyside CAPERDONICH 18 ans de chez Ian Macleod.

 

 

Avant de le déguster intéressons-nous à la distillerie (enfin l’ex). Nous sommes à Rothes (en plein milieu du speyside) en 1898 et une nouvelle distillerie est ouverte à côté de celle de Glen Grant devenue trop petite (elle se nommera d’ailleurs GLEN GRANT # 2 jusqu’en 1965). La crise du whisky écossais passe par là et elle ferme après seulement 4 ans d’existence en 1902. Ces deux alambics resteront ne sommeil jusqu’en 1965, où elle rouvrira ses portes, reconstruite par GLENLIVET. A ce moment-là une loi britannique interdisait à deux distilleries d’avoir le même nom (??!!) et GLEN GRANT #2 laissa place à CARDONICH. 

 

La distillerie a ensuite tranquillement produit son whisky (destiné aux blends comme CHIVAS REGAL) dans ses deux (puis plus tard 4) alambics charentais passant de propriétaires en propriétaires. Le dernier d’entre eux (PERNOD RICARD zut un français) a décidé de fermer définitivement ses portes et de la démanteler en 2002 (décidément l’an 2 de chaque siècle n’était pas un bon moment pour elle). 

 

Bref, les bouteilles de CAPERDONICH sont des raretés.

 

Revenons à celle qui nous intéresse aujourd’hui. Un 18 ans vieilli par Ian Macleod dans le cadre de sa gamme Chieftain’s, il est embouteillé à 48°.

 

Ce whisky a été distillé en 1995, puis a séjourné pendant 18 ans dont une bonne partie dans 4 petits fûts hogshead ayant auparavant du sherry. Passé par petits fûts il n’y en aura que 1016 bouteilles.

 

 

Par chance une est passée devant mon nez. 

 

 

Le liquide qui a coulé dans mon verre était d’une belle couleur ambre foncé (du fait d’une longue période en fût de sherry).

 

Au nez, avant de voir apparaître l’impact du sherry, c’est tout d’abord les notes signatures de la distillerie (considérée à tort comme de seconde zone quand elle produisait) qui apparaissent : des arômes doux, légers, et peu agressifs de fleurs et de pomme verte. On est clairement sur la fraîcheur (alors que les finitions sherry sont souvent au-devant des autres comme si elles voulaient sortir du verre en premier). Mais qu’on ne s’y trompe pas, l’impact du sherry est bien présent quand le nez replonge dans le verre. Il en sort des arôme gourmands pâtissiers de gâteau poire/chocolat. Par la suite ces notes laissent leur place à de nouvelles notes fraîches portant vers les agrumes ! Je qualifierai ce whisky de très joli nez, peu agressif (malgré les 48 °). Il fait voyager les sens.

 

En bouche la sensation est toute autre. Laisser l’y voyager pendant les 19 secondes nécessaires. Il va parcourir, l’avant de votre bouche et y déposer des notes franchement épicées, presque piquantes comme du gingembre, pour se caler et se lover ensuite contre votre palais pour là lui donner le moelleux et la chaleur d’un gâteau au pommes, aux noix et au miel, avant d’attaquer, enfin, puissamment l’arrière de votre bouche avec des notes épicées presque pimentées.

 

Sa rétro olfaction est très intéressante car elle se divise en deux. Le moelleux des pommes reste collé à la gorge un certain temps. Mais la surprise se passe dans le nez où des notes fraîches et nettement épicées se font la malle ! Belle sensation !

 

 

Comme je vous le disais déguster un distillat d’une distillerie disparue (et pas prête de réapparaître en l’état car elle a été démanteler en 2011) reste toujours un moment spécial. Et quand le distillat en question est clairement à la hauteur c’est clairement un bon moment pour l’amateur.