On fait souvent de belles découvertes dans les salons. Pourtant, cette fois-ci, dans l’ambiance feutrée du palais Brognard à Paris, ce n’est pas une complète découverte que nous avons faite.
Mais à chaque fois que le nom LEDAIG apparaît, on sait qu’on va passer un bon moment dans la douce fumée de tourbe. En revanche, les petites bouteilles sorties de derrière le stand et avec une étiquette bricolée… j’adore !
Celle dont je vais vous parler aujourd’hui répond complètement aux attentes (comme toujours avec LEDAIG de TOBERMORY) : 21 ans d’âge avec une finition en fût de manzanilla andalou (vin espagnol à ne pas confondre avec la manzana italienne !!).
Cette finition est la seule nouvelle production de la distillerie pour 2019. Imaginez, elle a été distillée sur l’Ile de Mull en 1997. Le liquide a ensuite été vieilli pendant 19 ans dans UN (qu’un) fût hogsheads et enfin a fini sa course dans un autre fût hogsheads de manzanilla espagnol ! Quand on dit 1 fût il s’agit véritablement d’un seul fût ce qui rend ce whisky assez (voir très) rare (il se limite à 1602 bouteilles à la commercialisation).
Voilà le décor est posé ! Alors il ressemble à quoi ?
Coté couleur, elle est or intense (assez foncée) et à même des reflets verts ! Normal on dira car chez TOBERMORY, on adore les couleurs.
Attention ici, on est passé directement du fût à la bouteille, sans voir la moindre goutte d’eau. Aussi, c’est un whisky à 52,9 ° dans lequel vous allez plonger le nez.
Excité par sa force, votre nez va découvrir tout d’abord des notes légèrement boisées et sucrées comme caramélisées. Ensuite, c’est au second passage que notre chère amie la tourbe fait son apparition. C’est toujours un grand plaisir de sentir de la tourbe moelleuse de l’Ile de Mull (je sais je ne suis pas objectif, c’est une de celles que je préfère). Enfin je vous conseille un troisième passage où la tourbe, toujours elle, va se mélanger à des agrumes (certainement l’effet du fût de finition).
En bouche, pendant les 21 secondes durant lesquelles vous allez le garder pour savourer ses 21 ans, il va se passer pas mal de chose que je vous laisse ici rêvasser !
Imaginez, tout d’abord 52 chevaux des Highlands qui arrivent au galop emplissant généreusement votre bouche. Une fois la harde passée, le vent se calme pour laisser apparaître les raisins écrasés caramélisés. C’est à ce moment que vous vous rendez compte que les vignes qui supportaient lesdits raisins et qui ont été écrasées par la harde, avaient été plantés sur une terre brûlée à la tourbe. Je vous laisse encore voyager. D’un coup, le vent se lève en soulevant la poussière du champ et charriant de la terre des arômes chocolatés et poivrés des raisins qu’il vient de sécher. Si, si, je vous jure tout ça en 21 secondes. On a qu’une envie, revoir passer les Highlands !!
S’ils ne reviennent pas vers vous et que votre verre est désespérément vide, vous allez néanmoins conserver un beau souvenir en bouche. Le moelleux de la tourbe reste comme collé à votre palais, mais il laisse vite mais longuement place à d’agréables arômes d’agrumes.
Il se passe de belles choses sous les ors de la bourse de Paris !