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Voici notre rendez-vous lorrain 2023 avec la distillerie ROZELIEURES, à l’occasion de la parution des deux nouveaux parcellaires.
Le principe reste inchangé, en septembre, il faut passer à proximité du volcan d’Essey et aller goûter le whisky produit, à partir des 18 parcelles de la famille DUPIC.
En 2021 j’avais gouté pour vous le TIACHAMPS (issu d’une orge cultivée sur un sol argileux), et le LE CLOS DES CHAMPS (issu d’une orge cultivée sur un sol limoneux) à découvrir ici. En 2022, c’était le tour du PARCELLAIRE MONT POIROUX (né sur un sol argilocalcaire) et le BLANCHES TERRES (cultivé sur un sol limoneux) que vous pouvez découvrir ici.
Cette année, deux nouvelles parcelles (sur les 18 disponibles) font leur apparition : LES CHAUFFOURS et LE TERTRE 40 PIEDS.
Et comme vous êtes sage, j’en suis certain, cette année, je vais vous gratifier d’une 3ème dégustation à la marge. En effet, je vais vous faire découvrir le PREMIER whisky BIO de la gamme ROZELIEURES : ORGANIC COLLECTION.
Mais nous y reviendrons, commençons par les parcellaires.
Un petit rappel du principe des parcellaires s’impose pour ceux qui n’auraient pas lu mes deux premières dégustations.
Dans la famille DUPIC, l’à-peu-près n’a pas de place et on maitrise le processus de la fabrication de ses distillats de la graine à la goutte. Aussi chez ROZELIEURES on plante, on récolte, on fait germer, on malte, on brasse, on distille, on vieilli et on goutte (aussi bien entendu) !
Comme on le sait sans semer d’orge pas de whisky. Comme dans le vin de bourgogne, c’est là que les parcellaires trouvent leurs sources. ROZELIEURES possède 18 champs divisés en parcelles tout autour du village du même nom.
A proximité du très vieux volcan éteint, les parcelles se diversifient par leur sol, d’une part, (limoneux, argilo-calcaire, argileux et même volcaniques), mais également par leur exposition et leur proximité de la rivière Euron qui traverse la région avant de se jeter dans la Moselle et plus tard le Rhin.
Mais attention cette année, l’expérimentation va aller plus loin. En effet, la part belle a été donnée au travail de l’orge et à la période de distillation.
Je m’explique, en 2023, les deux parcelles proposées sont des parcelles Argilos-calcaires situées toutes deux à proximité de la distillerie et le vieillissement et sensiblement le même (en fut neuf et en fut de Cognac).
Pour autant nous allons retrouver deux orges différentes, semées et ramassées à la même période mais l’une va être tourbée (6 ppm) et brassée rapidement alors que l’autre aura un « traitement » (non tourbé) plus conventionnel avec une période d’attente un peu plus longue.
Surtout, je l’ai dit un peu plus haut, mais nous avons ici, le premier parcellaire légèrement tourbé.
Le premier parcellaire millésime 2023 est donc issu d’une orge (Lauréate) cultivée en 2019 sur un terrain argilo-calcaire (la parcelle Les Chauffours comme son nom l’indique) située au nord de la distillerie en lisière de la forêt de Rethimont.
Il s’agit comme souvent avec Les parcellaires d’un whisky d’à peine 3 ans vieilli en fûts de chêne français neuf dans un premier temps puis en fût de cognac dans un second.
Cette année, à l’instar de l’étiquette, où Rozelieures a joué la différence (une est noir, l’autre blanche), on peut clairement noter une différence de couleur des distillats.
Celui de la parcelle Les Chauffours est d’une couleur or très claire. Certes, il est resté un peu moins de temps dans le fut que le second (mais à peine quelques mois) mais on peut néanmoins imaginer que le temps de passage dans chacun de fûts est différent.
Au nez, dès la première approche on découvre des notes fraiches d’agrumes très légèrement citronnées qui s’évaporent ensuite pour laisser la part belle à une poire.
Le second passage sera lui sur des notes très légèrement épicées (une pointe de poivre) mais surtout encore fruité de pêche blanche bien mure.
Le troisième passage va lui être sur un mélange de notes fraiches minérales et boisées légères sur un fond d’orge.
En bouche, il est assez sucré en entrée de bouche. Il montre ensuite sa jeunesse avec des notes plus tendues, avant de passer sur des notes plus épicées et boisées. Ensuite, avec l’atténuation des épices, la tension de jeunesse fait son retour et apporte avec elle des notes fraiches de réglisse. En le gardant en bouche on a le ressenti velours du fut de cognac. Il est globalement très doux.
A la descente, il révèle des notes boisées de réglisse (avec des pics mentholées) et laisse la bouche dans le velours.
Le verre vide garde un mélange de notes boisées et d’orge.
Ah, comme vous le savez si vous le suivez, quand on s’appelle PEATDREAM, c’est qu’on a une appétence pour les whiskies tourbés. Alors quand on nous annonce un parcellaires légèrement tourbé il nous tarde !
