Tout juste remis de la découverte de la nouvelle distillerie ADRNAMURCHAN, je continue ma route en direction de Kilchoan.
Arrivé au village, je me rends au terminal des ferries entouré d’une eau turquoise que même les caraïbes pourraient envier. Mon fidèle BRADPEAT et moi-même montons à bord du Loch Linnhe pour ½ heure de traversée en direction de l’ile de Mull.
Notre destination du jour, la distillerie TOBERMORY pour goûter le 12 ans d’âge.
L’Arrivée sur le port de la ville de Tobermory n’est qu’un mélange de couleurs. L’eau est bleue turquoise, les montagnes verdoyantes et les maisons du village magnifiquement colorées. Nous sommes bien au bon endroit.
Avant de partir faire un tour plus au sud de l’ile au château de Duart et à l’ouest dans la grotte de Fingal sur l’ile Staffa (tiens tiens ça me rappelle une histoire de dégustation ça ! Cf. Arran Machrie Moor) je vais aller directement au plus près de moi, la distillerie.
En longeant le port et les maisons colorées, j’ai une impression particulière. Le décor et le calme de ce petit port et le fait que le capitaine du ferry m’ait parlé des mystérieux galions que gisent au fond de l’eau quelque part autour de l’ile, me projettent dans le passé à la recherche d’un whisky sur l’Ile de Todday (comme dans le film « Whisky galore » –NDLR-).
Mais ici point de pénurie (en tout cas elle n’a duré que deux ans le temps de refaire une beauté à la seule distillerie de l’ile).
J’arrive rapidement devant la distillerie qui se trouve au bout du village sur le bord de la mer. Les travaux qui ont durés deux ans n’ont pas fondamentalement modifiés l’apparence de la distillerie (ni d’ailleurs sa capacité de production) mais ont eu pour but de la rajeunir et de la moderniser.
Certes aujourd’hui je suis venu pour le TOBERMORY 12 ans mais face à la grille de la distillerie, mon cœur bat la chamade car avant de s’appeler Tobermory, le village où je me trouve aujourd’hui s’appelait ….. Ledaig (« letchac » pour la prononciation) ! et si vous me suivez depuis quelques temps vous devez connaitre mon niveau d’appréciation de ce distillat (voir les dégustations les LEDAIG 10 ans, LEDAIG 12 ans, LEDAIG 18 ans batch 2 et LEDAIG 21 ans Manzanilla…tout une histoire d’amour entre lui et moi !).
Mais revenons sur Mull, aujourd’hui nous ne gouterons pas de tourbe (ici produite à partir d’un malt provenant de Port Elen d’ailleurs –une autre histoire encore…) mais pour un whisky des plus classique mais pour autant pas le moins mauvais.
La production du whisky non tourbé du puit de Marie (« Tobar Mhoire » en gaélique, cela ne vous dit rien ?) est depuis 2019 (et la reprise de la production) proposé sous une seule forme en officiel : 12 ans d’âge et à un seul titre 46,3 % (qui est selon la légende le titre où il s’exprime le mieux). Chez Tobermory, le principe est clair, rien ne sert de produire 50 distillats différents (même si quelques fûts et finishs manzanilla montrent parfois le bout de leur nez), autant limiter la gamme mais en le faisant bien !
Peut-être une manière pour la distillerie de marquer dans le verre les deux années de fermeture (en effet dans son ancienne configuration seule le 10 ans était proposé).
Sans chichi ni effet de manche, la production (non tourbée) issue des 4 alambics (2 wash backs, et 2 mash tuns très hauts et en forme de col de cygne) est vieillie en fût de bourbon et lui procure malgré tout une belle couleur ambrée dorée. Aussi, sa spécificité d’être un whisky doux, fruité mais néanmoins maritime tient de la position côtière de la distillerie.
Qu’en est-il vraiment ?
Déjà ce distillat est annoncé comme non tourbé, mais je vous propose d’en glisser un goute dans votre main et vous verrez qu’il cela n’est pas complètement le cas. Vous allez sentir une très légère odeur de tourbe mais très sucrée. On peut se laisser aller à imaginer que les dieux de la tourbe, s’attardent dans le col de cygne une fois la production du Ledaig terminée.
En revanche dans le verre, aucune note de tourbe. Quand le nez plonge progressivement dans le verre, il va découvrir de larges notes fruitées, puis des notes légèrement soufrées et enfin, une fois complètement à l’intérieur une explosion de fruit bien murs. On pourra peut-être noter la fraicheur maritime matinale du port de Tobermory.
Mais comme le soleil est toujours présent sur l’ile de Mull, au second passage la chaleur du distillat fait son apparition avec une pointe boisée et surtout des arômes fruités d’oranges bien mures plus présents.
Le troisième passage va s’amplifier encore avec des odeurs de vanille mais également de poivre.
Ce whisky est comme un cheval de Troie. Il entre en bouche en douceur sans aucune agressivité (les 46,3 % sont effectivement au top). Ensuite une première salve d’agrume fait son apparition avec un gout d’orange accompagné d’une pointe de citron. Un premier soldat s’échappe du cheval et vient planter un petit clou de girofle sur le côté de la langue.
Ensuite, c’est un déferlement de douceur et de chaleur, les soldats sortent du cheval mais eux balancent des fudges partout dans la bouche. Arrive ainsi la douce chaleur de la vanille, du miel, du caramel ! Un doux bonbon. Mais c’est sans compter sur les derniers soldats qui eux sortent du cheval en jetant de larges poignées de poivre qui s’éparpille sur le palais et viennent sonner le glas de la dégustation.
Une fois la troupe Hébridéenne passée, elle laisse assez longtemps sa trace avec un pointe d’âpreté sur la langue mais surtout une belle note de vanille dans la gorge.
Une seule référence mais on peut le dire l’équipe de l’ile de Mull n’a pas à en rougir !
Il est l’heure pour moi de continuer vers le sud de l’ile. Je vais en profiter pour aller faire un tour du côté du Lochbuie stone circle pour voir si je ne vois pas Bran le chien de Fingal (comme sur l’ile d’Arran où se trouve le cercle de pierre et où est également jadis passé le géant –NDLR-) avant de reprendre la route vars de nouvelles aventures de dégustation.