ELEMENTS OF ISLAY OC6 58,1 °
Element of Islay, ou comment faire ressortir des goûts improbables mais néanmoins magnifiques des meilleurs distillats d’Islay.
Depuis les années 2000, Speciality Drinks édite ses « petites » bouteilles de potion magique aux finitions surprenantes. Le principe est « simple » : prendre un distillat d’Islay (et ils ne manquent pas) et le faire transiter dans des fûts différents de ceux par lesquels il transite habituellement pour en faire sortir le meilleur et le proposer en full proof (à la force de son fût). Parmi les éléments du tableau périodique de la gamme on trouve l’OC conçu à partir du plus tourbé des whiskies : l’Octomore de chez Bruichladdich.
La marque nous a déjà assez largement régalé avec les 5 premières versions : OC 1 (65,4 °) fini en fût de Cote Rotie français ; OC 2 (63.5°) fini en fûts de Ribero del Duero espagnol ; OC 3 (60.3°) fini en fûts de bourbon et de Sauterne ; OC 4 (59.1°) triple finition en fûts de bourbon ; OC 5 (59.8°) finition en fûts de bourbon.
En 2019, l’OC reste sur le bourbon ! Avec une OC 6 à 58,1°, l octomore a transité 8 ans dans un fut de bourbon de premier remplissage. Un véritable peat bomb tourbé à l’extrême comme on les aimes.
D’une belle couleur or, il s’impatiente dans sa bouteille et n’a qu’une envie « faire une expérience dans votre bouche ».
A peine franchies les narines, il annonce la couleur : Ah tu veux de la tourbe ? Tu vas en avoir ! On reconnait la patte Bruichladdich avec de la fumée dense, des notes salées. Imaginez-vous en train d’éteindre un feu de tourbe avec des sceaux d’eau de mer ! Vous vous dites « ça y est, mon nez ne ressentira plus rien pendant l’heure qui vient ! Mais c’est sans compter, ce coup-ci, sur la patte Elements of Islay : quand le nez replonge tant bien que mal dans le verre c’est la surprise, les arômes fruités et sucrés apportés par le fût font leur apparition : des fruits caramélisés. Au final, quand le nez s’est habitué à cette évolution, il décèle des odeurs un peu plus tendues d’agrumes (un fond de citron).
Bien que préparé par le nez charnu, en bouche c’est la complète explosion. La peat bomb est bien là et elle reste alimentée par un feu de tourbe. Je n’ai pas réellement souvenir d’avoir vécu une telle explosion. Accentuée par la force du degré d’alcool (rappelons ici que bien que l’OC 6 soit le « moins » fort des OC il titre quand même à 58,1 °) la tourbe est puissante. Elle enrobe complétement le palais d’une lave suave. Pour autant elle laisse passer quelques notes poivrées sur les papilles foliées. Au bout d’un moment la fumée se dissipe pour transformer le liquide en douceur caramélisée.
Le final en bouche est doux : il est suave sur les levres et laisse de longues sensations tourbées fruitées dans la gorge. Beau souvenir.
A chaque fois qu'on goute un Elements of Islay, on se dit pourquoi leurs bouteilles (de pharmacie comme ils les appellent) sont si petites et en quantités si limitées ? Mais est-ce pas aussi ce qui en fait leur charme. Mais pour reprendre un slogan publiciatire que les francais de mon age connaissent certainement : "petit...mais costaud" !