Et voilà il a recommencé !! L’homme qui parle au barriques en chêne a remis le couvert.
Il y a quelques années, il nous avait déjà régalé avec sa WOOD FINISH RANGE (dont je vous avait proposé un comparatif entre les deux Rye finish -9 ans Rye et 8 ans Koval Rye Quarter cask- ici) avec des vieillissements en Rye, Moscatel, Porto, et PX.
L’année d’après, il avait récidivé avec sa VIRGIN OAK SERIES avec des finishs dans des fûts en chêne chinquapin (venant du Missouri), chêne espagnol de Galicie ou encore chêne Français d’Occitanie.
Alors vous pensez bien, qu’à peine sorti de cette dernière région whiskycole (Voir ici mon dernier article sur le développement de cette région française), mon sang de fan de single malt (et de GLENALLACHIE –mais chut-), n’a fait qu’un tour à l’annonce de la récidive de BILLY WALKER.
Cet amoureux du bois s’attaque désormais au finish en ex-fûts de vin avec sa gamme WINE CASK SERIES. Et là dilemme, comment choisir entre les trois finishs ?? Impossible, aussi, je vais vous proposer une présentation et une dégustation des trois : 11 ANS GRATTAMACCO WINE CASK FINISH, 12 ANS SAUTERNES WINE CASK FINISH et 13 ANS RIOJA WINE CASK FINISH.
Pour éviter toute confusion et toute présélection je vais les analyser classés par âge !
Comme on le sait, les fûts ayant contenus du vin donnent des saveurs supplémentaires aux whiskies mais ils sont à manier avec précaution. Vous mettez un whisky trop jeune dans un ancien fût de vin et il va trop se charger en tanin (à vous en faire tomber la langue). Vous mettez un vieux whisky trop longtemps dans un autre fût de vin et tout le travail de longues années de vieillissement peut être réduit à néant. Bref, il faut maîtriser ! Et là je crois bien (sans me faire l’avocat du diable) que ce diable de BILLY maitrise !
Alors sensible à l’impact des fûts de vin, il a pris une nouvelle fois son bâton de pèlerin du quaich et il a parcouru le sud de l’Europe à la recherche des fûts idéaux et originaux, en France, en Espagne en Italie. L’idée en tête : faire vieillir ses distillats deux ans dans chacun des fûts glanés (et je suis certain qu’il n’en a pas ramené que 3, on verra bien dans l’avenir). Là où il a excellé c’est de ressentir l’âge auquel son whisky se marierai idéalement avec le fût ! Et là je crois que seul BILLY WAKER sait le faire !
Commençons donc par le 11 ANS GRATTAMACCO WINE CASK FINISH. On est donc sur un distillat du Speyside qui a passé 9 ans en fûts de bourbon et fini en vin de GRATTAMACCO Toscan (pendant 2 ans donc !).
Déjà un petit point sur ce crû italien. Le vin qui se trouvait dans le fût provient d’un vignoble qui se trouve en Toscane à l’ouest de l’Italie. Comme cette région, le merlot qui a permis de le réaliser est gorgé de soleil et bien que rouge va être très sucré. Pour avoir un comparatif simple, car les vins de la maison Grattamacco (souvent appelé des « super toscans ») ne sont pas les plus courant (compte tenu de leur prix), on peut se faire une idée (moins bonne mais une idée quand même) sur un vin de Toscanne ou un Quianti !
Une première chose assez frappante avec ce distillat, c’est sa couleur rosée presque rubis. J’avoue clairement que c’est une première fois que je vois une telle couleur. On mettrait le distillat dans un verre et sans le sentir bien évidement on pourrait croire à un vin rosé.
Alors qu’en est-il ?
Quand on approche le nez du verre, on sent que ce whisky va être très sucré. On peut néanmoins déjà détecter quelques agrumes.
Quand le nez rentre dans le verre, le coté fruits blancs est bien présent, mais comme atténué par un coté mielleux qui lui donne une ressenti pâtissier. On peut déjà y détecter quelques épices mais sans agression.
Au second passage, le coté fruité va disparaitre un temps pour laisser plus de place à une marmelade d’orange.
Au troisième passage on peut détecter un coté boisé s’approchant d’une odeur de noix fraiche.
Quand il entre en bouche de suite on fait face à une attaque d’épices sur la langue. Néanmoins, ils s’accompagnent d’un goût de fruits rouges presque de fraise. Par la suite on va trouver de la vanille, mais également une pointe d’amertume apportée par le fût de vin. Comme souvent avec un finish en fût de vin on va ressentir un peu de sècheresse en bouche. Mais au final, le coté mielleux pâtissier avec des restes d’épices revient et fait plus penser à un GLENALLACHIE bourbon cask « normal ». Il conserve néanmoins une pointe boisée plus marquée.
La finale est comme va être assez longue sur des notes vineuses et fraiche. Le gout fut de vin bien en bouche et on garde dans la gorge la sensation d’un bâton de réglisse.
Direction cette fois-ci le sud-ouest de la France sur la rive droite de la Garonne entre Toulouse et Bordeaux (région Nouvelle Aquitaine grosse productrice de vin bien évidement mais aussi de whisky française -voir ici un article lui étant entièrement dédié).