Aussi, c’est avec grand intérêt qu’on veut découvrir le LE TERTRE 40 PIEDS et ses 6 ppm.
Alors pour cette parcelle argilo-calcaire, elle aussi, située juste à côté de la précédente, il a été choisi de cultiver au printemps 2019 de l’orge Prospect.
Ensuite, à l’aube de l’année 2020, il a été décidé de malter l’orge et d’intégrer de la fumée de tourbe écossaise (en France les tourbières étant protégées).
Pour finir le distillat devenu tourbé a été versé, comme pour le second Parcellaire de l’année, dans des fûts de chênes neufs français puis en ex- fûts de cognac avec une durée peut-être légèrement plus longue que ce dernier ce qui lui donne une couleur plus or foncée – cuivrée.
Au nez, au premier passage, il va être assez chaleureux avec des notes de fruits blancs bien murs et une pointe de poivre et ne va pas dévoiler ses volutes tourbées.
Au second passage alors que la part belle est laissée à des notes boisées et encore sucrées, on sent bien qu’en arrière-plan la tourbe attend son tour et essaye de passer devant.
C’est au troisième passage du nez qu’on la découvre douce et très discrète et vite gommée par des épices qui reprennent le dessus.
Si vous souhaiter la révéler, je vous conseille de glisser quelques gouttes dans la paume de votre main et de frotter. Vous n’aurez pas de doute sur sa présence.
En entrée de bouche, il est dense, très doux et même sucré au début. Ensuite, il va révéler des notes légèrement boisées mais surtout la douceur de la vanille et de la poire. Le ressenti tourbe va plus être sur une certaine fraicheur qui vient par la suite et avec des notes de réglisse. Il va finir sa course en s’apaisant au palais mais en laissant trainer quelques piques épicées sur la langue.
Quand on l’avale, il devient frais et laisse un long moment des notes boisées. On ressent ensuite un fonds de tabac froid.
Le verre vide va lui garder quelques volutes de tourbe et des notes sucrées.
Nous avons ici affaire à une tourbe très douce et sage, mais surtout une différence assez marquée entre les deux distillats parcellaires de l’année.
Bon vous avez été sage, aussi, comme promis voici la dégustation du premier whisky Bio de la maison ROZELIEURES : ORGANIC COLLECTION
Et oui même si la distillerie est une des pionnières du whisky en France, elle n’avait pas encore pas encore proposé de whisky « BIO ».
Mais que l’on ne s’y trompe pas, si la famille GRALET- DUPIC produit du whisky depuis l’aube de l’an 2000, cela fait déjà 15 ans qu’elle « raisonne » et intègre l’écologie dans son process de production (notamment au travers de l’utilisation d’énergies vertes et d’autonomie énergétique. Pour cette première cuvée, la distillerie a été très attentive au circuit court avec des étiquettes et des bouteilles produites toutes deux non loin de la distillerie.
Pour son premier whisky « bio », l'équipe a choisi d'utiliser une orge Explorer BIO cultivée au printemps de faire une double maturation de 3 à 4 ans tout d’abord séparée en ex fûts de bourbon et en ex fûts de Cognac, puis réuni pour un finish en ex-fût de bourgogne rouge.
C’est certainement du fait de cette combinaison de fûts que vient la couleur or marquée de sa robe.
C’est en tout cas ce vieillissement qui va donner un premier nez assez gourmand et dense avec des notes chaleureuses des fruits murs des vergers de la distillerie.
Le second passage révèle lui des notes plus boisées et épicées avec un fond de d’amande amère.
Le troisième passage revient sur de la chaleur avec des notes de vanille et des notes plus beurrées douces.
En bouche, il va d’abord sucré, mais vite il révèle une légère tension boisée et des notes épicées. Néanmoins cette légère tension disparait au profit de notes plus douces mais néanmoins encore boisées. Ensuite, en gardant en arrière-plan cette petite tension, il va devenir prendre le gout du caramel juste sorti du feu et laisse passer des notes plus poirées habituelles de la maison.
A la descente, il laisse un long moment en bouche un mélange de notes de cachou adoucies par des notes de chocolat au lait.
Le verre vide laisse trainer des épices et de la céréale.
Une nouvelle fois ces trois dégustations montre la large palette aromatique de la distillerie ROZELIEURES. Il me tarde déjà de vous parler de son nouveau brut de fût vieilli en fût de Moscatel. Mais ce sera pour une prochaine fois.
En attendant si vous souhaitez goûter ces doux breuvages, vous trouverez avec les autres parcellaires soit directement sur le site de la distillerie (https://whiskyrozelieures.com/) ou sur celui de Dugas club expert (https://www.dugasclubexpert.fr). Et mon petit doigt me dis que si vous les avez loupé au salon Dugas du mois de septembre vous pourriez bien les découvrir au prochain Whisky live de Paris (et les différents salon de province).