Tous juste reparti de Bourgogne, et avant de retourner du côté des iles écossaises dans mon fidèle BRAD PEAT, je vous l’avais promis, je voulais aller faire un petit tour dans les terres qui m’ont vu grandir.
Le Pays D’Oc dans le sud de la France.
Après un passage nostalgique à Montauban, je décide de prendre les routes « touristiques » comme on dit et pars en direction du Nord Est en suivant le cours de l’Aveyron. Je passe à Bioule (« capitale mondiale de la quine »), Saint Antonin Noble Val (qui a vu mes premières gamelles en canoé) et Saint-Martin-Laguépie (où j’ai enfant joué à l’explorateur en cherchant mes premiers fossiles). Que de souvenirs. De là je quitte le lit l’Aveyron et je prends vers le sud direct Albi. Je passe à Cordes et surtout approche de Villeneuve sur Vère destination de mon voyage. Pourquoi ? Et bien tout simplement parce qu’en Occitan Villeneuve se dit VILANOVA ! Cela ne vous dit rien ?
Aujourd’hui nous sommes dans le Tarn à la distillerie CASTAN pour découvrir le whisky VILANOVA.
Nous sommes en été, et en été, au pays d’OC, il fait chaud. Quand je sors de mon combi, juste garé à côté des restes d’un vieil alambic itinérant, je me rends vite compte que je suis bien dans le Tarn. Le vent qui souffle est chaud, très chaud à en faire jaunir une pelouse en 1 jour : le vent d’autan (le vent qui rend fou –NDLR-).
Bref nous voici devant la distillerie CASTAN où nous allons goûter le whisky VILANOVA TERROCITA la version tourbée de la marque (vous savez le petit souci que j’ai de m’appeler PEATDREAM et d’aimer la tourbe…).
La distillerie est toute petite, mais je sais qu’elle fait de grandes choses. Ici on travaille à l’artisanale. Le propriétaire des lieux, Sébastien CASTAN et se femme Céline sont viticulteurs (du Gaillac –NDLR-). Quand on est viticulteur on se doit de connaitre la terre et ce qu’elle peut produire (surtout quand on fait du bio). C’est fort de cette connaissance que le couple a entrepris en 2010 de se lancer dans la culture de l’orge et la fabrication du whisky. Il faut dire qu’il y a de l’antériorité familiale puisque « pépé » et papa étaient bouilleurs de cru itinérant depuis 1929.
C’est d’ailleurs encore dans la vieille guimbarde (un peu rafraichie et modernisée) que le whisky est distillé ici de manière très artisanale. Point d’alambic en forme de poire ou d’oignon en repasse, ici, on utilise l’alambic à fruit (avec 3 des 4 cuves de cuivre et une tour de refroidissement) ce qui permet de produire un distillat plutôt doux et fruité.
De plus le souhait a été fait de produire 100 % tarnais. L’orge vient d’un champ juste à côté, l’eau d’une source naturelle juste en dessous et le tout se fait avec un alambic (ok fabriqué dans la drome mais comme c’était il y a presque 100 ans, il est tarnais maintenant) qui claque et qui siffle. Vous rajoutez à ça des propriétaires qui parlent avec un accent pour le « moinsse » chantant et tout est réuni pour faire du local.
En 2010, un seul distillat était proposé, un pur malt, le BERBIE mais depuis la gamme s’est étendue avec 4 expressions différentiées selon le finish : le GOST (vieilli en fût de chêne américain et fût de vin blanc), le ROJA (vieilli en fût de vin rouge en chêne français), le SEGALA (un rye 100 % seigle local), et donc le TERROCITA (version tourbée) que nous allons goûter. Par ailleurs, et c’est une particularité propre à la distillerie, elle propose des whiskies sortis de l’alambic sans aucun vieillissement (le NEW MAKE). Une gamme de A à Z diffusée uniquement en single cask !
Cette gamme a d'ailleurs été couronée lors du concour général agricole en argent en 2018 et 2020 et en or pour notre dégustation du jour en 2019.
Pour ce qui est de notre dégustation du jour, le TERROCITA, il est produit à partir d’une orge maltée séchées à la tourbe (ok en Belgique mais on peut quand même permettre un petit écart parfois) et il est vieilli pendant 4 ans dans des fûts de chêne français ayant contenu du vin blanc (de Gaillac !??).
Et ça donne quoi alors ?
Déjà ça donne une belle couleur cuivrée et presque ambrée.
Et le ramage est-il aussi beau que le plumage ?
Et bien je dirai qu’il est bien à la hauteur : Quand le nez plonge dans le verre, il va découvrir de belles notes chaudes épicées (presque poivrées si on s’aventure trop longtemps dans le verre). La tourbe va apparaître côté droit de mon nez. Ce whisky s’annonce charnu. De doux arômes de vin (certainement liés au fût de vieillissement) apparaissent lorsque l’on laisse trainer son nez au-dessus du verre. Au second passage on va rester dans le moelleux et la chaleur de notes bourbon (sans les agrumes) et de cuir juste ciré. Au troisième passage, les odeurs vont se révéler plus fruitées et sucrées avec une pointe de raisin bien mur cueillie juste avant d’être desséchées par le vent d’autan.
Mettez une goutte de liquide dans la paume de la main et vous y découvrirez la tourbe dans sa plus belle présence.
En bouche les notes vont rester sur la chaleur. Elles vont être marquées par des allers-retours de tourbe. En effet, l’entrée en bouche s’avère sucrée (mais avec une pointe d’amertume furtive), puis elle va être clairement tourbée. Par la suite la tourbe s’efface pour laisser apparaître des notes boisées et épicées. Puis la tourbe revient sur le devant, avant à nouveau de laisser sa place à des notes d’agrumes plus amères. Elle refait un troisième passage pour la laisser ensuite la part belle à des notes de miel. Des aller-retours de tourbes des plus agréables.
Paradoxalement, une fois avalée, c’est une certaine fraicheur qui va rester quelques temps avec des notes d’anis et même de poivre.
Finissez cette dégustation par le ressenti du verre vide. Les notes présentes seront bien entendues celles de la tourbe, mais également celle d’une grange où l’on a stocké du foin pour l’hiver.
Ah le midi, déjà que c’était déjà un bel endroit si en plus ça devient une terre de whisky comme la Bretagne et l’Alsace (sans aucune restriction de ma part car il se fait du whisky à travers le France entière désormais) où va-t-on (« putaing con » –NDLR-) ?
En plus si ca sent la tourbe ??!!