Du soleil il y en a aussi ici mais aussi un peu de pluie et un sol gorgé d’alluvions qui permet aux vignes de s’épanouir et de donner un raisin sauvignon gorgé de sucre. Et afin de le laisser se gorger encore plus de sucre et de déposer ses arômes sur les barriques le raisin est ramassé pourri (je vous rassure on pare ici de pouriture noble).
Le fait est que le vin quasi liquoreux tapisse un certain temps le bois des fûts que Billy Walker a choisi pour faire vieillir deux ans son distillat GLENALLACHIE de 10 ans vieilli en fût de Bourbon. Ce vieillissement lui a donné une couleur jaune dorée.
Plus discret à l’approche du nez. Il va être beaucoup plus doux que le 11 ans.
Le nez plongé dans le verre va être sur la douceur d’un ananas bien gorgé de sucre et la vanille contrebalancé par une pointe d’épice poivrée qui va rester au trois passage. On ressent néanmoins une certaine fraicheur.
Au second passage, le poivre est toujours là mais les odeurs sont moins sucrées, plus suaves. On a un apport de vanille supplémentaire qui amène au caramel. Le verre se rempli de fudge.
Au troisième passage, le nez qui se souvient du léger rafraichissement du second passage va au début plus détecter des oranges mais paradoxalement l’arôme virer au raisin trop mure (peut-être ici l’apport de la pourriture noble du Sauternes –mais bon l’esprit ne vagabonde-t-il pas quand il a eu l’annonce).
Quoi qu’il en soit l’alcool, dont le titre est le même pour les 3 distillats (48 % d'alcool / vol) semble moins forte.
En bouche il est tout d’abord très sucré sur un fruit très mure (un melon). Il est également boisé mais surtout épicé. Alcool beaucoup plus présent en entrée. Le poivre annoncé au nez est bien présent. On ressent plus l’impact d’un fût de vin avec un arome boisé présent (il sent le vin blanc). Passe au miel onctueux ensuite mais en gardant bien en tête le poivre.
La finale est plus longue que ce à quoi on s’attend au début. De suite elle s’estompe mais au bous de quelques secondes elle revient sur le tanin et une légère âpreté du fût. Pour autant un souvenir sucré et chaud flotte dans la gorge.
Dans le verre vide, le poivre s’est accroché. On retrouve l’odeur d’un verre de Sauternes mais dans lequel un rigolo aurait glissé du poivre. Une fois atténué il va être plus proche d’une odeur d’agrume.
Pour le dernier de cette série, Billy Walker est parti plus au sud en Espagne. Juste avant de rencontrer la Mancha et les moulins de Don Quichote, il est arrivé sur les bords de l’Ebre non de Alfaro et allé faire un tour dans les caves des alentours de Logroño. Là il a déniché des fûts de fruité Rioja rouge (souvent produit avec à partir d’un cépage Tempranillo).
Son objectif étant de donner à son whisky un fruité supplémentaire. Pour ce faire, il a gardé la même méthode que pour les 2 précédents (2 ans de vieillissement supplémentaire) mais sur une base de distillat de 11 ans cette fois-ci !
Résultat visuel, un whisky dont la couleur tend à se rapprocher de celle du GRATTAMACCO mais avec des reflets plus bronze.
Quand est-il à la dégustation ?
L’approche du nez se fait en douceur. Elle va s’apparenter à une confiture de mure posée sur un gâteau à la vanille.
Quand le nez plonge dans le verre il garde l’odeur de la confiture de fruit rouge mais cette fois-ci juste sortie du chaudron car encore chaude. Au bout d’un moment une pointe d’épice surgit mais moins vite que dans les deux autres.
Plus présente au second passage les épices arrivent au-devant et rendent l’odeur plus boisé (bien qu’encore chaude).
Le troisième va être plus marquée par le sucre du raisin qui a jadis habité le fût mais à la fin notre gâteau à la vanille fait son retour.
Un temps l'entrée en bouche se fait sur un gout de vanille, mais très vite le gout des fruits rouges et le ressenti du fût de vin rioja le remplace. Les épices sont encore présents mais restent moins longtemps en bouche. Il va ensuite aller un peu plus sur le tanin, le raisin et l’âpreté du fut.
Le tout s’arrondi ensuite (même si une pointe d’âpreté reste tapis dans un coin) et se rendre mielleux et moelleux.
La finale va être marquée par le fût de vin. On ressentirait la finale d’un rosé d’été (version whisky je vous rassure) s’assimilant à un pamplemousse mure.
Avec ces 3 distillats, une fois encore l'exercice périlleux semble avoir été réussi par BILLY WALKER (qui en aurait douté). Néanmoins, avec une grosse présence d'épices (à mon goût) il prouve que ce n'était pas gagné de suite et qu'il faut une sacrée expérience et une certaine connaissance des fûts pour le réussir. C'est d'ailleurs cette expérience qu'il diffuse assez largement lors des dégustations en ligne (comme il a pu le faire hier soir d'ailleurs). Si vous avez l'occasion je vous conseille d'y jeter un oeil !