BENROMACH PEAT SMOKE SHERRY CASK 59,9°

 

Nous allons partir aujourd’hui dans le nord du Speyside dans une des plus petites distilleries de la région : BENROMACH.

 

Il s’agit de la plus petite mais aussi certainement de la plus artisanale du coin. On peut clairement dire qu’autant les flacons de la marque reflètent de la modernité autant les procédés de fabrication restent les même depuis la création de la distillerie en 1898 (avec au passage une vie pleine de tumulte avec des ouvertures et des fermetures successives avant le rachat par Gordon & Mcphail en 1993 –NDLR-).

 

Dans la distillerie tout est fait main et reflète le calme et le temps qui s’écoule doucement. A l’image des milliers d’années qui ont été nécessaires à faire jaillir de la source Chapelton dans les collines de Romach l’eau et à concevoir la tourbe utilisée, pour tremper et sécher l’orge, tout est manuel (trempage plus long, distillation lente, finition dans des fûts récents…).

 

Résultat des liquides fins aux notes fruitées et légèrement chocolatées. Celui que nous allons goûter ici est un tirage limité à 600 bouteilles. Il s'agit du PEAT SMOKE connu de la marque mais avec une finition Sherry (de chez  Williams et Humbert un des plus gros producteur espagnol –NDLR-).

Pour les 8 ans de vieillissement Keith Cruickshank, le chef distillateur, a ici utilisé de fûts Hogsheads conçus à partir de douelles de sherry ce qui là encore donne une belle subtilité.

 

Mais que l’on ne s’y trompe pas, subtilité ne veut pas dire douceur, ça ici il s’agit d’un brut de fût qui titre à 59,9 ° !

 

 

Pour faire honneur à la distillation artisanale, je vous propose de verser le liquide dans le verre et de le laisser dans un coin pour qu’il s’ouvre doucement. Il a mis du temps à être fabriqué il mettra du temps à être bu. Laissez travailler et vagabonder votre esprit à la vue de ce liquide ambré foncé. Il va s’ouvrir et se préparer à recevoir ce whisky tout en puissance.

 

Vous ne tenez plus ? préparez psychologiquement dans le verre. Ne le plongez peut-être pas trop au fonds dans un premier temps ou alors avec une petite respirations (je vous rappelle 59,9 °).  

 

Ce whisky est annoncé comme très tourbé mais je n’ai pas trouvé les arômes de fumés très présents. Peut-être étaient-ils masqués par la force du sherry. Les arômes de fruits rouges et de raisins secs sont en revanche bien là ! Ce whisky est bien fini dans un fût (ou des morceaux en tout cas vu qu’il s’agit d’un hogshead –NDLR-) de sherry.  

 

Au second passage ce sont des arômes d’orange qui arrivent en premier avant de laisser surgir enfin des notes fumées et chocolatées. Mais qu’on ne s’y trompe pas, une goutte frottée dans la pomme de la main nous rappelle rapidement l’inscription sur la bouteille « Peat smoke ».

 

Comme si Keith Cruickshank nous donnait son feu vert, il faut maintenant le goûter.

 

 

En bouche c’est l’explosion : certes votre nez avait dit à vos papilles : « attention y a des chevaux » mais l’effet est quand même là. Les notes de prunes et de fruits confits sont violentes dans un premier temps mais s’adoucissent ensuite dans le palais (brulé !) pour se transformer en goûts de fruits blancs et de vanille. Si vous avez le courage de pousser à la fin des 10 secondes règlementaires (distillation en 2008 et embouteillage en 2018) vous pourrez même enfin voir venir la fumée de tourbe (mais il faut du courage !).

 

Pour faire durer encore le plaisir je ne saurai vous conseiller, une fois que vous l’aurez goûté brut, de rajouter un goutte d’eau (notamment pour calmer le feu allumé dans le verre par le sherry et dans votre nez par l’alcool). Des agrumes, de la vanille et un peu plus marqué la tourbe.

 

C’est d’ailleurs avec un peu d’eau (et de fait un peu moins de puissance) que vous pourrez apprécier au mieux les subtils arômes d’un sherry tourbé !

 

Au final, une fois passé la dégustation c’est bien l’indication inscrite sur la bouteille qui gagne. En effet, sur la longueur se sont bien les notes de tourbes qui restent en bouche et d’ailleurs aussi dans le verre.

 

 

A moins que vous ne l’ayez déjà re-rempli !