Continuons notre petit périple immobile en temps d’épidémie covid et montons plus au nord de l’Ecosse. Nous allons faire un petit tour sur la côte nord-est des Highlands dans un village dont le nom fait frémir quand on aime le whisky tourbé : Brora.
Malheureusement nous ne gouterons pas un BRORA aujourd’hui (je n’en ai pas sous le coude) mais nous allons goûter un CLYNELISH (distillerie, sœur, mère, éponyme…on ne sait plus trop). Ce n’est déjà pas mal !
En plus celui que nous allons goûter aujourd’hui a été « traité » par la bande de chez Macleod (Chieftain’s) ce qui en soit est souvent un gage de qualité. Un fût CLYNELISH transféré dans un fût de Bourgogne du Château de Monthélie (Pinot noir 1er Cru Mons Hélios) ce qui donne au final 321 bouteilles seulement sur le marché.
Avant de le déguster, il faut d’abord nous intéresser au producteur originel : CLYNELISH. Donc la (ou les) distillerie(s) se situe(nt) dans le village de Brora.
En fait la distillerie CLYNELISH est en deux parties et a connu une histoire assez mouvementée mais qui au final à fourni des pierres pour construire celles des whiskies écossais. Je m’explique, au commencement, il y a quand même un peu plus de 200 ans (1819), la distillerie s’appelait déjà CLYNELISH et était située à côté de l’actuelle distillerie.
Elle a vécu une vie parsemée de changement de propriétaires pendant 150 ans et servait essentiellement à apporter une pointe de tourbe dans les blends. Dans les années 60, la demande augmentant il a été décidé de construire une seconde distillerie : CLYNELISH B (glamour et vendeur comme nom n’est il pas ?!), la première devenant CLYNELISH A (tout aussi vendeur). Néanmoins une des deux sœurs était de trop et la distillerie originelle a fermé ses portes (la A, vous suivez toujours ?). Ce qui fait qu’on ne se trouvait qu’avec une seule distillerie (la B).
Mais c’était sans compter sur Johnnie (le marcheur) qui passait par là et était en manque de tourbe pour son Gold et son Blue (car lâché par CAOL ILA pendant la fermeture de la distillerie). Il fit rouvrir la distillerie originelle (la A vous suivez-toujours). Comme CLYNELISH A n’était pas vendeur commercialement (et qu’en plus la loi écossaise interdit d’appeler 2 distilleries du même nom –NDLR-), elle fût renommée BRORA !
Ainsi on se trouva de la fin des années 60 (69 pour être précis) aux années 80 (83) avec deux distilleries sœurs : BRORA côté gauche de la rue et CLYNELISH côté droit.
Mais c’est pas fini (enfin presque quand même), 1983 BRORA (et son whisky tourbé) referme et entre dans l’histoire avec des whiskies très rares (et donc très….).
Revenons à notre CLYNELISH. Le distillat du géant DIAGEO est assez rare en single malt (seulement une version 14 ans (et quelques versions « selected » ou encore collector comme celle faites pour la maison Tyrell de GOT) et entre plutôt dans la composition de nombreux Johnnie Walker (on le sait dans le Gold et surtout le Blue –et indirectement dans le Ghost and rare Brora).
Son distillat issu d’ alambics dodus et trapus est connu comme un whisky fruité et charnu avec de belles effluves tourbées mais également une belle fraicheur maritime.
Aussi, c’est intéressant de voir aujourd’hui ce qu’il en est d’un finish dans un fût de Bourgogne rouge. Justement sans aucun chauvinisme ( ;-) ) on va encore parlé de Bourgogne et donc de vin Français !! Pour ce qui est de celui retenu par CHIEFTAIN’S, ce sera un petit climat proche de Beaune : le Mons Hélios. Il s’agit d’un pinot noir 1er cru (donc un rouge plutôt floral et fruité).
Quand est-il de notre whisky du jour donc ?
Il se pare d’une belle couleur or très légèrement foncée (on peut ainsi imaginer que le passage en fût de Bourgogne rouge n à pas été trop long car il n à pas trop marqué le distillant).
Pour ce qui est de son odeur, elle est magnifiquement fraîche et le reste tout le temps que passe le nez dans le verre. En première approche, la narine gauche va détecter une tourbe très légère et très florale. La narine droite elle sera un peu plus agressée par des notes poivrées et surtout les 57,2 % du distillat.
Le second passage sera plus vineux (impact du fût certainement) mais également porté sur un cassis léger et une pointe de guimauve.
C'est au troisième passage que la note cireuse (cire à lustrer) typique de CLYNELISH va faire son apparition.
Si la tourbe ne vous a pas saute dans la narine gauche, je vous conseille de glisser une goûte du distillat dans votre main et de frotter. Elle sera beaucoup plus marquée et s'accompagnera par ailleurs d’une belle odeur d’orge.
Une fois en bouche, ce CLYNELISH version CHIEFTAIN’S va être beaucoup plus chaud et « épais ». Il va tout d'abord apporter une pointe de l'âpreté de son fûts de vieillissement et des notes poivrées et épicées. Il assèche puis pique la langue (littéralement). Cette sensation est bien entendue accrue par son titre (57.2 % je vous rappelle). Néanmoins cette impression ne dure pas trop et est vite adoucie par un bel apport en sucre. Douceur de sucre qui se transforme ensuite brièvement en fumée de tourbe puis en miel. Le voyage des 17 secondes se termine quand arrivent des épices.
Néanmoins, ce voyage continue avec un final assez long basé sur des notes forestières (boisées et épicées) accompagnées d'un poivre revigorant !
Bien entendu la vue du verre vide est toujours désespérante. Néanmoins ce dernier se rappelle à nos bons souvenirs avec un belle odeur de campagne (mélange d étable chauffée à la tourbe).
Globalement on va dire que le mélange Highland -Bourgogne est bien réalisé ici (depuis le temps que je dis que la France est un beau pays !!).