Un petit rappel du principe des parcellaires s’impose pour ceux qui n’auraient pas lu mon premier article l’année passée (même si je ne vous comprend pas car il est ici !) .

La famille DUPIC n’aime pas l’à-peu-près et veut maitriser le processus de la fabrication de ses distillats de la graine à la goutte. Aussi chez ROZELIEURES on plante, on récolte, on fait germer, on malte, on brasse, on distille, on vieilli et on goutte (aussi bien entendu) !

Comme on le sait sans semer d’orge, on n’obtient pas de whisky. C’est là que les parcellaires trouvent leurs sources. ROZELIEURES possède 18 champs divisés en parcelles comme dans les vins tout autour du village du même nom.

Des parcelles diversifiées par leur sol, d’une part, (limoneux, argilo-calcaire, argileux et même volcaniques), mais également par leur exposition et leur proximité de la rivière Euron qui traverse la région avant de se jeter dans la Moselle et plus tard le Rhin.

Cette année, Christophe DUPIC a choisi de nous faire voyager (il savait que j’avais un Van !!) et nous amène un peu à l’écart du village au sud vers les terres limoneuses de la parcelle BLANCHE TERRE et bien plus au nord (20 minutes quand même) sur les terres argilo-calcaires de la parcelle MONT POIROUX.

Afin de pousser le comparatif et de présenter la typicité des deux distillats en mettant en avant la terre qui a fait grandir l’orge, il a glissé ses deux distillats tracés, d’abord dans d’ex futs de bourbon puis dans d’ex-fûts de Cognac. Seul l’argilo-calcaire a été bichonné dans des fûts neuf français.

Prenez une céréale plantée dans deux champs différents et faite lui faire quasiment le même processus jusqu’à la goutte de whisky de la bouteille…et vous pouvez être surpris.

On va le voir mais c’est assez flagrant ici.

Commençons par le limoneux BLANCHE TERRES

Avant de le goûter un peu de technicité pour mieux l’appréhender. Ce distillat est donc issue d’une orge cultivée sur une petite parcelle au sol limoneux (c’est marqué sur la bouteille), mais ce qu’on sait moins c’est que les faits datent de 2018 et que la distillation a eu lieu en 2019. Aussi, ce distillat est assez jeune puisqu’il n’est resté en fût que 3 ans.

Alors qu’en est-il ?

Le premier nez de ce "Blanches terres est comme une corne d’abondance de fruits du verger. Un mélange d’arôme de poire et de pèche un matin à la rosée. Le nez dégage une certaine fraicheur.

Le second passage confirme ses notes fruitées mais en rajoutant des arômes floraux avec une fine pointe poivrée qui tente une sortie.

Sur un troisième passage, la poire reprend le dessus comme en signature, mais elle est accompagnée d’arôme céréaliers.

C’est d’ailleurs une odeur de céréales caramélisées qui restera dans le paume de votre main si vous tentez l’expérience.

En bouche, il est assez surprenant, car s’il semble vous « lâcher une poire », il va rapidement avoir un goût boisé chaleureux.

Il revient ensuite sur une certaine tension citron-pamplemouse avec des agrumes qui se développent dans la bouche. Sur la fin, la citronnade perd son acidité et redevient plus mielleuse avec une pointe d’âpreté.

A la descente les céréales reprennent le dessus, accompagnées de notes fraiches mentholées.

Le verre vide va d’abord rester dominé par la poire (on aurait pu s’en douter) mais une fois évaporer, il révèle des notes céréalières avec une pointe de sucre.

Passons maintenant au second parcellaire 2022 : Le Mont-Poiroux.

Nous allons ici retrouver un distillat cultivé sur une période équivalente à son prédécesseur mais sur une parcelle (la plus grande de la propriété) située sur un plateau argilo-calcaire à une altitude (330 m) différente.

Le nez de ce distillat est moins marqué sur les fruits du verger que le précédent même si on trouve une poire en arrière-plan. Il va être plus discret mais reste bien marqué par des notes sucrées.

Au second passage il va dégager quelques épices sur un fond de moelleux qui l’annonce déjà dense et épais.

Au troisième passage il se densifie encore et confirmer son côté pâtissier et va même relâcher un aspect boisé fumé.

Dans le creux de la main c'est la céréale qui a la part belle, mais elle est accompagnée de notes sucrées.

Autant il est discret au nez autant il va se révéler en bouche. Il se révèle de suite comme pâtissier, dense, sucré. Vient ensuite un coté boisé avec un pointe d’âpreté qui vient sécher la bouche pour laisser plus de place aux épices qui viennent ensuite piquer la langue. Les notes fruitées sont bien présentes avec ça et là quelques notes salines qui arrivent par vague.

La finale est plus surprenante car elle va être plus fraiche après la chaleur de la bouche avec un aspect mentholé puis anisé. On remarque également une remonté d’épices dans la bouche.

Le verre vide va rester sur des notes pâtissières et sucrées.

Ces deux dégustations parallèles mettent bien en avant l’impact du terroir, un coté fruité sur le sol humide de la parcelle limoneuse et un coté boisé pâtissier de la parcelle plus minérale du sol argilo calcaire.

S’il fallait faire un choix, je pencherai plus sur le « Mont Poiroux » mais c’est une histoire de goût bien entendu…

Mais une chose est certaine, vivement septembre prochain pour découvrir deux nouvelles parcelles !

Vous trouverez tous les parcellaires soit directement sur le site de la distillerie (https://whiskyrozelieures.com/) ou sur celui de Dugas club expert (https://www.dugasclubexpert.fr)