On savait que la situation géographique de la distillerie GLENGLASSAUGH lui permettait d’avoir une typicité certaine mais on découvre au détour d’un fût que l’audace de Rachel BARRIE permet à la distillerie de produire des distillats atypiques.
En effet, la distillerie située à la frontière entre le Speyside et les Highlands, coincée entre les Knock Hill et les plages de sables fin du nord de l’Ecosse que je vais arrêter mon fidèle BRAD PEAT aujourd’hui. Ici on produit des singles malts authentiques aux arômes légers et très légèrement marins, à l’ancienne sans le moindre octet d’informatique.
La distillerie GLENGLASSAUGH, qui a connu une vie trépidante depuis les premières gouttes sorties des alambics à la fin du 19ème siècle, des fermetures et réouvertures successives, caches quelques pépites à l’ombre de son moulin en ruine. Des fûts laissés au frais par les propriétaires successifs qui donnent naissances à des 30 ans, 40 ans et même 51 ans d’âge (et même d’autres vieilles branches chez les embouteilleurs indépendants) … peut-être un jour en dégustation sur ce site ?
La distillerie du groupe BROWN FORMAN propose également une gamme Rare Cask Release qui va nous intéresser aujourd’hui avec celui du fût n°528.
Quand on s’appelle PEATDREAM et qu’on a affaires à Rachel Barry, et son expérience chez BOWMORE, on se doute bien qu’on va se tourner vers quelques versions tourbées.
Aussi, c’est vers les quelques fûts contenant un distillat produit à base d’orge tourbée, que nous allons faire un tour aujourd‘hui. Nous avons déjà eu l’occasion de goûter au TORFA lors d’une précédente dégustation. Mais la version que nous allons goûter est tout à fait atypique. Un distillat produit en mai 2012 à base d’une orge avoisinant les 20 ppm (estimation car les mesures de particules de phénol ne soit pas dans les habitudes de la distillerie) et laissé 7 ans dans un fût hogshead (250 litres) ayant contenu du vin rouge californien (les américains font du vin ?? un peu de chauvinisme NDLR ! ). Atypique et assez pu commun non ?
Et alors ça donne quoi ?
Déjà avant même de goûter il a un air d’exception car il a été produit à 246 bouteilles (et d’ailleurs n’est vendu que par les boutiques du Comptoir Irlandais) et se présente tout nu dans sa forme originelle en brut de fût à 57,3 % du volume.
Alors pour ce qui est sa robe (puisqu’il a été vieilli en fut de vin), elle est or plutôt foncé très légèrement ambré. Sa couleur étant annoncée comme naturel on peut ainsi y retrouver l’influence du fût de vin rouge (sur une durée courte).
Comme souvent les trois passages du nez vont tour à tour dévoiler les arômes :
Le premier passage se révèle purement GLENGLASSAUGH avec des notes florale et fruité toute en légèreté. On approchera ici une pêche blanche. On sent dans le verre presque la fraicheur marine de la baie de Sanded.
Le second passage va révéler lui la tourbe qui comme annoncée se veut légère. D’ailleurs une goutte dans le creux de la main la révèlera de manière bien plus marquée accompagnée par de beaux aromes d’orge.
Le troisième et dernier passage lui va être beaucoup plus atypique car il sera plus pâtissier et moelleux apportant avec lui un vrai apport chaleur de fruit bien murs.
Attention la fanfare arrive.
Le nez est un peu comme sur un blockhaus la baie de Sanded, la calme avant la tempête.
Elle se déchaîne en bouche. A peine le distillat a-t-il fait son entrée que c’est l’explosion, les rugissements des 57 % se montrent. C’est l’explosion. Les épices envahissent toutes les parties de la bouche. Au bout d’une seconde, une pointe d’apprêté, certainement liée au fût de vin assèche la langue. Mais les épices reviennent à l’assaut sur bout de celle-ci. Quelle belle puissance. Ensuite en le gardant dans la bouche il va s’arrondir et se laisser apprécier comme le jus d’un melon bien mur. Mais attention, toujours plus fort que les autres les épices reviennent sur le palais avec le piquant du poivre pour transformer ce sucre en douce fumée de tourbe.
Quand on se décide à l’avaler, le souvenir qui va rester assez longtemps dans la gorge sera celui d’un bâton de réglisse et d’une étoile d’anis. Le souvenir ne sera pas que dans la gorge d’ailleurs car une légère apprêté dans la bouche accompagnée d’un doux effet de torréfaction.
Je trouve que cette expérience est assez réussie, en plus elle laisse une belle impression de rareté car avec seulement moins de 250 bouteilles et un prix encore assez correct, elle permet de toucher à de l’atypique et a de l’original sans y laisser toute sa bourse. Filez vite dans les Comptoirs Irlandais, il n’y en aura pas pour tout le monde.